Politiques

Sciences sociales et politiques : 

        Les études menées par les chercheuses en sciences politiques mettent tous en exergue un penchant à “gauche” des descendants d’immigrés maghrébins sur l’échiquier politique. C’est notamment le cas de la famille Belhoumi d'origine algérienne et arrivée en France en 1970. De ce fait, il convient de s’interroger sur les problématiques suivantes :  

Comment peut-on expliquer le positionnement à gauche des deux sœurs aînées de la famille ? Quelle est leur influence politique sur les autres membres de la famille ? 

Dans un premier temps, nous analyserons les différents vecteurs ayant orienté l’ancrage politique à gauche des ainées, avant de rendre compte de l’influence qu’elles possèdent auprès de leurs petits frères et sœurs.  

        Issus d’un milieu populaire ouvrier, les membres de la famille Belhoumi semblent manquer d’une conscience politique du fait d’une absence de socialisation politique. Cette expression désigne le processus par lequel les individus d'une société deviennent acquis au système politique. En d’autres termes, cela renvoi à l'ensemble des mécanismes et de transformation des systèmes individuels de représentations, d'opinions et d'attitudes politiques. La transmission d’un capital politique peut donc de diffuser à travers l’instance de socialisation de qu’est la famille. Toutefois, dans notre cas, les parents ne sont pas en mesure de pouvoir léguer aux enfants un héritage de réflexion politique. En effet, s’intéresser à ce thème sous-entends bien souvent d’y avoir été initié et incité, notamment dans une culture familiale. Par ailleurs, Cette défaillance ne rime pas avec une indifférence totale et est très légèrement compensée à travers les médias et la télévison, puisque le père ne se prive pas d’exprimer ses opinions politiques et d’adonnent à quelques commentaires visant les personnages politiques.   

Ainsi, le degré de politisation des enfants n’est pas rattaché à la socialisation familiale mais à leurs diverses expériences corrélées à leur niveau de diplôme respectif. Etant les deux ainées, Samira et Leila, sont au sein de la fratrie les plus à même à débattre de politique, notamment Leila. Sa capacité est le fruit d’une socialisation secondaire marquée par un engagement associatif très actif qui a fait d’elle la “cheffe politique de la famille”. Leila participe alors de manière assidue à tous types d’évènements, de festivités ou encore de loisirs au sein de son quartier. Son dévouement extrascolaire à indéniablement forgé sa sensibilité politique ancré à gauche. En outre, la ville où elle réside est historiquement communiste et lui a permis de fréquenter les militants du PCF et de nouveaux groupes de pairs sympathisants de ce parti politique. La localisation géographique du logement familial a donc aussi contribué à véhiculer certaines valeurs liées au progrès social qu’elle a intériorisé à l’image de l’égalité, de la répartition des richesses etc... Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle commence déjà à s’imprégner d’une culture communiste et elle participe à sa première manifestation. A l’inverse, Samira n’a pas pu s’investir aussi précocement dans une quelconque forme de militantisme en raison d’un stricte contrôle social maternel qui l’a contrainte à réduire sa vie sociale. Néanmoins, son manque d’investissement dans les structures associatives ne l’empêchera pas de développer à son tour un intérêt et des convictions qui lui sont propres une fois armée d’un bagage culturel et politique solide. En effet, les conditions de travail de sa profession dans le domaine de la santé vont lui faire prendre une véritable conscience politique. Aussi, si les deux ainées revendiquent un ancrage à gauche sur l’échiquier politique, c’est d’une certaine manière pour protester contre les partis de droite, dans le sens où à quelques occasions, ce dernier se montre hostile envers la communauté d’origine maghrébine dont elles sont issues.   

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