Analyse de la peinture Le chauchemar de Johann Heinrich Füssli
Compte Rendu : Analyse de la peinture Le chauchemar de Johann Heinrich Füssli. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lilopopo • 31 Mai 2015 • 648 Mots (3 Pages) • 2 325 Vues
J-H.FÜSSLI, "Le cauchemar", 1791, Frankfort, Goethemuseum.
Dix ans après avoir connu le succès avec la première version du "Cauchemar", le peintre allemand Johann-Heinrich Füssli livre en 1791, une version quasi-psychanalytique de ce thème, à l'aube d'un romantisme qui se penche de nouveau sur le phénomène des rêves.
La toute première version du "Cauchemar", peinte en 1781 (ci-dessous) fit sensation, au point que Fûssli en livra ensuite plusieurs déclinaisons dont celle de 1791 est la plus réussie.
J-H.Füssli, Le cauchemar, première version, 1781, Detroit, Art Institute
Füssli concentre à la fois son sujet et la composition afin de lui donner une plus grande force de suggestion, le rétrécissement de l'espace rendant la scène encore plus anxiogène que dans la version peinte dix ans plus tôt, où le corps et les draperies du lit se déroulent dans de belles courbes horizontales dignes d'une odalisque orientale alanguie.
Ici, rien de tel. La jeune femme est montrée, littéralement révulsée, dessinant une série de lignes brisées, visuellement plus dynamiques que la composition horizontale néo-classique de 1781.
Le parti-pris général reste le même, l'espace du cauchemar se confondant avec celui de la chambre, d'où le surgissement d'éléments fantastiques venant envahir cet espace pourtant intime. De cette confrontation entre la réalité de la chambre et l'irréel de ces éléments cauchemardesques naît le malaise - voulu - que l'on peut ressentir devant cette image, malaise que les peintres surréalistes reprendront comme procédé de base de leurs oeuvres.
Mais là où Füssli se montre visionnaire, c'est dans la description quasi-psychanalytique de son thème.
- La rêveuse qui cauchemarde est une jeune fille, forcément vierge car toute de blanc vêtue, mais hystérique, si l'on en croit la pose outrancière que le peintre lui fait prendre pour signifier la terreur qu'elle ressent à la vision, pourtant toute virtuelle, des éléments de son cauchemar. Nous sommes encore à une époque sexiste où l'on attribue volontiers la raison au sexe masculin et la passion, et donc le dérèglement des passions, au beau sexe. Le mot "hystérie", employé alors pour désigner toutes sortes de pathologies mentales, ne vient-il pas d'un terme grec signifiant "utérus" ? Le choix est révélateur des mentalités du temps.
- La présence d'une petite aiguière posée sur la coiffeuse, derrière le lit, revoie aussi à la symbolique de la pureté. C'est un élément iconographique existant depuis le Moyen-Âge, dans les tableaux représentant l'Annonciation à la Vierge Marie.
- La pose révulsée de la jeune fille est quelque peu ambigüe, entre terreur et plaisir. De là à y voir une métaphore de l'orgasme, il n'y a qu'un pas que bien des exégètes ont d'emblée franchi.
- Füssli dispose sous le lit des pièces d'étoffes (chaussons ?) rouges symbolisant le sang.
- On retrouve le gnome, sorte d'hybride de singe et de
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