Étude d'un extrait issu de la captation mise en scène par Mouawad de Tous des oiseaux, filmée en 2017

Noémie Colace  TC

 type bac Tous des Oiseaux

L'extrait étudié est issu de la captation mise en scène par Mouawad,de tous des oiseaux, filmée en 2017 au théâtre de la colline.

Wajdi Mouawad aime laisser à réflechir aux spectateurs, les laisser lire à travers les lignes. En un clin d'oeil il peut fluidement transitionner d'une spatio-temporalité à une autre, cet artifice peut par exemple matérialiser les pensées d'un personnage. Il démontre également que tout est possible au théâtre, en faisant se côtoyer le monde des morts avec celui des vivants.

Nous pouvons déduire tout cela rien qu'à partir d'un extrait, en à peine quatre minutes, dans la scène d'exposition de tous des oiseaux, il y a tant à dire et pourtant aucun dialogue. Subtilement, dans un extrait dénué de toute parole, comment Wajdi Mouawad suggère t'il à travers une scénographie, un jeu et une mise en scène pointilleuse au spectateur qu'il est au sein de l'esprit de Wahida ?

Rappelons tout d'abord que l'extrait étudié n'existe pas dans le texte, alors que Wajdi Mouawad met en scène ses propres écrits, ce n'est donc pas annodin, comme aucun détail de cette scène d'exposition que nous allons analyser.

Dans la première partie de l'extrait,  la scène apparait  obsure mais la luminosité augmente peu à peu, jusqu'à laisser apparaitre Wahida assise devant une grande table en bois vernie dont la forme pourrait rappeler les ancienne tables d'autopsie. Wahida est donc le premier personnage que le spectateur voit, donc le premier auquel il peut s'identifier. Ensuite, Wazzan arrive de manière assez fantômatique, sa présence est donc symbolique puisqu'il est mort il y a 500 ans, il représente l'unique lien qu'entretient Wahida avec ses origines arabo-musulmanes. Sa présence est donc uniquement reliée à Wahida et son histoire, ce qui suggère encore une fois que l'on est au sein de son esprit, autrement nous n'auriont pu voir cette apparition aussi. Wazzan s'est converti au christianisme, le rapprochement avec le déni de Wahida envers ses origines est très clair, cependant la thèse qu'elle écrit sur Wazzan évoque que sa convertion était finalement une dissimulation, ce qui peut encore sous-entendre que le choix de Wahida de se dire Américaine et non pas Arabe en est une également, même si cette partie d'elle-même lui est encore inaccessible. Cependant, ces sous-entendus peuvent orienter le spectateur vers la quête interne que va mener Wahida ultérieurement. Lorsque Wazzan donne le livre à Wahida, il pose sa main à plat dessus comme pour comuniquer qu'il existe en cette ouvrage tout ce qu'il reste de lui, une partie de son âme qu'il lui offre, pour qu'elle comprenne et apprenne de lui pour se guider elle-même inconsciemment. Il existe comme une forte cohésion entre ces deux personnages, l'un est pourtant décédé depuis cinq siècle, on ressent leur connexité à travers ce moment à part du monde, où il ne semble exister qu'eux deux, où tout est lent et emplis d'émotion, de regards forts. Après avoir donné le livre, Wazzan recule et se fond dans le décor, mais sa chemise blanche le laisse transparaître encore une fois de manière presque fantômatique, la couleur blanche signifit d'ailleurs la paix, que voudrait apporter Wazzan à Wahida à travers l'héritage qu'il lui offre pour qu'elle se comprenne mieux elle-même, la lumière divine, qu'il peut représenter en tant que guide, qu'exemple inconscient, puis les spectres, qu'il constitue très clairement. Wahida est habillée de rouge, qui peut signifier l'interdit  la révolution et l'amour, qu'elle va sans le vouloir mener en tombant amoureuse d'un juif. Cet première partie de l'extrait ne présente par encore de projection de décor comme par la suite, tout est sombre et pourtant tendre, c'est un moment hors du temps que seule vit Wahida intérieurement, nous le partageons avec elle, ce qui prouve bien que nous sommes dans son esprit.

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