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Plan d'ensemble de construction pour la capitale du Reich

Analyse sectorielle : Plan d'ensemble de construction pour la capitale du Reich. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Mai 2014  •  Analyse sectorielle  •  5 331 Mots (22 Pages)  •  1 150 Vues

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Le nom réel du projet et à ce titre utilisé par ceux qui ont participé à son élaboration était : Gesamtbauplan für die Reichshauptstadt (Plan d'ensemble de construction pour la capitale du Reich).

L'idée de donner à Berlin le nom de Germania apparaît dans un propos de table du 8 juin 1942 relevé par Henry Picker : Hitler souhaitant réunir les peuples germaniques au sein du Reich, il exprima le désir de donner à la capitale et centre de gravité de ce nouvel ensemble germanique le nom de Germania1.

Adolf Hitler était convaincu de l’importance de la culture dans la création d’un empire pérenne. La réalisation de travaux gigantesques aurait aussi inscrit l’Allemagne dans l’histoire. La reconstruction de Berlin faisait partie de sa vision pour le futur de l’Allemagne après la victoire programmée dans la Seconde Guerre mondiale. Hitler connaissait sur plan de nombreux édifices étrangers des différentes capitales du monde, spécialement Paris et Vienne. Il souhaitait voir Berlin dotés de tels édifices, mais en plus grand et selon une esthétique propre. Berlin devait posséder de grands bâtiments emblématiques témoignant de la puissance de l'Allemagne et reflétant la vision du monde national-socialiste. De ce point de vue, des bâtiments politiques, militaires, administratifs et économiques étaient prévus, mais en revanche aucun bâtiment religieux chrétien3,Note 1.

Évoquant l'un des principaux bâtiments de Germania, le futur palais du Führer, Hitler justifia le caractère grandiose du projet par des motivations politiques, à savoir donner à ses successeurs les moyens d'une grande politique en dépit des faiblesses personnelles prévisibles de certains d'entre eux ; lui-même n'avait pas besoin d'un tel apparat, mais il serait en revanche utile aux führers des temps futurs. Il affirma ainsi à son architecte4 : « Ceux qui me succéderont un jour, ceux-là auront bien besoin d'un tel apparat. Pour beaucoup d'entre eux, ce sera la seule façon de se maintenir. On ne saurait croire le pouvoir qu'acquiert sur ses contemporains un petit esprit quand il peut profiter d'une telle mise en scène. De tels lieux, quand ils seront empreints d'un passé historique, élèvent même un successeur sans envergure à un rang historique. Voyez-vous, c'est la raison pour laquelle nous devons construire tout cela de mon vivant ; afin que j'aie vécu là et que mon esprit confère une tradition à cet édifice ».

Hitler justifia enfin ses projets architecturaux par la volonté de doter le régime de ses propres bâtiments ; il trouvait absurde et indigne que les gouvernements républicains s'installent dans d'anciennes résidences princières, royales ou impériales et ne construisent pas de nouveaux bâtiments. Ainsi, à Berlin, la présidence de la République avait été installée dans l'ancienne résidence du maréchal de cour5,Note 2.

Organisation et financement du projet[modifier le code]

Hitler demanda que paraisse un décret conférant à Albert Speer des pouvoirs très étendus et le plaçant directement sous ses ordres, sans qu'il n'ait de compte à rendre au maire et au gauleiter de Berlin6. Albert Speer, « le premier architecte du Troisième Reich » selon Hitler fut nommé « Inspecteur général de la Construction » (Generalbauinspektor ou GBI, initiales désignant aussi l'organisme dirigé par Speer) chargé de la transformation de la capitale du Reich. Speer demanda à traiter cette commande comme architecte indépendant et non comme fonctionnaire.

Albert Speer constitua un petit groupe de collaborateurs rassemblés dans plusieurs services7 : une agence de planification chargée de l'aménagement de la ville, le bureau central traitant des questions financières, juridiques et administratives et l'Office général de la Construction, gérant la voirie, assurant les travaux de démolition, entretenant les relations avec les entreprises en bâtiment. Il fit appel aux architectes qu'il considérait comme les meilleurs d'Allemagne : Paul Bonatz, Wilhelm Kreis, German Bestelmeyer, Peter Behrens, pourtant très mal vu par certains cercles nationaux-socialistes en raison de son radicalisme et qui fut néanmoins accepté par Hitler8. Comme sculpteurs, Albert Speer fit appel à Josef Thorak et Arno Breker9.

Albert Speer promit à Adolf Hitler que les travaux seraient terminés en 195010. Il évalua le coût de l'opération à une somme comprise en 4 et 6 milliards de Reichsmarks ; cette somme ne lui paraissant pas utopique, car 500 millions de Reichsmarks par an représentaient un vingt-cinquième du volume total des dépenses de construction en Allemagne à l'époque11. Ces 500 millions à trouver chaque année devaient être prélevés non sur une seule ligne budgétaire, mais sur un nombre maximal de budgets : chaque service public devait participer à l'effort collectif ; selon Hitler, à l'origine de cette astuce, ainsi répartie, la dépense devait passer inaperçue et les recettes à venir provenant des droits d'entrée des visiteurs du monde entier devaient permettre d'amortir les frais de construction rapidement12.

Sources d'inspiration[modifier le code]

La grande avenue devait rappeler Paris et les Champs-Élysées ; cette évocation est confirmée par le fait que Hitler ait demandé à Speer que l'avenue soit plus large que l'avenue parisienne d'au moins 20 mètres13,6 celle-ci mesurant 100 mètres de large. De même, l'Arc de Triomphe rappelle celui de la place de l'Étoile. Hitler qualifiait Paris de plus belle ville du monde et souhaitait la surpasser14.

Hitler qualifiait Haussmann de plus grand urbaniste de tous les temps et il espérait qu'Albert Speer le dépasserait15.

Dans sa version définitive, la configuration de la grande avenue nord-sud ressemble davantage au Ring de Vienne et rappelle aussi à bien des égards la partie est de Unter den Linden, notamment le tronçon comportant des théâtres et des ministères13.

La Grande Halle du Peuple ou Grand Dôme devait rappeler le Capitole de Washington et Saint Pierre de Rome, tout en les surpassant16.

Par ailleurs, Albert Speer rapporte qu'Hitler souhaitait que les conceptions du Moyen Âge guident la définition des dimensions de la Halle du Peuple. Il proposait à son architecte de reprendre le rapport entre la dimension de la cathédrale d'Ulm et la population de cette ville au Moyen Âge pour déterminer le nombre de personnes que devait accueillir le

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