« La tirade finale d’Antoine »
Rapport de stage : « La tirade finale d’Antoine ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar amyclb • 6 Mai 2021 • Rapport de stage • 2 695 Mots (11 Pages) • 2 690 Vues
Explication de texte N°3 « La tirade finale d’Antoine » Proposition de corrigé. |
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Introduction
🔾 LECTURE DU PASSAGE.
🔾 Présentation générale : époque et auteur
⮚ Jean-Luc La garce (1957-1995) est un dramaturge, comédien, metteur en scène, directeur de troupe.
⮚ Lecteur et cinéphile, La garce abandonne l’université pour se consacrer entièrement au théâtre sur Besançon. 1) le théâtre de la Roulotte, compagnie amateur qu’il a fondée avec d’autres élèves du Conservatoire d’Art dramatique, devient professionnelle. Lagarce connaît ses premiers succès d’auteur et de metteur en scène, en adaptant des pièces classiques et ses propres textes.
⮚ Il fonde aussi une maison d’édition, « Les Solitaires intempestifs » avec son ami et collaborateur 2) François Berreur
⮚ Alors que les thèmes de la maladie et de la disparition sont déjà présents dans son œuvre, il apprend en 1988 sa séropositivité, qu’il évoquera dans son Journal tenu quotidiennement depuis l’âge de 20 ans et destiné à une publication posthume. Il poursuit frénétiquement ses activités théâtrales, bien que le Sida, évoqué publiquement, gagne du terrain.
⮚ Il meurt en pleines répétitions théâtrales, après avoir achevé un dernier texte dramatique, Le Pays lointain.
⮚ Depuis sa disparition, l’œuvre littéraire de Lagarce connaît un succès public et critique grandissant. De nombreuses mises en scène de ses textes sont réalisées et c’est l’auteur contemporain le plus joué actuellement en France.
🔾 Présentation de l’œuvre et de l’extrait :
⮚ Sujet de l’œuvre : La pièce Juste la fin du monde est écrite par Lagarce à Berlin. C’est le 1er de ses textes à avoir été refusé par tous les comités de lecture et il ne sera jamais joué de son vivant. Après sa mort, la pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 2008. C’est un huis-clos familial qui met en scène cinq personnages d’une même famille. Le protagoniste, Louis, explique dans un monologue sa décision de retourner chez lui, après une longue absence, pour annoncer à ses proches sa « mort prochaine et irrémédiable ». Lors des retrouvailles, des tensions apparaissent entre les membres de la famille qui peinent à communiquer, entre malentendus et non-dits.
⮚ Présentation du texte : L’extrait étudié clôture la dernière scène de la pièce qui précède l’épilogue. Louis a demandé qu’on l’accompagne à la gare. Antoine, qui n’a quasiment pas parlé pendant la pièce, passe du non-dit à la logorrhée verbale (définition du mot « logorrhée » :
3) trouble de langage qui donne une envie intenpestive de parler). L’action se concentre ainsi, devant les femmes silencieuses, sur le personnage d’Antoine et sa rivalité avec Louis, réduit au silence ici. Au cours de son soliloque (tirade adressée à un interlocuteur muet), Antoine exprime sa colère et sa frustration. Toute la souffrance et la rancoeur accumulées pendant des années refont surface.
🔾 Problématique : En quoi cette tirade est-elle représentative de la relation complexe des deux frères ?
🔾 Annonce du plan linéaire :
- Le réquisitoire contre Louis (l.1 à 25).
Définition du mot « réquisitoire : 4)discours écrit contenant de violentes attaques
- L’expression du mal-être et de la culpabilité d’Antoine. (l.26 à 34)
- La fragile entente entre les deux frères. (l. 35 à la fin)
- Le réquisitoire contre Louis. (l.1 à 25)
Je relève | Je nomme | J’explique largement |
Tu es là, devant moi, / je savais que tu serais ainsi, à m’accuser sans mot, / à te mettre debout devant moi pour m’accuser sans mot | - jeu des 5) personnes « tu » / « moi » - répétition du groupe prépositionnel « devant moi » CC de lieu. - répétition du verbe « accuser » (lexique judiciaire de la culpabilité) | La crise familiale générée par le retour de Louis donne lieu à un règlement de compte. La tirade d’Antoine est en réalité argumentative : il s’agit d’un blâme qui condamne Louis. Antoine souligne le face-à-face spatial qui l’oppose à son frère, comme dans un 6) réquisitoire Antoine interprète le silence de Louis comme un reproche à son égard pour le mal qu’il a pu lui faire. Louis est à nouveau présenté comme un juge.
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Tu es là, / tu m’accables… / tu m’accables / tu nous accables » | - 7)anaphore. des « tu es là » (l.1 à 13) - répétition du pronom « tu »: - répétition X 3 du verbe « accabler » : terme qui signifie « faire ployer sous un poids, de manière à anéantir toute réaction » = dénotation très violente, (étymologiquement en lien avec le combat : « abattre, mettre à terre ») - passage de la 1re pers. du singulier à celle du pluriel « nous » | Les diverses répétitions créent un effet de (/ d’) 8)accusation pour désigner Louis comme le destinataire du blâme. Le verbe « accabler » montre un Antoine qui semble étouffer. Il lui semble impossible de se défendre face aux accusations silencieuses de Louis. La violence de Louis atteint toute la famille. Antoine exprime sa douleur mais prend aussi en charge d’exprimer celle de la famille (passage du « tu » au « nous »). On note ainsi une surenchère du reproche. |
et je te plains, et j’ai de la pitié pour toi…/ … et de la peur aussi… / et malgré toute cette colère, j’espère qu’il ne t’arrive rien de mal | Champ lexical des 9)émotions | Dans le même temps, Antoine exprime des sentiments contradictoires, révélant tout l’amour qu’il a pour Louis, mais suggérant aussi combien l’attitude de son frère génère du mal-être, de l’angoisse. |
« et je me reproche déjà / (tu n’es pas encore parti) / le mal aujourd’hui que je te fais. » | - emploi du verbe « reprocher », en écho au verbe « accuser » + à la forme pronominale = culpabilité - utilisation des adverbes temporels, traduisant la culpabilité d’Antoine | De l’accusation de Louis, le personnage glisse vers 10)les reproches (qui sera répétée l. 30) : il prend conscience du mal que peuvent causer ses paroles ou plutôt de sa peur de faire du mal à Louis. |
« je te vois, j’ai encore plus peur pour toi que lorsque j’étais enfant » | - emploi du verbe de perception « vois » = double sens propre (la vue) et figuré (la clairvoyance, le fait de voir en lui) - tournure comparative « encore plus…que », soulignant le degré d’intensité du sentiment que provoque Louis chez son entourage - proposition 11) subordonnée conjonctive complétive « lorsque j’étais enfant » | Plongée dans le passé familial. La violence de Louis est en relation avec la peur qu’il génère chez ses proches depuis l’enfance, en se positionnant en être souffrant qui inquiète son entourage. |
« et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, / qu’elle est paisible et douce / et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d’avoir failli se lamenter » | - retour du lexique de la culpabilité (répétition du verbe « se reprocher ») - adjectifs mélioratifs « paisible et douce » = lexique du bonheur - en opposition : vocabulaire 12) ……………………………………… : GN « mauvais imbécile », verbe « se lamenter » - douleur minimisée par le verbe « faillir », signifiant « être sur le point de » | Antoine, par sa relecture subjective (et clairvoyante ?) du passé familial, montre implicitement que Louis pratique le chantage affectif, en suscitant la peine, la peur, déjà difficile à soutenir dans l’enfance, et devenant insoutenable dans le présent. La conséquence du chantage affectif de Louis, c’est qu’Antoine se sent 13) coupable Il se reproche tout et son contraire : d’être heureux, alors qu’il a lui aussi droit au bonheur ; mais aussi d’être malheureux ! Il n’y a pas d’issue à la culpabilité. Louis l’a piégé. Antoine est un être blessé, empêché de vivre par la posture adoptée par son frère. Antoine analyse le mécanisme qui lui interdit de se lamenter. |
« alors que toi… » | Début d’une longue proposition 14) subordonnées conjonctive circonstancielle => opposition des douleurs des 2 frères | Il confronte les douleurs, dans une sorte de compétition malsaine. Sa douleur est minimisée et mise en balance avec celle de son frère qui semble plus légitime. |
silencieux, ô tellement silencieux, / bon, plein de bonté » | - emploi de l’interjection lyrique « ô » - adverbes d’intensité « tellement », « plein de »
- antiphrase dans la polyptote « bon, plein de bonté ». | Antoine exprime une certaine ironie face à la douleur silencieuse de son frère. |
tu attends, replié sur ton infinie douleur intérieure dont je ne saurais pas même / imaginer le début du début. » |
- douleur cachée et difficile à cerner comme le montrent les termes « replié » et « intérieure » - adjectif « infinie » - redondance (= répétition littéraire) « le début du début » = ironie | Cette douleur de Louis est à la fois sans fin et cachée : on ne la voit pas mais elle est immense (cf termes « replié » et « intérieure » Le propos d’Antoine souligne l’idée que la douleur de son frère est au-delà de l’imaginable, du réel : elle est indescriptible, indicible, et certainement incompréhensible pour Antoine. Antoine caricature la complexité de la douleur de Louis. Cette douleur semble littéraire, feinte et empruntée à l’univers lyrique et romanesque. En s’exprimant lui-même par une envolée lyrique, Antoine se moque implicitement de l’éloquence qui caractérise Louis (homme de lettres) et de sa posture romantique d’être souffrant et exceptionnel. Antoine ironise car il a compris que l’attitude de Louis est feinte, qu’il joue 16) …………………………………………………………………………. |
Bilan : Dans ce mouvement, Antoine commence par une série de 17) d’excuses adressés à son frère. Il laisse ensuite émerger la complexité de leur relation malsaine : domination, manipulation, chantage affectif, dont Louis serait le responsable. Antoine fait enfin preuve d’ 18)acceptation de soi et s’en sert comme d’une arme contre le misérabilisme de Louis. Il se moque de son attitude de 19) victime blessé qui drape sa souffrance dans le silence. |
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