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La Relation Du Texte Et De L'image Dans Le Livre

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Par   •  5 Mars 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 264 Mots (14 Pages)  •  945 Vues

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Conte pour enfant, bande dessinée, notice d'utilisation ou schéma éclaté; alors qu'aujourd'hui la représentation d'une image et son énonciation dans le texte est adaptée à l'utilisation que l'on en fait, cela ne fut pas toujours le cas. En effet, tout le monde peut produire des images aujourd'hui, pourtant il y a quelques siècles certaines doctrines avaient le monopole de l'image; sa diffusion et sa relation avec le texte dépendait de ce qu'on voulait instituer. Ainsi le statut de l'image révèle les mœurs d'une époque telle que celui du passage de la Renaissance, où le dogme laissait place à l'esprit de découverte.

Les livres qui étaient les moyens de diffusion du savoir de l'époque peuvent nous aider à problématiser la situation et trouver des hypothèses de réponse. Le premier document présente Les Chroniques de Nuremberg d'Anton KOBURGER, publié en 1493, dont quelques extraits sont disponibles. Le deuxième document traite du livre Champfleury ou Art et science de la due et vraie proportion des lettres antiques publié en 1529 dont Geoffroy TORY est l'auteur et l'éditeur.

Les chroniques de Nuremberg dit "Liber cronicarum" fut imprimé et diffusé par Hartmann SHEDEL en typographie ainsi qu'en xylographie colorée à la main. C'était un grand ouvrage d'une hauteur de 45 centimètres pour une largeur de 32, sa création et impression demanda le travail de plus d'une centaine de personnes. Il fut publié en 1493, une époque clé proche de la fin du Moyen-âge.

Dans ce livre, un premier document nous présente une double page avec une proportion d'image plus importante que le texte. Une espèce de cartographie occupe la quasi-totalité de la page. On y voit la représentation du monde codifié par des symboles pour les montagnes, les fleuves et autres frontières naturelles. Ces symboles semblent accompagnés d'un texte compris dans le cadre de l'image qui pourrait lui servir de légende. Malgré une codification se voulant informative, des visages sont utilisés pour représenter allégoriquement les vents et des personnages tiennent la carte du monde, tel des créateurs ou des observateurs. Alors que cette carte est une image au statut hybride entre représentation onirique et symbolique, une colonne de 7 vignettes sur la gauche vient présenter des créatures hybrides propres aux croyances dogmatiques du Moyen-âge. A droite de cette colonne, en dessous de la carte, un texte non-inclus dans l'image et divisé en deux colonnes (pour rester lisible malgré le milieu de page) semble être un récit de ce que l'on voit. Il est agrémenté d'une lettrine à l'instar du texte de légende compris dans la carte. Un texte de titrage est aussi visible sur chaque haut de page.

Le second document présente une série de cinq pages dont la mise en page est à peu près identique. On y voit une large zone de texte de labeur (prenant entre un tiers et une moitié de page) et une image qui remplit le reste de la page.

L'image des 5 pages semble avoir une évolution dans le temps en fonction des légendes en dessous (création de la terre, création de la lumière, création du firmament et création des océans). On y voit toujours une main sur le haut à gauche semblant donner un ordre, sans doute une représentation du pouvoir de Dieu. Cette main laisse place à une série de cercles prenant le plus de place dans l'image. Contrairement à la figuration de la main, le cercle est une forme tout à fait abstraite utilisée dans les sciences exactes telles que la géométrie. Ces pages sont peut-être une des premières représentations abstraites de l'esprit au Moyen-âge. Ce dessin de cercle singulier laisse place à une vignette reprenant la forme des ronds pour cadre mais représentant un paysage figuratif de la nature. Ces documents montrent le statut polyvalent que pourrait avoir l'image dans Les chroniques de Nuremberg.

Le document 1.C est une double page pleinement remplie par une illustration de la ville de Nuremberg, les seuls éléments textuels sont le nom de la ville ainsi que des légendes qui semblent nommer des grands édifices. Il n'y a pas d'échelle propre à la perspective dans cette image, certains personnages sont plus grands que des habitations pourtant au même plan. L'image ici prend toute son importance puisqu' aucun texte n'est là pour l'accompagner. Cette image semble avoir un statut descriptif, on peut notamment apercevoir l'entrée de la ville mais aussi l'écoulement d'un cours d'eau traversant les fortifications.

Le quatrième document quant à lui représente la généalogie des prophètes. Il nous montre le visage de ces prophètes et des ramifications de formes végétales et permet de comprendre l'arborescence de la généalogie. Les différentes images des deux pages communiquent entre elles grâce à ces ramifications. Deux sortes de textes semblent cohabiter : certains décrivent une image et sont ferrés à la droite de celle-ci et d'autres, en bas de pages, semblent plutôt narratifs. La double page présente aussi une illustration de la destruction de Sodome et Gomorrhe; l'image semble raconter cette destruction, elle est d'ailleurs des mêmes largeurs que les textes au statut probablement narratif. Tout comme sur le document 1, un titre est visible sur chaque haut de page.

Les documents E. et F. mettent en valeur les aspects techniques et structurels du livre plus que sa forme.

Dans le document E. on aperçoit deux versions différentes d'une même double page du livre. Dans les deux exemplaires, une image prenant la moitié de la hauteur de page s'étale sur toute la double-page; elle est surmontée d'un texte, qui lui est découpé en 2 colonnes (1 pour chaque page). Dans le deuxième exemplaire, l'image qui était en bas de page gagne une place plus centrale au détriment de la lisibilité des textes qui semble rétrécis. C'est visible grâce à la lettrine fortement réduite dans le deuxième exemplaire. L'image occupe sûrement, ici, une place plus importante que le texte.

Dans le dernier document, comme le décrit la légende, le livre se termine par 6 pages blanches. Il nous est donné de voir la dernière page de texte et la première page de cette série de pages vierges. La page de gauche contenant le texte, n'est agrémentée d'aucune illustration mise à part une sorte de signature. Séparant un gros paragraphe aux allures narratives d'un second plus petit. Le choix des 6 pages blanches plutôt que d'iconographie pour finir le livre peut être pour raisons techniques. Mais ce livre

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