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L'état et l'enjeu de la connaissance

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Par   •  20 Décembre 2020  •  Dissertation  •  3 026 Mots (13 Pages)  •  5 428 Vues

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                        L’état et l’enjeu de la connaissance

                

        Dans le langage courant, connaissance et savoir sont plus ou moins synonymes. Il est cependant intéressant de distinguer le processus actif de production, que nous nommerons la « connaissance », de son résultat, que nous appellerons le « savoir ». Il s’agit de faire jouer la différence entre l’action et son résultat. La connaissance est un rapport actif au monde qui vise à s’en faire une représentation et à l’expliquer. Cette activité associe généralement l’action et la réflexion. Le produit de la connaissance est le savoir. L’accès et le partage de la connaissance constituent des enjeux majeurs pour les États : ils leur permettent d’affirmer leur puissance économique (de générer de la croissance, d’attirer des investisseurs, etc.), mais aussi géopolitique (de disposer d’une monnaie d’échange pour obtenir des avantages économiques auprès de puissances étrangères : partage de brevets, etc.). L’accès à la connaissance apparaît aussi comme un des leviers fondamentaux du développement. S’il semble largement facilité par la puissance d’Internet, il reste l’objet de profondes inégalités, et peut donc être source de compétition et de tensions (espionnage industriel, etc.)         

         Dans quelle mesure produire et diffuser des connaissances constitue un enjeu majeur pour les États comme pour les sociétés ?

        Dans un premier temps, nous verrons par quels moyens l’état produit et diffuse la connaissance. Dans un second temps , nous montrerons les enjeux politique et géopolitique de la connaissance. Pour conclure, nous analyserons l’enjeu du cyberespace.

        

        À partir du milieu du XVe siècle, la diffusion des savoirs s’intensifie en Occident. L'imprimerie, inventée par Gutenberg entre 1450 et 1454, permet d'accélérer la diffusion des connaissances et de publier un livre jusqu'à un millier d'exemplaires. Les lieux de production de connaissances se multiplient et se structurent : académies des sciences soutenues par les États au XVIIe siècle, salons scientifiques au XVIIIe siècle, etc. La presse, les correspondances et les rencontres entre savants accélèrent ce processus. Quant à l’enseignement, ce sont d’abord les institutions religieuses qui l’ont développé. Ainsi la Réforme protestante (XVIème siècle) valorise l'enseignement car, pour elle, chaque croyant doit lire directement la Bible, seule source de la foi. En réaction l’Église catholique insiste aussi sur l'instruction pour défendre et diffuser la « bonne » doctrine contre les protestants.  A partir du XVIIe siècle, l’État intervient et se préoccupe de plus en plus de l’accès au savoir : en effet le développement de l'administration requiert la formation d'un personnel nombreux et compétent. Au XXe siècle, de nouveaux outils de diffusion des connaissances apparaissent. L’apparition des médiat de masse comme la presse spécialisée, la radio, la télévision ou Internet ont permis une intensification des échanges entre savants, ainsi qu'une démocratisation des connaissances, même si des inégalités d’accès demeurent. Au XIXe siècle, les États développent l’enseignement public. Leur objectif est de former des fonctionnaires, mais aussi les techniciens et les cadres d'une économie qui s’industrialise. Ainsi en France, la IIIe République organise un enseignement primaire public obligatoire, gratuit et laïc dans les années 1880.  L’accès à la connaissance varie en fonction des conditions économiques et politiques. Ainsi la diffusion des connaissances s'est opérée, depuis le XVIIIème siècle, depuis les centres vers les périphéries. Aujourd'hui, Internet n'est toujours pas accessible dans certaines régions du monde. Les catégories aisées, généralement urbaines, ont un meilleur accès aux connaissances : elles peuvent acheter des livres ou disposer de bibliothèques. La question du genre se pose également. Tout au long du XIXe siècle en Europe et en Amérique du Nord, et dans de nombreux pays du Sud aujourd'hui, on note un net déséquilibre entre l'alphabétisation des hommes et celle des femmes. L’alphabétisation des filles à l’époque moderne se fait d’abord au sein de la famille, à partir de 6 ou 7 ans. Les livres choisis pour cet apprentissage sont avant tout religieux. Dans les familles les plus riches, on a recours à un précepteur particulier. Pour les plus pauvres, il est possible d’aller apprendre à lire et à compter dans les petites écoles des villes et des campagnes. Le principal frein à l’alphabétisation des filles à l’époque moderne demeure le poids des traditions familiales et religieuses : l’éducation des filles reste étroitement liée à la conception religieuse de la femme et de sa place dans la société. L'effort décisif en faveur de l'alphabétisation des femmes est entrepris dans la seconde moitié du XIXe siècle dans les pays occidentaux. La loi Falloux (1850) instaure les écoles de filles dans les communes de plus de 800 habitants : le taux d'alphabétisation des femmes augmente alors plus rapidement que celui des hommes. En 1882, la loi Ferry reconnaît l'égalité des sexes devant l'instruction. L’instruction laïque des filles est obligatoire, soit à l’école, soit à domicile, dans tout le pays. Aujourd'hui, près des deux tiers des 750 millions de personnes analphabètes dans le monde sont des femmes et un tiers des pays ne parvient pas à la parité entre les sexes dans l'enseignement primaire. L'analphabétisme global est particulièrement élevé en Afrique , au Moyen-Orient et dans le sous-continent indien. Ils sont ainsi très fortement liés au faible niveau de développement de ces régions du monde. Dans les pays développés à l’inverse, la population est alphabétisée et instruite, et bénéficie d'institutions d'enseignement performantes. Les femmes comme les hommes ont accès aux connaissances, vulgarisées par les médias et les programmes scolaires.

        Depuis le XIXème siècle, la production et la diffusion des connaissances scientifiques s’intensifient. Dans chacun des pays d'Europe, tous les acteurs concernés soutiennent la recherche : les États, mais aussi les fondations privées et les entreprises. Dans le même temps émerge, à partir de 1945, une collaboration internationale scientifique (le CNRS, créé en 1939, oriente ses travaux autour de cette collaboration). . Le cas des recherches sur la radioactivité  reflète fidèlement ces évolutions, comme en témoigne la création du Centre Européen pour la Recherche Nucléaire (CERN, à Genève) en 1954. Depuis la fin du XXème siècle, certains pays émergents sont devenus des lieux de production de connaissances scientifiques. C'est le cas de l'Inde, de la Chine ou de la Corée du Sud. Les pays producteurs de connaissances scientifiques sont des lieux centraux de la mondialisation. La radioactivité a été découvert par hasard par Henri Becquerel (physicien français) en 1896. C’est le point de départ de travaux de recherches au sein de la communauté scientifique mondiale. En 1897, la chimiste polonaise Marie Curie et son mari Pierre Curie, démontrent l‘existence de deux élément radioactif : le polonium et le radium. En 1903, les trois chercheurs français obtiennent le prix Nobel de physique : ce prix témoigne de l’intérêt de la communauté scientifique internationale pour les recherches sur la radioactivité. Les scientifiques qui mènent des recherches sur la radioactivité prennent très tôt conscience des menaces que représente l'utilisation de leurs travaux à des fins militaires. Lors de la conférence qu'il prononce à Stockholm en 1905 après l'attribution de son prix Nobel, Pierre Curie déclare : « On peut concevoir encore que dans des mains criminelles le radium puisse devenir très dangereux. ». En 1939, Albert Einstein (physicien allemand) fait part de réflexions similaires, dans une lettre qu’il adresse au Président américain Roosevelt. Cette lettre est le point de départ du Projet Manhattan. Il s'agit de prendre de vitesse l'Allemagne nazie et son projet Uranium amorcé dès 1941. De nombreux sites sont mobilisés, y compris au Canada. Le Royaume-Uni participe aussi activement au projet Manhattan (échange d’informations). Toutefois, la « collaboration scientifique » fut limitée par le cloisonnement imposé par l’armée américaine. Le premier essai nucléaire américain est réalisé le 16 juillet 1945 au Nouveau-Mexique. Les bombes Little Boy et Fat Man sont ensuite utilisées lors des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique.

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