La Complainte Du Progrès
Recherche de Documents : La Complainte Du Progrès. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 14 Septembre 2014 • 1 869 Mots (8 Pages) • 2 774 Vues
La complainte du progrès (B. Vian)
Présentation
Titre de l’œuvre : La complainte du progrès
Nature/genre de l’œuvre : Chanson
Artiste : Boris Vian (1920-1959)
Date de création : 1956 (album Le déserteur)
Vie de l’artiste
Boris Vian (1920, Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine) - 23 juin 1959, Paris) est un écrivain français, ingénieur de l'École centrale, inventeur, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste). Il a également publié sous plusieurs pseudonymes (anagrammes de son nom). Il fréquente les cafés de Saint-Germain-des-Prés (café de Flore) à l'époque où ceux-ci rassemblent intellectuels et artistes de la rive gauche : Jean-Paul Sartre (Le Jean-Sol Partre de L’Écume des jours), Raymond Queneau, Simone de Beauvoir, Juliette Gréco ... Son premier roman célèbre (signé Vernon Sullivan) est « J'irai cracher sur vos tombes » écrit en 1946. Le roman est très controversé. S'ensuivent des romans tout aussi noirs et sarcastiques. Si le succès des œuvres signées Vernon Sullivan lui ont permis de vivre, elles ont aussi occulté d'autres œuvres plus importantes aux yeux de Vian: les romans signés de son nom. En effet, seuls ces derniers, d'après lui, avaient une véritable valeur littéraire. Après l'échec de « l'Arrache-cœur », Boris Vian décide donc d'abandonner la littérature. Passionné de jazz, il joue de la trompette de poche (rebaptisée « trompinette ») au Tabou, célèbre club de Saint-Germain-des-Prés. Il est aussi directeur artistique chez Philips et chroniqueur de Jazz. Son œuvre connut un immense succès public posthume dans les années 1960 et 1970, notamment pendant les événements de 68. Les jeunes de la nouvelle génération redécouvrent Vian, l'éternel adolescent, dans lequel ils se retrouvent.
Style, mouvement ou courant :
Sous des dehors très drôles, Vian cache souvent des textes engagés et contestataires. Il sait à merveille allier les deux. A partir de 1956, Vian écrit de plus en plus de chansons dont beaucoup restent des perles du répertoire : "J'suis snob", "les Joyeux bouchers", "On n'est pas là pour se faire engueuler" ou "Je bois". En outre, en 1958, il finit d'écrire "En avant la zizique…", spectacle inspiré de son expérience dans les maisons de disques. En cette grande époque de la chanson "littéraire" - on chante Prévert, Aragon, Queneau et même Sartre -, le travail de Vian est vivement remarqué.
Description de l’œuvre
Composée en 1956, « La complainte du Progrès » est une critique très drôle de la société de consommation et ses dérives.
Nous sommes alors dans la période des « Trente Glorieuses » (1946-1975), marquée par une croissance économique soutenue et ininterrompue, ainsi que par une amélioration générale des conditions de vie. Il faut se rappeler que 5 ans plus tôt les Français n'avaient accès à la nourriture qu'avec les tickets de rationnement (supprimés en 1951). L’apparition des nouveaux produits de consommation tels que voitures, téléphone, électroménager, réfrigérateur, machine à laver ou télévision va révolutionner les modes de vie. Vian décrit les affres de « l’amour moderne ». Alors qu'avant les amoureux pouvaient vivre d'amour et d'eau fraîche, que des fleurs offertes faisaient plaisir, il faut maintenant l'abondance des biens de consommation. Cette œuvre traduit avec humour la crainte de Boris Vian de voir les sentiments amoureux remplacés par le plaisir de la consommation et la possession d'un maximum de choses.
Ainsi, si cette chanson est une critique de la société de consommation du début des années 50, elle joue cependant sur 2 registres : registre lyrique de la chanson d'amour et registre grotesque. Ce qui constituera le plan de notre analyse.
La chanson d'amour
Complainte (1° définition) - Au moyen âge la complainte désigne une chanson qui raconte les malheurs d'un personnage. Ici, c'est le récit d'un amour malheureux.
On rencontre le champ lexical des sentiments ; " faire sa cour, parlait d'amour, ardeur, son cœur, cher ange m'embrasser" mais seulement dans les premiers vers, au début de la relation amoureuse. Ce vocabulaire disparaît totalement ensuite dans les 2ème et 3ème couplets où le vocabulaire et le ton employés par le chansonnier deviennent agressifs et familiers " querelle, lugubre, rentre chez ta mère, on la fiche dehors" pour illustrer la dégradation des relations amoureuses jusqu'à la rupture.
Les 2 premiers couplets sont construits sur l'opposition "autrefois" et "maintenant".
La 3ème strophe marque la rupture brutale " on la fiche dehors" et le changement de partenaire " la visite d'un tendre petite". Cela montre que la consommation touche aussi les relations amoureuses et qu'il n'y a plus de sentiments sincères.
C'est donc une satire de la société de consommation et de l'amour moderne fondé sur la recherche du plaisir égoïste et immédiat. Le don d'appareils ménagers a remplacé le don des sentiments. Les relations ne sont plus sincères mais intéressées. L'argent et les biens matériels sont des gages d'amour.
La chanson burlesque.
Complainte (2ème définition). Au XVIIIe siècle, c'est une chanson populaire triviale, contenant un récit grotesque sur un événement tragique.
L’événement tragique, c'est le chagrin d'amour traité de manière bouffonne. Le grotesque tient à la composition des refrains, longue énumération de noms d'objets hétéroclites, extravagants et absurdes de la société de consommation. Il a recours à des mots valises (mot imaginaire formé de 2 mots), des mots composés et mélange des registres de langue... Cette énumération devient de plus en plus mécanique et accentuée par la répétition de la mélodie et le rythme des vers (alternance de 5 syllabes/ 6 syllabes). Les allitérations en [t,p,b] marquent le rythme. L'anaphore "un" du refrain1 et remplacée par l'anaphore "mon"
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