MARIVAUX, L’Ile des esclaves, 1725.
Fiche de lecture : MARIVAUX, L’Ile des esclaves, 1725.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Enora Tanguy • 15 Mars 2018 • Fiche de lecture • 3 254 Mots (14 Pages) • 1 985 Vues
Séquence : MARIVAUX, L’Ile des esclaves, 1725.
Objets d’étude : 1)-Le théâtre et sa représentation du XVIIème siècle à nos jours ; 2-La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIème siècle à nos jours.
Etude méthodique n° 4 : Scène 6
LA PARODIE DES MAITRES PAR LES VALETS
Questions traitées :
- Quels sont les enjeux de cette scène ?
- Etudiez les formes et les fonctions du comique
- Présentation générale :
* Présentation auteur : Né à Paris, Pierre Carlet, qui signera plus tard Chamblain de Marivaux, suit le parcours classique de l’écrivain des Lumières. Issu de la bourgeoisie aisée, il mène une jeunesse mondaine, fréquente les salons littéraires où il rencontre Fontenelle. Vers 1720, il se lance dans l’écriture théâtrale et triomphe avec Arlequin poli par l’amour, qu’il donne au Théâtre des Italiens. S’ensuit une carrière d’homme de Lettres, riche et variée, au succès jamais démenti qui le mène, en 1743, à l’Académie Française. Son œuvre théâtrale est novatrice et originale : les intrigues sont axées autour de l’analyse du sentiment amoureux et le dramaturge y fait preuve d’une grande finesse psychologique. Il s’attache à montrer comment la société bourgeoise porte constamment des masques et cherche à les faire tomber.
* Présentation œuvre : L’île des esclaves, publié en 1725, est l’une des premières pièces écrites par Marivaux et, contrairement à la plupart des pièces de Marivaux, ne traite pas des faux-semblants du sentiment amoureux, mais de la relation maîtres et valets- couple qui caractérise l’univers de la comédie depuis l’Antiquité et que Marivaux entend renouveler dans son théâtre- dont il dénonce, sous la forme d’un apologue (une utopie, très exactement) la violence injuste. Deux aristocrates athéniens, Iphicrate et Euphrosine, échappent à un naufrage en compagnie de leurs esclaves, Arlequin et Cléanthis. L’île sur laquelle ils échouent est gouvernée par d’anciens esclaves qui contraignent maîtres et valets à échanger leurs rôles. Finalement, Trivelin, le maître du jeu, une fois son « cours d’humanité » dispensé, avec succès, laisse repartir vers Athènes, les maîtres et les valets qui, certes, ont retrouvé leur identité initiale, mais avec de meilleurs sentiments.
- Situation du texte
Dans les trois scènes précédentes, Trivelin a contraint Euphrosine et Iphicrate, les maîtres, à écouter le portrait peu flatteur que leur serviteur respectif – à la demande du maître du jeu – ont dressé d’eux. Si Euphrosine semble s’y soumettre de bonne grâce (scène 4), Iphicrate renâcle un peu (scène 5). Mais à partir de ce moment-là, l’inversion des rôles commence véritablement et désormais, Arlequin est Iphicrate et Cléanthis est Euphrosine, et vice-versa.
Dans cette scène, devant nous et devant leurs anciens maîtres, Arlequin et Cléanthis montent une petite comédie improvisée, une parodie de scène amoureuse entre un seigneur et une dame. S’agit-il d’imiter les maîtres pour se moquer d’eux ou pour les corriger ? S’agit-il de les imiter pour manifester qu’à présent les anciens valets disposent de tous les pouvoirs des anciens maîtres – et notamment leur pouvoir de discourir ?
- Lecture à voix haute d’un extrait
- Enjeu du texte
Rappel de la question posée :
- Quels sont les enjeux de cette scène ?
- Etudiez les formes et les fonctions du comique
- Annonce du plan
- En fonction de la question posée (enjeu) :
Les enjeux dramatiques
- Enjeux de la scène :
- Les enjeux argumentatifs
- Formes et fonctions du comique :
- Une scène qui exploite tous les ressorts du comique théâtral
- Le comique comme moyen de dédramatiser la situation et comme moyen de persuasion
- Etudes méthodiques
Première question : Quels sont les enjeux de la scène ?
- LES ENJEUX DRAMATIQUES
- La mise en œuvre de l’inversion des rôles
Même simplifiée à l’extrême et réduite à un seul acte, la pièce fait l’objet d’une construction logique et chronologique qui répond au projet didactique de Marivaux. Ainsi, cette scène marque la véritable application de l’inversion des rôles, auquel les 5 scènes précédentes ont préparé le spectateur en plusieurs étapes « pédagogiques » (présentation du couple maître/valet ; présentation des lois de l’île des esclaves ; présentation du couple maitresse/servante ; aveu d’Euphrosine ; aveu d’Iphicrate).
On retrouve donc dans cette scène, véritablement réunis pour la première fois, les quatre personnages de maîtres et valets dans leurs nouveaux rôles, tels que le leur a assignés Trivelin : les valets sont appelés à montrer en les incarnant la vraie nature des maîtres ; les maîtres assistent au « spectacles », en spectateurs muets.
- Resituer l’action dans l’univers de la comédie
➔ voir le principe du « Théâtre dans le théâtre ». Après plusieurs scènes dont le registre n’était pas entièrement comique, mais comportaient des moments sérieux, didactiques, cette scène renoue clairement avec la comédie et le registre comique : il s’agit, pour Marivaux, de rappeler au spectateur que si le propos est sérieux, dans la mesure où il traite d’un problème de morale qui touche la société, il s’agit bien avant tout d’un divertissement, d’un spectacle.
➔ étudiez également toutes les formes du comique présentes dans cette scène.
- LES ENJEUX ARGUMENTATIFS
- Dénoncer la superficialité et la vanité ridicule des maîtres…
Il s’agit pour Marivaux, avant tout, de poursuivre la satire (présente tout au long de la pièce) des conventions sociales et des codes de comportement et de langage qui caractérisent la société de la bourgeoisie aisée dont sont issus les maîtres. Marivaux en dénonce, par le biais de la parodie sans nuance aucune à laquelle les valets se livrent, les artifices, les masques ridicules, la vanité et le manque absolu de sincérité, notamment dans le domaine des sentiments amoureux.
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