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Le théatre de la cruauté - Antonin Artaud

Fiche : Le théatre de la cruauté - Antonin Artaud. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2016  •  Fiche  •  1 327 Mots (6 Pages)  •  2 994 Vues

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Option théâtre Exposé

Le théâtre de la cruauté

Le théâtre de la cruauté est une forme de mise en scène théorisée par Antonin Artaud, son créateur, dans l'œuvre Le Théâtre et son double, publiée en 1964.

C'est grâce à l'analyse et l'explication d'une série de citations extraites de cet ouvrage qu'on peut tenter de comprendre en quoi consiste le théâtre de la cruauté.

→ L'image de la peste.

Le pestiféré et la peste représentent un réseau métaphorique très utilisé par Artaud dans Le Théâtre et son double pour permettre à son lecteur de comprendre ses théories. Il commence d'ailleurs son œuvre par une sorte de liste des évènements lié à la peste dans l'histoire de France, avec notamment ses principaux foyers selon les époques. Puis, il décrit avec une précision quasimorbide les symptômes de la maladie, depuis les premières rougeurs jusqu'à la raideur cadavérique finale. Ainsi, il parvient à établir plusieurs parallèles entre l'épidémie et le théâtre, grâce auxquelles il exprime la notion de théâtre de cruauté.

Tout d'abord on voit naître une première parallèle dans l'étude que fait Artaud de la peste et de l'altération qu'elle produit sur le malade : sans ne toucher directement, d'abord, aucun organe, elle a plusieurs répercussions sur le corps et surtout sur celui qui voit le pestiféré : Artaud remarque que l'acteur, lui, est comme le pestiféré : son corps n'est pas touché, mais il impressionne ceux qui le voient. Il devrait en être de même pour le spectateur, qui devrait lui aussi être fortement atteint sans que pourtant n'apparaisse aucune lésion physique : quittant le domaine du matériel, c'est avant tout la psychologie sur laquelle doit se concentrer Artaud. Il remarque également que comme la peste, le théâtre met certains dans un état second. Lors des catastrophes comme les épidémies, les gestes de chacun sont inutiles et ont la plupart du temps peu d''impact sur la réalité, chacun profite de la situation pour s'abandonner à des folies que la société empêche en temps normal. C'est ainsi que doit se comporter l'acteur selon Artaud : sortant de la réalité, il doit proposer au spectateur une visite intérieure de ses propres illusions, de ses propres désirs : « le théâtre ne pourra redevenir lui-même, c'est à dire constituer un moyen d'illusion vraie, qu'en fournissant au spectateur des précipités véridiques de rêves, à son goût du crime, ses obsessions érotiques, sa sauvagerie, ses chimères, son sens utopique de la vie et des choses, son cannibalisme même, se débondent », écrit Antonin Artaud. L'oxymore  d'« illusion vraie » trouve un sens bien particulier chez Artaud. En montrant au spectateur des choses qui ne sont pas réelles, qui ne semblent pas utiles à la société et n'ont en apparence aucun impact sur la réalité, le théâtre de la cruauté lui permet de s'évader de la réalité pour faire face à ce qu'il cache dans la société : « le théâtre est un mal parce qu'il est l'équilibre suprême qui ne s'acquiert pas sans destruction. Il invite l'esprit à un délire qui exalte ses énergies, et l'on peut voir pour finir que du point de vue humain, l'action du théâtre comme celle de la peste est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber les masques, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie ».

C'est ainsi qu'on aboutit à une autre parallèle avec la peste : le théâtre, lui aussi, doit provoquer une sorte de contagion. Contagion de sensibilité avant tout. Le théâtre doit éveiller chez le spectateur une sensibilité nouvelle en le mettant face à la réalité la plus crue : ses vices, son inconscient … Grâce à des symboles, des exubérances, des situations dignes de rêves ou de cauchemars, le spectateur doit, selon Artaud, entrer en transe et se rencontrer lui-même dans sa totalité : « renonçant à l'homme psychologique, au caractère et aux sentiments bien tranchés, c'est à l'homme total, et non à l'homme social, soumis aux lois et déformé par la religion et les préceptes, que le théâtre s'adressera ». Comme la peste, le théâtre d'Artaud attaque l'humain quel qu'il soit, au plus profond de lui : « le théâtre doit remettre en cause le monde objectif et externe, mais aussi le monde interne de l'homme ».

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