Le Théâtre Au Maroc
Rapports de Stage : Le Théâtre Au Maroc. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar yas23 • 5 Août 2014 • 2 696 Mots (11 Pages) • 952 Vues
Le théâtre au Maroc
L’histoire du théâtre marocain est semée de remous et de ruptures :
La jeune histoire du théâtre contemporain marocain (dont on date la naissance en 1923, année marquée par la première tournée d’une troupe égyptienne au Maroc) n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est semée de troubles et de ruptures. A ses débuts, notre théâtre, servi par des hommes qui avaient appris le métier sur le tas, a jeté son dévolu sur les épopées et les légendes. Le public en redemandait. Quand il s’avisa de changer son fusil d’épaule, il perdit tout crédit. Ce fut sa première crise de croissance.
La fameuse troupe de Maâmora (créé en 1966) dans laquelle s’illustraient Abdessamad Kenfaoui, Tayeb Seddiki et Mohamed Taïeb Laalej, en fit les frais. Elle se dispersa. Illusions perdues. Le théâtre amateur, émanation du ministère de la jeunesse et des sports, s’engouffre alors dans le vide laissé par ces pionniers du théâtre contemporain. D’emblée, il impose son talent dans des spectacles comme Les Grenouilles noires de Mohamed Chahramane. Se démarquant résolument du théâtre des années cinquante et soixante, et de son exaltation de l’individu, le nouveau théâtre forge un langage original centré sur le groupe. Le critique Abderrahmane Benzidane fit l’éloge de «ces grenouilles noires qui se présentent comme un groupe compact face aux agressions extérieures et pour la libération et la purification de l’eau du ruisseau où elles vivent».
Pas d’arsenal juridique à l’époque, ni aucun dispositif pour réguler la profession :
Bien qu’enveloppé dans des métaphores essentiellement animalières (Les Grenouilles noires, les Tortues, le Rhinocéros...), le discours du théâtre amateur fustige, implicitement, le régime politique de l’époque. Ce dernier lui fera payer cette audace en le tuant dans les règles de l’art. Le paysage théâtral se transforme alors en une morne plaine. Mais de vieux briscards veillent. Ils ont pour nom Tayeb Seddiki, Mohamed Taieb Laalej et Nabil Lahlou. Ils se firent un devoir d’extraire le théâtre de sa torpeur. Dans les eaux vives du théâtre universel, ils puisent leur inspiration : Berthold Brecht, Harold Pinter, Peter Weiss, Jean Genet, Luigi Pirandello, August Steinberg, Samuel Beckett, entre autres dramaturges, constituent leurs sources. Ils lancent aussi l’ère des adaptations. A lui seul, El Alj, amoureux inconditionnel de Molière, en réalisa une centaine. Avec bonheur, le public reprit le chemin des planches.
Tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des théâtres si la profession avait disposé des ressources adéquates. Or, ce n’était pas le cas. Le texte sur l’aide à la création, préparé par le ministre de la culture, Mohamed Benaïssa, puis déposé par son successeur, Allal Sinaceur, se languissait dans les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement. L’homme de théâtre Abdelouahed Ouzri s’en plaindra : «Autant le ministère trouve l’argent pour financer des opérations ponctuelles généralement coûteuses, autant il semble subitement manquer de moyens quand il s’agit de promouvoir l’activité continue de la création théâtrale au Maroc».
En 1998, Mohamed Achâari crée un fonds de soutien à la production théâtrale :
Le secteur pâtissait aussi d’une lamentable gabegie. Désorganisation, chaos, désordre étaient les termes généralement employés pour qualifier la situation du théâtre marocain.
Pas d’arsenal juridique, aucun dispositif régulant la profession. Les indélicats tiraient profit de ce vide sidérant, les plus scrupuleux finirent par tirer leur révérence.
Le Syndicat national des professionnels, créé en 1992, tenta de mettre de l’ordre dans cette maison branlante. En vain. Jusqu’à ce que le ministère de tutelle, entre autres mesures, crée un fond de soutien à la production et à la diffusion du théâtre. Ce dont se réjouit Jamal Eddine Dkhissi, ancien directeur du Théâtre national Mohammed V : «Avec la nomination de M. Achâari, le théâtre s’est mis à prendre meilleure allure. Avant 1998, le Maroc ne produisait pas plus de trois pièces théâtrales par an, grâce à trois compagnies dont la régularité n’était pas la qualité première. En instaurant un fonds de soutien à la production et à la diffusion du théâtre, le ministre a permis l’éclosion d’un nombre appréciable de troupes, qui créent entre trente cinq et quarante spectacles par an».
Appuyé financièrement et dûment réglementé, le théâtre pouvait prendre son essor. La preuve en fut donnée avec la première édition du Festival de Meknès. (1999)
En l’an 2000, on eu le privilège de goûter à un cru somptueux. On s’extasia devant le savoir-faire insolent des tendres pousses engendrées par l’Institut Supérieur des Arts Dramatiques et d’Animation Culturelle (Isadac). Grâce à leur fraîcheur inventive, croyait- on, notre théâtre vermoulu allait prendre des couleurs radieuses. La suite, malheureusement, fut un chemin d’épines. La preuve par la prestation de la 3ème édition. Sur les vingt pièces soutenues par le ministère, seules cinq trouvèrent grâce aux yeux du comité de sélection du festival. «Nous avons été très indulgents, pour ne pas dire complaisants. Car aucune comédie ne méritait d’être retenue pour le festival», certifiait alors un membre du comité. Le jury lui donna raison, en réservant cinq prix, dont celui de la meilleure œuvre.
Tayeb Seddiki parle d’«objets théâtraux non identifiés» (OTNI) :
Tayeb Saddiki est un artiste dramaturge, calligraphe et écrivain marocain, né le 5 janvier 1939 à Essaouira. Il était le directeur artistique du Théâtre national Mohammed V de Rabat et directeur général du Théâtre municipal de Casablanca en 1964 et 1977. Tayeb Saddiki est aussi le fondateur du Festival musical d'Essaouira en1980et des troupes théâtrales: «Théâtre ambulant», «Théâtre ouvrier» et « Théâtre des gens » où il exerce encore ses activités. Il était également Chargé de mission au Ministère d'État Chargé du Tourisme en 1980 et 1982.
La leçon de Meknès, vitrine de la production théâtrale marocaine, est qu’après avoir fait illusion, notre théâtre, qu’on espérait guéri de tous ses maux, a renoué avec ses mauvais penchants. D’où ce regard sévère porté par Tayeb Seddiki, du haut de sa tour d’ivoire : «Beaucoup de personnes qui se targuent de faire du théâtre feraient mieux de s’en éloigner. Elles n’ont
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