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Les psychomachie de Gustave Courbet

Note de Recherches : Les psychomachie de Gustave Courbet. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Janvier 2013  •  473 Mots (2 Pages)  •  1 202 Vues

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PSYCHOMACHIE DE GUSTAVE COURBET (selon Michael Fried)

1. La signature. Ici la signature se trouve à gauche, alors que dans la première esquisse à l'huile faite par Courbet pour les mêmes Casseurs, elle était à droite. Ses lettres, juxtaposées comme les travailleurs, semblent à l'origine de leur alignement. Comme souvent chez Courbet, la couleur de la signature est rose chair, celle du corps. (Dans L'Enterrement à Ornans, Courbet avait placé en bas à gauche une énorme signature orange tirant sur le rouge, qu'il a ensuite effacée, peut-être à cause des moqueries qu'elle a suscitée).

2. Les mains du peintre. On peut comparer la position des deux travailleurs à celles des mains de Courbet au moment où il peint. La main gauche tient la palette (comme le jeune homme tient le panier), tandis que la main droite manie la brosse ou le couteau (comme le vieux travailleur dresse le marteau). Nous sommes alors, nous spectateurs, à la place du peintre, et voyons ses mains qui travaillent.Ce tableau emblématique du réalisme a été détruit pendant le bombardement de Dresde de février 1945. Il n'en reste que des photographies : deux hommes éclairés par le soleil, dont les ombres s'allongent et les silhouettes se découpent sur une colline sombre qui devrait - si le tableau l'était vraiment, réaliste - être aussi éclairée qu'eux. Mais le réel de Courbet n'était pas aussi brut qu'on l'a prétendu. C'est le résultat de beaucoup de travail : une esquisse et des dessins préparatoires, la pose des modèles dans l'atelier. S'il y a réel, c'est le réel d'une violente tension qui a explosé moins d'un siècle plus tard et réduit l'oeuvre en cendres.

D'après son propre récit, Courbet aurait repéré ces deux hommes au hasard d'une route. Il a voulu les représenter grandeur nature, vêtements déchirés et corps brisés. Pour montrer l'existence physique brute de ces travailleurs, il fallait une technique picturale elle-même laborieuse. Contrairement à une certaine peinture sociale de l'époque, l'oeuvre n'appelle ni psychologie ni pathos. Ces hommes absorbés dans leur tâche ne trouvent ni supplément de spiritualité, ni dignité, ni salut dans le travail. Leurs corps juxtaposés ne semblent pas avoir d'autres liens entre eux que la contrainte du travail.

Et pourtant il y a bel et bien construction. A gauche la signature, grande et rouge, puis les travailleurs qui nous tournent le dos, le visage caché (comme le Marlet de l'Après-dînée à Ornans). A gauche une corbeille en osier et à droite une marmite, une cuiller et une miche de pain. En se détachant sur un fond sombre, les travailleurs occupent le premier plan, proche du spectateur. Leurs corps et leurs outils forment une série d'angles aigus et obtus qui ne donne pas une impression de mouvement mais plutôt d'arrêt, de suspension immobile. Comme beaucoup d'autres tableaux de Gustave Courbet, Les Casseurs de pierre exigent une certaine durée pour être lus.

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