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La cristallisation dans « Le rouge et le noir »

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Par   •  1 Avril 2019  •  Fiche  •  948 Mots (4 Pages)  •  4 793 Vues

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La cristallisation des sentiments dans « Le rouge et le noir »

Le terme « cristallisation » nait de la plume de Stendhal dans son essaie « De l’amour » (Chapitre Le rameau de Salzbourg). Il s’agit d’une analyse psychologique du sentiment amoureux dans laquelle l’auteur nous décrit les étapes que l’amoureux traverse : l’admiration, le plaisir, l’espérance, la naissance de l’amour, la première cristallisation, le doute et la seconde cristallisation. Les deux premières étapes dotent l’être aimé de qualités imaginaires qui sont le fruit d’une fréquentation continue avec cette personne. Ce sont le désir inavoué et les moments de doutes et d’espoir qui provoquent la première cristallisation. La seconde cristallisation est, selon Stendhal, l’étape la plus importante : « c’est ce chemin sur l’extrême bord d’un précipice affreux, et touchant de l’autre main le bonheur parfait qui donne tant de supériorité à la seconde cristallisation sur la première » (De l’amour, Pag. 31). Ce phénomène se présente alors comme l’idéalisation de la personne aimée, celle-ci n’est plus perçue telle qu’elle est mais comme l’amant voudrait qu’elle soit. C’est la passion qui trouble la vision et créée des illutions envers l’être cher que seul l’amant voit et comprend.

        C’est cela que nous retrouvons chez Mme de Rênal. Après sa première rencontre avec Julien, elle nourrit des sentiments plutôt maternels envers le jeune précepteur qui changeront quelque temps après en respect et admiration. Grâce à leur contacte quotidien, ces sentiments évoluent vers la passion. Elle lui porte des sentiments inconnus et profonds (la culpabilité, la jalousie, l’angoisse, etc.) qui font qu’elle perde la raison :

« Ce moment fut affreux ; son âme arrivait dans des pays in connus. La veille elle avait goûté un bonheur inéprouvé ; maintenant elle se trouvait tout à coup plongée dans un mal heur atroce. Elle n'avait aucune idée de telles souffrances, elles troublèrent sa raison. Elle eut un instant la pensée d'a vouer à son mari qu'elle craignait d'aimer Julien. » (Pag. 66)

C’est cette passion folle qui fait que Mme de Rênal idéalise Julien, qui de son côté n’éprouve pour elle qu’une attraction physique, au point d’être prête à tout abandonner par « amour », y compris ses enfants et sa réputation.

        Chez Mathilde de la Mole, le processus de cristallisation est différent : issue de l’aristocratie, elle chasse l’ennuie grâce à ses commentaires mordants et la danse. Habituée aux flatteries, c’est le caractère réservé et la classe sociale inférieure de julien qui l’attire. Son côté rebelle et inconformiste la pousse vers cet homme mystérieux qu’elle ne trouve pas comme les autres. « La profondeur, l'inconnu du caractère de Julien eussent effrayé, même en nouant avec lui une relation ordinaire. Et elle en allait faire son amant, peut-être son maître ! » (Pag. 321). Elle admire son ambition et cherche constamment sa présence. C’est au fil des conversations que l’amour survient et avec lui la passion. Mais cette passion est provoquée par l’indifférence de Julien à son égard : dès qu’il lui déclare son amour, elle perd l’intérêt et le regagne lorsque Julien tente de la rendre jalouse. C’est la technique du « Je t’aime, moi non plus » (Serge Gainsbourg) qui provoque les sentiments de Mathilde ; cette bataille avec l’autre, la peur de sa perte et l’orgueil, autrement dit, la recherche d’un but « héroïque » est le moteur de « l’amour ».

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