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Communication De François Emmanuel

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Par   •  24 Mars 2014  •  534 Mots (3 Pages)  •  1 150 Vues

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Ainsi donc, nous le rappelle Valery, rêver ne se conjugue pas au présent. Lorsqu’éveillé je

me souviens de mon rêve et que je tente de le transcrire, il s’est déjà accompli en moi une

opération de mise en histoire, un premier traitement narratif. Par exemple : « Je rêvais

que j’étais au fond d’un trou avec un chameau, je voulais sortir du trou mais le chameau

m’en empêchait… » Dans cette formulation, l’éveillé que je suis établit à posteriori une

petite suite de trois « temps » narratifs qu’il enfile à un je énonciateur : je suis dans un

trou, je veux sortir du trou, le chameau m’en empêche. Un début d’histoire est né.

« Comme nous sommes habitués à la vie successive, il se passe que nous donnons une

forme narrative à notre rêve, écrit Borges, mais ce rêve était tout à la fois multiple et

simultané. » Multiple et simultané : tout porte à croire en effet que la matière brute du

rêve est constituée de perceptions (visuelles, sonores, tactiles…), des images le plus

souvent, qui engendrent de nouvelles images lesquelles annulent les précédentes et en

recréent d’autres selon le principe de la métamorphose. [...]

Écrire un rêve c’est donc proposer une forme lexicale déterminée (« j’étais dans un

trou et je voulais sortir du trou… ») à ce qui se présente dans la nuit du rêve comme

un enchaînement plus ou moins chaotique de radicaux libres (trou, corps du chameau,

ciel, bord du trou, sensation d'étouffement, désir de sortir…). Ces fragments récupérés

vaille que vaille sont extraits d’un ensemble infiniment plus vaste et mouvant. C’est dire

combien l’opération de ressaisie par le sujet éveillé dépend non seulement de la qualité

(toujours médiocre) de l’éclairage conscient mais aussi d’une sorte de choix narratif

instantané. C’est dire aussi que si l’on veut se brancher sur le « donné » brut du rêve, on

se doit de délier autant que possible tous les éléments de celui-ci. Ce travail de « déliaison

» constitue pour une part le prix à payer pour descendre quelque peu dans notre nuit

inconsciente. La psychanalyse ne propose pas autre chose. C’est ici que l’on voit combien

la signification d’un rêve n’est jamais close. […]

Ainsi donc lorsque je transcris mon rêve, lorsque je l’extrais de son marais d’images,

j’accomplis un premier travail de fixation. Cet effet de fixation nous le connaissons,

écrivains,

...

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