Étude du tableau Der Krieg (la guerre) d'Otto Dix

Sur « Der Krieg » d’Otto Dix

1) Otto Dix empreinte à l’art ancien le support nommé Triptyque, tableau en trois parties jointes, qui était utilisé au Moyen-Âge à des fins religieuses. Il applique également la technique de la tempera sur bois, autrefois employée.

2) On peut parler d’une parodie de Triptyque religieux car la structure en est copiée mais le contenu est différent. En effet, là où se tiendrait normalement une présence divine (dans la partie supérieure du panneau central) on peut retrouver un cadavre déchiqueté attaché à une poutre métallique. Otto Dix a présenté les procédés spécifiques au triptyque religieux mais ses tableaux sont eux évocateurs du chaos, de la déshumanisation des soldats.

3) Le tableau de gauche nous laisse apercevoir des soldats équipés de dos en route vers le front. Il cherche à inviter le spectateur à s’impliquer davantage dans l’œuvre et plus simplement dans la guerre présente. Le panneau central présente l’horreur de la guerre, on y observe des masses de cadavres abimés montrant les atrocités de leurs conditions de vie. Le tableau contient trois personnages, un combattant méconnaissable équipé d’un casque et d’un masque à gaz visant à montrer la déshumanisation durant cette guerre, un cadavre suspendu évoquant la souffrance et la mort prochaine et enfin un corps criblé de balles. Ce dernier révèle la cruauté et la violence dont a été faite la guerre. Enfin, on voit par derrière que le décor n’est pas non plus épargné, le désert et le chaos y règne et aucune trace de vie n’est visible. Le panneau de droite lui est constitué d’une scène de fraternité montrant deux soldats qui s’entraident et un autre au sol. Le soldat qui vient au secours à son camarade est en fait un autoportrait de l’auteur. Il est le seul à faire face au public et est dénué de l’équipement militaire. Pour finir, la prédelle nous montre la fosse des cadavres, seul endroit de stabilité du tableau qui évoque le repos soudain des combattants. Otto Dix a voulu montrer l’horreur de la guerre, la fraternité et enfin le calme des guerriers trépassés.

4) L’auteur n’utilise pas la perspective dans son œuvre afin de faire manifester encore plus le désordre et l’instabilité. Ainsi, il augmente le ressenti chaotique du spectateur pour insister sur l’horreur de cette guerre. Seule la prédelle contraste considérablement avec le reste du tableau, constituée de planches régulières qui prouve la tranquillité et le calme du repos éternel.

5) Le triptyque a été réalisé à l’ aide de couleurs tristes et en faible quantité. On peut en compter quelques différentes : « Des bruns, des noirs, des marrons, des ocres, des oranges pâles, des gris, du blanc. ». Ainsi, l’usage de couleurs sombres et lugubre permet de renforcer l’idée de l’œuvre, la cruauté dramatique de la guerre. Otto Dix met tout en œuvre afin de sensibiliser le spectateur et montrer la destruction, la mort et la désolation. L’aspect macabre y contribue également.

6) On peut qualifier d’engagée l’œuvre Der Krieg car elle présente véritablement un engagement de l’auteur, presque un acte politique contre la guerre. Il a réussi à créer une œuvre d’une forte et rare intensité dans lequel il présente sa révolte

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