Théâtre
Commentaire d'oeuvre : Théâtre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sacha8 • 14 Avril 2014 • Commentaire d'oeuvre • 2 506 Mots (11 Pages) • 1 142 Vues
Proposition d’introduction
a) Le théâtre est à la fois texte, spectacle, fiction et représentation des réalités. Il est donc d’abord « mimesis », c’est-à-dire imitation de la vie. D’autre part, il procure des émotions fortes, nous vivons par procuration des situations impossibles à rencontrer dans nos vies réelles ordinaires, mais comme il présente aussi des émotions que nous sommes capables d’éprouver, ou d’imaginer, ou de comprendre, il est donc aussi « catharsis », c’est-à-dire qu’il est « purgation des passions », selon Aristote. b) Les situations de pouvoir sont nombreuses dans la vie réelle, on l’a vu dans ce corpus aussi : des rois ou des tyrans face à leurs peuples, des maris face à des épouses, des pères face à leurs enfants. Quel sens peut donc prendre la représentation de ces pouvoirs ? Puisque le théâtre est un lieu où l’on va se détendre, ou s’instruire, ou se cultiver, ou se désennuyer, mais pas un lieu où l’on va voir la vie réelle, on est bien obligé de se poser la question de cette manière : il faut trouver ce qui peut être purement récréatif, ou occasion de divertissement sans importance intellectuelle profonde, et ce qui peut nous faire penser, nous faire prendre des décisions, nous faire remettre en question nos opinions. c) On essaiera donc d’analyser d’abord dans quelles conditions la représentation du pouvoir peut être risible, et ce qui peut en découler : le simple amusement, l’indignation ; puis on essaiera de comprendre si le théâtre peut avoir une portée plus longue ou plus morale : la représentation des excès de pouvoir est peut-être un moyen de nous faire révolter, ou de nous ouvrir les yeux sur des réalités que nous ne savons pas décrypter alors même qu’elles nous sont coutumières. On arrivera peut-être alors à montrer une caractéristique importante du théâtre : sa polyvalence.
Proposition de première partie (arguments simplifiés) : mimesis Le théâtre représente en imitant, en exagérant/déformant pour faire rire, et en montrant des défauts, (comique de caractère ou de situation, irrespect)
a) Les marionnettes du théâtre de Guignol, avec le personnage éponyme et celui de Gnafron, en montrent le degré zéro : un gendarme méchant et bête veut arrêter les deux compères, mais reçoit les coups de bâton. Comique pour enfants ? Ceux-ci crient de toutes leurs forces pour prévenir Guignol et lui dire de se cacher, le gendarme est battu et ridiculisé, et pourtant il représente le pouvoir. Les enfants apprendraient-ils l’anarchie ou l’insoumission sans s’en rendre compte ? Dans L’Avare, Harpagon est ridicule lorsqu’il demande à son intendant de lui faire voir ses mains, puis « les autres ». celui-ci lu montre une deuxième fois ses mains, Harpagon est content, le public aussi : sa bêtise est avérée, c’est un maître qui ne mérite pas de l’être. Dom Juan ridiculise les deux filles, Charlotte et Mathurine, lorsqu’il leur dit à chacune les mêmes promesses, dans ce cas on admire inconsciemment son pouvoir mais on rit de la bêtise de ses victimes, tout comme lorsqu’il séduit Charlotte en lui faisant hausser le col, montrer ses dents, ses mains, et cetera. Quand Dom Juan frappe son domestique en voulant frapper Pierrot, le fiancé de Charlotte, encore une fois la victime est ridicule, le maître ne semble pas odieux.
Dans ces situations, pas de morale réelle, le spectateur est même du côté de l’injustice ou de la méchanceté, ou alors il se moque ouvertement des pouvoirs, sans que cela n’engage sa conscience profonde dans des réflexions sur la place des gendarmes, le statut des serviteurs, ou le féminisme.
b) Lorsque le Père Ubu est grossier, menace les paysans, se montre à la fois grotesque et violent, le comique de situation est plus ambigu. L’exagération est si forte qu’on ne croit pas que cela puisse avoir lieu dans la réalité, et pourtant … Dans Le soldat fanfaron, Artotrogus joue habilement de la soumission qui le lie à Pyrgopolinice, en obtenant de la nourriture contre ses flatteries, donc en lui faisant croire à un pouvoir sur lui. Idem pour Clindor et Matamore dans L’Illusion comique de Corneille. Les apartés sont dans ce cas un procédé facile de faire comprendre l’insoumission. Les rapports maître-valet dans Fin de partie, de Becket, montrent un serviteur complètement soumis à un maître qui détient la combinaison de l’armoire aux provisions, qui l’humilie, et qui lui demande s’il n’a jamais eu envie de le tuer : la provocation est ici mentale, le pouvoir du maître/père sur le serviteur n’est pas politique, il n’y a que quatre personnages sur scène, et le valet joue aussi avec le chantage à la désobéissance car le maître est paralysé et aveugle. Le jeu de scène de Clov, qui a visiblement envie de tuer Hamm, montre bien ses hésitations : il manipule le fauteuil à roulettes violemment, ment à son maître, lui jette le chien en peluche sur le visage.
c) Le théâtre représente aussi le pouvoir en le déformant, pour faire peur, et il exhibe des monstres. Caligula est un pervers cruel qui joue à faire sentir et admettre son pouvoir capricieux à ses hôtes, amis, sujets. Les comportements de ceux-ci sont l’illustration de l’abaissement humain, et peuvent nous montrer les limites de l’honneur ou de la politesse, ou de la soumission. La didascalie qui indique que les personnages « pourront jouer comme des marionnettes » en est la meilleure preuve. Orgon, dans Tartuffe, devient tyrannique en imposant à sa famille un faux dévot, en lui donnant sa fille, et son argent, et la monstruosité de Tartuffe fait peur, d’autant qu’il n’est démasqué que par un tour de passe-passe, le deus ex machina, l’intervention peu crédible du roi. La dénonciation de l’hypocrisie s’accompagne ici d’une critique des pouvoirs absolus des pères sur leurs enfants, qui leur imposent un mari ou une épouse, les déshéritent pour un rien. Agamemnon, dans Iphigénie, sacrifie sa fille pour conserver son pouvoir sur les chefs de la Grèce, impose ainsi à son épouse une autorité masculine, tout en se montrant soumis aux dieux qui exigent ce sacrifice. Ici la monstruosité est tragique, comme chez Camus, alors que dans Tartuffe elle s’apparente au comique dit sérieux.
d) Autres pistes à exploiter : le théâtre montre des situations connues de tous mais que l'on n'a pas l'habitude de considérer comme des relations de pouvoir. L’amour passion et possessif, la jalousie, qui fait souffrir un partenaire, une épouse, ou qui oblige à fuir : Phèdre empêche Hippolyte d’épouser Aricie, elle le dénonce comme incestueux parce qu’il n’a pas voulu céder à ses avances, et Thésée, le père, punit son fils sans vérifier si les dires
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