La production de la cocaïne en Colombie des années 1970 aux années 2000.
Fiche : La production de la cocaïne en Colombie des années 1970 aux années 2000.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nathan Mengi • 11 Février 2018 • Fiche • 2 442 Mots (10 Pages) • 589 Vues
I- Organisation de la production et de la distribution
A) La production de la cocaïne
La Colombie est un des pays du continent sud-américain où l’économie souterraine de la drogue est la plus importante. Son importance réside surtout dans son rôle de culture et de transformation de la cocaïne pure et de son transport vers les marchés consommateurs américains et européens. Simplement vue comme « informelle » au départ, cette économie s’est pendant très longtemps developpée dans le paysage colombien sans réellement susciter d’inquiétude ou de peur dans le continent. Les Etats-Unis, déjà habitués à la marijuana depuis les années 1910-1920, passent très rapidement à la cocaïne et voient la demande exploser comme le montre ces publicités américaines des années 1970 qui témoignent de l’existence d’une réelle société de consommation de la cocaïne aux Etats-Unis dans ces années. Ces publicités proposent des accessoires et même des produits pharmaceutiques dédiés ou faisant allusion à la consommation de la poudre blanche qui fait fureur dans le pays.
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(© The World's Best Ever) Source : Konbini (© The World's Best Ever) Source : Konbini
Cependant, l’explosion de la demande en cocaïne aux Etats-Unis dans les années 1970 mène également à l’augmentation de la production de cocaïne en Colombie mais aussi dans l’ensemble de l’Amérique du Sud :
- Au Pérou, les surfaces sont passées de 32 000 hectares en 1979 à près de 130 000 hectares en 1992.
- En Bolivie, les surfaces sont passées de 4 000 hectares en 1971 à environ 70 000 hectares dans les années 1987.
- En Colombie, on passe de 10 000 hectares cultivés en 1982 à 163 000 hectares vers la fin des années 2000.
Evolution de la production des cultures de cocaïer en Colombie
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Source : d'après DNE, mai 2002.
1) Localisation géographique des lieux de production
La coca répond à deux critères de localisation en ce qui concerne leur adaptation écologique. En effet, chaque culture se trouve dans un milieu climatique et écologique spécifique. La coca est cultivable dans un milieu tropical humide, ce qui manifeste un grand potentiel de développement sur le territoire colombien, puisque environ 50% du pays est recouvert par la forêt tropicale.
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Plantations de coca, à Yali, en Colombie.
Outre les contraintes climatiques et écologiques, la localisation de ces cultures relève aussi de facteurs politiques et sociaux qui expliquent pour la majorité des cas l’isolement géographique des lieux de production. En effet, la coca est cultivée dans des endroits éloignés des infrastructures de communication (chemin de fer, autoroutes…) car la culture de celle-ci est condamnée par les autorités. Par conséquent les lieux de production choisis sont dans des zones fortement enclavées et loin des yeux de l’Etat. La majorité des zones de production de cultures illicites sont des lieux où la représentation de l’Etat est quasi-absente. Cette faiblesse permet aux narcotrafiquants d’opérer avec plus de liberté et de mieux contrôler les régions où la production a lieu. Selon ces quatre facteurs (écologiques, climatiques, politiques et sociaux), on situe la culture de coca principalement dans les départements du sud vers les zones frontalières de la forêt amazonienne donc : Caqueta, Putumayo et Guaviare.
Superficies de cultures de coca pour trois départements (en Ha)
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Source : d'après les données de la DNE.
2) Systèmes productifs : une synthèse de deux structures productives
Les cultures illicites en Colombie sont produites par deux systèmes productifs différents : d’une part, par une production dite « commerciale » et d’autre part, par un vaste réseau de petits producteurs. Ce système de double structure de production est à l’image du système agricole colombien : c’est-à-dire une structure agro-industrielle qui s’appuie sur des moyens techniques lourds, qui concurrence une paysannerie assez importante en termes de main d’œuvre mais pauvre en moyens techniques.
Ces deux systèmes sont distingués par le gouvernement colombien selon la surface cultivée par exploitation. En effet, les surfaces dépassant 3 hectares sont considérées comme ayant un but commercial. Dans le cas de la coca, environ 59,3% des surfaces exploitées sont commerciales (donc supérieures à 3 hectares).
Grandes structures de production :
Grâce à leurs techniques de production et réseaux de commercialisation, les structures commerciales génèrent des gains beaucoup plus importants que les petites exploitations. Ces grands producteurs sont beaucoup plus organisés. En effet, les grands narcotrafiquants possèdent de grands domaines terriens (aussi appelés fincas) qu’ils font cultiver par des « prêtes noms » (intermédiaires qui se font passer pour les propriétaires de cultures pour protéger les narcotrafiquants des forces de l’ordre) pour ne pas être identifiés comme producteurs commerciaux. Les grandes plantations varient de 10 à 80 hectares, elles ont une main d’œuvre qualifiée et font usage de techniques de production modernes.
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Ancienne installation utilisée pour la transformation de cocaïne dans une finca colombienne.
Pour justifier le recours à l’éradication des cultures de coca, les autorités doivent prouver que les exploitations à fumiger ont une surface supérieure à 3 hectares, car les petites exploitations (moins de 3 hectares) subissent un autre régime d’éradication. De ce fait, les grands producteurs de coca fragmentent leurs exploitations pour éviter les fumigations (la fumigation est une des méthodes de répression des cultures illicites à laquelle les autorités du pays ont recours). Par conséquent, le nombre de petits producteurs augmente de plus en plus, sans que cela ne reflète la réalité.
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