Étude du poème l'Aube d'Arthur Rimbaud
Rapports de Stage : Étude du poème l'Aube d'Arthur Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 3 Février 2014 • 2 015 Mots (9 Pages) • 1 356 Vues
1) Ce poème décrit l'aube : étudiez dans le texte le système d'oppositions qui développe le contraste entre la nuit et le jour.
Le poème s'intitule "Aube". Il décrit le point du jour, c'est à dire le moment du basculement entre la nuit et le jour. D'où la présence de champs lexicaux en opposition de l'ombre et de la lumière, de la mort et de la vie, de l'immobilité et du mouvement.
Ombre et lumière : dans la deuxième strophe, la nuit encore maîtresse du lieu est évoquée par la métaphore militaire des "camps d'ombre" occupant la route du bois. Ligne 6, de "frais et blêmes éclats" de lumière apparaissent timidement sur le sentier. Ligne 8, la cascade est désignée comme un "wasserfall blond"; les sapins ont la "cime argentée" : les deux adjectifs "blond" et "argentés" décrivent les jeux de la lumière dans les parties supérieures du paysage. De même ligne 11, l'aube fuit "parmi les clochers et les dômes" : la lutte d'influence entre le jour et la nuit se dessine d'abord sur les toits de la ville.
Autre champ lexical significatif, celui de l'éveil de la vie : la nuit est comparée à la mort ("l'eau était morte") tandis que les pas du narrateur réveillent "les haleines vives et tièdes" (on remarquera l'opposition morte/vives).
L'opposition entre l'immobilité et le mouvement s'exprime par l'opposition entre les phrase négatives de la deuxième strophe : "Rien ne bougeait encore"; "les camps d'ombre ne quittaient pas la route" et la succession de verbes d'action que déclenche la mise en marche du narrateur : "j'ai marché", "réveillant", "regardèrent", "se levèrent", "me dit", "je ris", "je levai"; "s'échevela"; "en agitant les bras"; "je l'ai dénoncée"; "elle fuyait"; "je la chassais"; "je l'ai entourée"; "tombèrent".
2) Etudiez ce qui, dans cette description, échappe au réalisme et évoque l'univers des contes.
La description du lever du jour ne se fait pas ici de façon réaliste.
La nature est personnifiée : Des termes comme "front", "morte", haleines", "regardèrent" (appliqué aux "pierreries" : pierres du chemin, gouttes de rosée, yeux d'animaux ?) sont tous porteurs d'une dimension humaine. De même et surtout, à partir de la ligne 9, l'assimilation de l'aube à une déesse, au "corps" entouré de "voiles". Tout un champ lexical de l'amour charnel "file" cette métaphore : "j'ai embrassé, je levai un à un les voiles, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps".
Le narrateur, de son côté, semble doté de pouvoirs magiques, comme ceux que nous croyons posséder dans les rêves . C'est le narrateur qui par son action fait lever le jour. C'est sa marche qui réveille la nature endormie dans la strophe 2, il a le don de comprendre le langage des fleurs à la strophe 3 ("entreprise" de qui ? de la fleur ou plutôt du poète prêtant un langage à la fleur comme il donna jadis une couleur aux voyelles, le mot rappelle la pratique raisonnée de l'hallucination qui fait partie du programme du "voyant"), c'est la cascade de son rire qui semble déclencher la dispersion du "wasserfall" (la cascade) à la strophe 4 (valeur successive des passé simples); c'est encore lui qui dévoile la déesse (c'est à dire à la fois qui la dénude et qui l'annonce) "en agitant ses bras", puis en faisant chanter le coq ("je l'ai dénoncée au coq"), c'est lui qui la chasse à travers la ville ("chasser" au sens de poursuivre une proie), provoquant l'extension du jour au détriment de la nuit.
La présence d'un champ lexical de la richesse ou de la magnificence évoque aussi l'univers des contes. Des mots comme : "pierreries, argentée" renvoient au vocabulaire de la joaillerie. Les "quais de marbre", les "clochers", les "dômes", le "front des palais" dressent le décor d'une cité merveilleuse.
Les indications de lieu, enfin, dépassent le cadre d'une description réaliste : L'action semble se dérouler simultanément à la ville et à la campagne; "le front des palais" (l.2) suggère la ville, puis c'est "la route du bois", "le sentier", "le wasserfall" (dont le nom allemand évoque les légendes germaniques, où abondent les cascades, les bois, et leurs bons et mauvais génies), "l'allée", "la plaine", "la grand'ville", et de nouveau "la route, prés d'un bois de lauriers".
Cette ubiquité rappelle l'univers des rêves ou le merveilleux des contes de fées et encourage le lecteur à rechercher des interprétations symboliques.
3) En vous fondant sur la typographie, les articulations temporelles, les phrases d'ouverture et de fermeture, analysez la structure de ce poème en prose : que raconte-t-il selon vous?
Le texte se présente divisé en sept paragraphes séparés par un saut de ligne. Le premier et le dernier se réduisent à une courte phrase (de huit syllabes chacune). La phrase d'ouverture résume l'action principale en la présentant au passé composé comme un passé révolu : "J'ai embrassé l'aube d'été". La phrase de clôture contient la situation finale : le réveil de l'enfant, plusieurs heures après le dénouement de sa course-poursuite avec la déesse de l'Aube. Le découpage en paragraphes correspond à la progression temporelle d'un récit, comme le montre la présence de diverses articulations temporelles : "encore"; "la première entreprise"; "déjà"; "alors"; "midi". Chaque paragraphe intermédiaire correspond à une étape dans l'histoire racontée par le poème.
Le fil directeur de cette histoire, c'est l'extension progressive de la lumière, au petit matin. En effet, malgré le caractère très métaphorique et un peu mystérieux
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