Qu’est-ce qui différencie l’œuvre d’art et lui donne une valeur pour le monde et la culture ?

Parmi les choses qu’on ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabriqué par l’homme, on distingue entre objets d’usage et oeuvres d’art ; tous deux possèdent une certaine permanence qui va de la durée ordinaire à une immortalité potentielle dans le cas de l’œuvre d’art. En tant que tels, ils se distinguent d’une part des produits de consommation, dont la durée au monde excède à peine le temps nécessaire à les préparer, et d’autre part, des produits de l’action, comme les événements, les actes et les mots, tous en eux-mêmes si transitoires qu’ils survivraient à peine à l’heure ou au jour où ils apparaissent au monde, s’ils n’étaient conservés d’abord par la mémoire de l’homme, qui les tisse en récits, et puis par ses facultés de fabrication.

Du point de vue de la durée pure, les oeuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses ; comme elles durent plus longtemps au monde que n’importe quoi d’autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société ; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommation, ni usées comme des objets d’usage : mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine

A. Dans cet extrait, l’auteur s’intéresse à la valeur culturelle des objets. Elle sépare l’œuvre d’art pour l’élever au-dessus des autres objets.

Qu’est-ce qui différencie l’œuvre d’art et lui donne une valeur pour le monde et la culture ?

Sa thèse est qu’il faut l’écarter de tous les autres objets : c’est parce qu’elle n’a pas de fonction dans le processus vital et social qu’elle dure et qu’on leur confère une valeur culturelle pour le monde.

I. Elle commence par distinguer les objets, ce qui apporte l’argument décisif et la réponse : la durée.

II. Mais ce n’est pas simplement pour mettre à part l’œuvre d’art, la supériorité ne désigne pas une « valeur éternelle », « en soi », mais une finalité : installer le monde et la culture dans la durée.

B. Par un jeu d’oppositions et de différences, elle isole l’œuvre d’art de tout le reste.

Elle opère une double distinction et quatre types de produits sont opposés dans leur durée :

« on distingue entre objets d’usage (1) et œuvres d’art (2)… »

Puis, elle les oppose aux « produits de consommation (3) » et aux « produits de l’action (4) ». Chaque fois, c’est la durée qui décide. [choisir une citation ]

En effet, que doit être une vie culturelle ? Elle doit pouvoir se transmettre. Par suite, il lui faut des objets qui préservent en eux un sens culturel. Il faut nécessairement les soustraire à l’usage et à la vie.

Avec cet argument, elle conclut que l’œuvre d’art reçoit un statut à part pour garantir l’assise du monde dans sa durée. Cette mise à distance lui confère une valeur pour le monde.

La 2ème partie exprime la thèse : l’œuvre d’art a pour sens d’installer le monde et d’en être la base : « Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les

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