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Architecture moderniste au Maroc - Azzagury

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Par   •  3 Janvier 2018  •  Cours  •  3 453 Mots (14 Pages)  •  1 051 Vues

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LA TRAME SANITAIRE 8x8

HAY HASSANI – QUARTIER DERB JDID (« quartier neuf »)  1958-1962

Architectes : Elie Azagury (1918-2008) – Dominique Basciano (1911-2012)

SOMMAIRE

1 –L’HISTOIRE DU LIEU

2 –LE MAITRE D’OEUVRE

3 –LE PROJET

3.1-Surface –topographie –principe d’implantation

3.2-Typologie des logements –densité urbaine – 25 000 habitants

3.3-Typologie des voies

3.4-Equipements

3.5-Evolutions

4 –UNE MISE EN PERSPECTIVE

4.1-Agadir -Maroc -1960

4.2-Alvaro Siza – quartier Malagueira 27ha –Evora –Portugal -1977

4.3-Elemental (Alejandro Aravena) – quartier Quinta Monroy –Iquique -Chili - 2003

4.4-Lacaton Vassal – tour Bois le Pretre –Paris –France - 2011

1 –L’HISTOIRE DU LIEU

Elie Azagury est chargé du plan d’aménagement d’un quartier destiné à 25 000 habitants, sur un terrain ou étaient déjà regroupés, depuis les années quarante, plusieurs bidonvilles. Il s’agit d’une des premieres grandes opérations de logements depuis l’indépendance. L’architecte s’attache à diversifier l’offre, proposant des logements individuels à patio sur un ou deux niveaux regroupés selon plusieurs typologies, ainsi que des immeubles collectifs de R+1 à R+4, avec des appartements de deux pièces, pour les plus modestes. L’assemblage des cellules et la répartition des immeubles définissent une grande diversité d’espaces publics et de voies hiérarchisées. Malgré les surélévations, les modifications et la privatisation d’espaces publics transformés en jardinets, le quartier conserve une forte identité. D’autres architectes participent à cette opération d’envergure, notamment pour la construction des équipements, tels Zévaco, Gourdain, Lévy, Suraqui. Le nouveau quartier, édifié sur la trame 8x8, établie par Ecochard, est à comparer dans son évolution réussie aux cités de Hay Mohammedi (Carrières Centrales), Sidi Othman,…

Pour accueillir le quartier, le service d’urbanisme s’inspirera des solutions élaborées dans les années 30 à Rabat sur le Douar Debagh. Il s’agit d’équiper les quartiers de bidonvilles, pensés comme devant être transitoires.

Ecochard définit, en 1950, son scénario pour réaliser les quartiers futurs en deux étapes. Dans un premier temps, il préconise donc la création de l’infrastructure (voirie, égouts,…) sur laquelle on laisse s’installer un bidonville amélioré ; par la suite, vient l’installation, sur cette infrastructure, de logements en « dur » au fur et à mesure des possibilités financières. Cette rationalisation d’une idée ancienne est désignée par le terme de trame sanitaire, définie ainsi en 1953 :

« L’établissement d’une trame sanitaire consiste à doter un secteur d’un équipement (chaussées, eau, égout,…) se raccordant à l’équipement municipal de base et qui assure aux habitants, en attendant la construction de logements en dur, des conditions de vie répondant aux exigences de l’hygiène, en espérant que les habitants construiront eux-mêmes en dur. »

L’urgence est donc d’acquérir les terrains et de les équiper. Au Derb Jdid, la municipalité de Casablanca regroupe à partir de 1949 la plupart des bidonvilles dispersés dans le secteur ouest de la ville (Oasis, Beauséjour, Anfa,…), selon un plan d’implantation préalablement établi. Des fontaines, des éclairages publics, une école, une infirmerie et un bâtiment administratif équipent ce bidonville organisé, créé sur une trame régulière.

2 –LE MAITRE D’OEUVRE

« Les influences essentielles qui ont marqué mes études et ma carrière viennent bien entendu d’A. Perret mais surtout de Le Corbusier et du groupe des CIAM dont j’ai fait part jusqu’à dissolution. J’ai eu des contacts durables et étroits avec des architectes tels que José Louis Sert, Paul Nelson, Richard Neutra, Rogers et Ralph Ersking avec lesquels j’ai travaillé plus de deux ans à Stockholm ». « Il me semble indispensable lorsque les idées neuves viennent en surface, de les exprimer avec la plus grande force possible. L’esprit de caricature ou de brutalité ne me dérange pas, les années à venir adoucissent les formes et ce qui nous a semblé ou qui nous semble féroce devient quotidien ». Mon travail à Agadir s’est fait dans un climat d’enthousiasme et de fraîcheur, j’étais jeune, sûr de moi, passionné et bouleversé par la terrible catastrophe dans laquelle venaient de périr 20000 personnes ». « La collaboration a été parfaite, des liens profonds d’amitiés se sont crées entre nous et durent encore aujourd’hui. La réalisation d’une pareille tâche reste pour moi un exemple… » « Michel Ragon n’a pas tort en rapprochant les idées de Le Corbusier et celles qui ont été appliquées à Agadir…La charte d’Athènes (1933) a eu une portée considérable pour les architectes de ma génération».

Élie Azagury est né à Casablanca en 1918 et décédé à Casablanca en janvier 2009. Il se forme à l’École des beaux-arts de Paris de 1937 à 1946 (atelier Hérault) puis de Marseille (atelier Beaudouin), et enfin, après deux ans passés chez Michel Aimé à Megève durant l’occupation de la zone libre, de nouveau à l’École des beaux-arts de Paris (atelier Perret). Il travaille deux ans à Stockholm chez l’architecte anglais Ralph Erskine (1914-2005).

À son retour à Casablanca (1949), agence active jusqu’en 2007, longtemps dans le quartier résidentiel d'Anfa puis dans un immeuble de Marius Boyer avenue Hassan-II), il réalise des villas d’un fonctionnalisme organique et inventif, telle la villa Schulmann (1951). Les références suédoises sont perceptibles dans le groupe scolaire Longchamp de Casablanca (1954), alors que la maison personnelle d’Azagury (1962) est un manifeste du néo-brutalisme. Azagury anime les débats du groupe Centre International d’Architecture Moderne Marocain et participe à la revue Le Carré bleu. Il voyage en URSS, en Chine et en Amérique latine entre 1957 et 1965.
Président de l’ordre des architectes du Maroc après l’indépendance (1958-1971), il dessine et construit le quartier d’habitations populaires du Derb Jdid (Hay Hassani, 1957-1960), l’Office national du thé (avec Henri Tastemain), ainsi que le tribunal d’Agadir.
Il dirige l’aménagement de la station méditerranéenne de Cabo Negro (1970-1980) et poursuit la recherche d’une architecture fidèle à l’éthique du Mouvement moderne et sensible aux conditions marocaines.

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