Compte rendu pièce de théâtre - TRUST

-TRUST-

Comment les conséquences des crises économiques se font sentir dans les corps et les consciences ? En scrutant frontalement la perte de repères au sein du couple, de la famille mais aussi d'une communauté plus vaste, cette création déploie avec humour et violence une langue d'après le krach.

Comment, alors que le monde est en crise, avoir encore confiance ? Lorsque, autour, tout s'effondre, comment tenir debout ? Comment sortir de l'impasse ? Peut-on s'en sortir ? Et toi et moi dans tout ça ? L'auteur allemand Falk Richter écrit la pièce Trust juste après le Krach banquier et financier de l'automne 2008. Un texte au « flow » nerveux et rythmé, une logorrhée débordante pour dire l'urgence de mettre des mots sur l'état du monde. Des hommes et des femmes, figures à la fois touchantes et grotesques, se débattent, pris au piège de l'économie et des sentiments. Ils rêvent d'un changement qui n'adviendra pas. Alors que les sphères de l'intime et des lois du marché se mélangent, que les transactions, les relations, les flux se font tour à tour amoureux ou financiers, la pensée se met en boucle, la langue patine, les corps s'épuisent... jusqu'au point de rupture, au bord du précipice.

Rachel Ceysson, à la dramaturgie et au jeu, et Thomas Fourneau à la mise en scène, sont les fondateurs de La Paloma, compagnie en longue résidence au Théâtre Joliette. En 2013, Rachel Ceysson découvre Trust à l'occasion d'un travail d'atelier avec les étudiants d'hypokhâgne du Lycée Thiers à Marseille. Thomas Fourneau envisageait par ailleurs de monter un texte de l'auteur allemand. L'évidence du choix de leur nouvelle création s'impose. Ils confient la pièce de Falk Richter à cinq artistes, pour l'occasion à la fois comédiens, danseurs et musiciens, et s'entourent de la chorégraphe Hélène Rocheteau. Musique aux sonorités rock et électroniques en live, chansons d'amour, accompagnent les mots puissants pour dresser le portrait d'un monde et d'une humanité désenchantés.

Cette représentation du texte écrit par Falk Richter est réalisée dans un décor extrêmement simple et épuré. Seuls un carré blanc et quelques objets divers constituent le décor de cette pièce mise en scène par Thomas Fourneau. Le carré blanc au sol fait penser à l’enferment, c’est par ailleurs ce qu’a voulu faire ressentir le metteur en scène. Le décor, mobile tout au long de la pièce, montre des objets du quotidien, notamment le canapé, mis très souvent en mouvement par les acteurs, il est déplacé de tous les côtés, il fait ressentir un certain énervement venant des comédiens, une frustration, un agacement, souvent démantelé et mis à l’envers, on peut penser que c’est un objet défouloir.

En plus d’un décor très épuré et minimaliste, cette pièce ne dispose de presque aucun jeu de lumière. En effet, nous ne retrouvons qu’une simple projection en arrière-plan d’images et vidéos plutôt abstraites. Il y a de temps en temps un changement d’intensité ou de chaleur de la lumière lors de changement d’atmosphère dans la pièce mais le jeu de lumière se résume à cela. Celui-ci est donc quasiment inexistant, ce qui est cependant un très bon choix du metteur en scène car c’est une pièce réaliste, qui dit la vérité et qui, par conséquent, n’a pas besoin de choses superflues.

Le carré blanc représente avant toute chose l’enferment. En effet, Trust est une pièce qui parle de la crise économique, une crise infernale pour laquelle nous sommes tous concernés, dans laquelle nous tournons en rond, nous sommes enfermés. C’est pourquoi les comédiens ne sortent pas de ce carré. Ils y restent coincés, détenus, sans possibilité de sortie, comme dans le circuit infernal qu’est l’économie.

En plus d’une fonction symbolique, le carré possède également une fonction pratique. Effectivement, le metteur en scène ayant des problèmes de vue, distinguant très mal les reliefs, a choisi de mettre un carré de couleur blanche pour scène afin de faire ressortir les reliefs et pouvoir mieux voir les comédiens jouer sur le plateau.

Parmi les divers objets présents sur scène se trouvait une figurine, dépourvu de sa tête, du célèbre super-héros Superman. Ce personnage connus

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