Dissertation ironie
Dissertation : Dissertation ironie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Benjamin Hrn • 3 Décembre 2015 • Dissertation • 1 721 Mots (7 Pages) • 2 222 Vues
Haran Benjamin
L'argumentation est un procédé qui à pour but de convaincre une personne, et donc de le faire agir sur un sujet en particulier. Pour atteindre cet objectif, le moyen le plus efficace est de réduire la distance entre l'auteur ( Ethos ) et le lecteur ( Pathos ), le message ( Logos) doit ainsi montrer aux deux protagonistes qu'ils ont les mêmes valeurs. Au XVIIIe siècle les philosophes voulaient réformer la société, la rendre plus juste, plus humaine. Leur outil préféré dans leurs argumentations fut sans doute l'ironie, manière pertinente qui repose sur un discours qui n'est généralement pas le sien et que l'on emprunte à quelqu'un d'autre. En effet l'ironie consiste à affirmer le contraire de ce que l'on veut faire entendre dans le but de se moquer, de railler et donc de dénoncer. Ainsi nous nous demanderons si l'ironie est le meilleur moyen de dénoncer ?
Dans un premier temps nous nous intéresserons à l’efficacité de l'ironie puis nous nous pencherons sur les limites qu'elle implique. Enfin nous nous interrogerons sur la véritable signification de l'ironie.
L'ironie est une forme argumentative très utilisée, cela démontre une certaine efficacité, et ce de plusieurs manières. Tout d'abord, au temps des lumières notamment, l'ironie est un moyen efficace de lutter contre la censure. En effet, l'antiphrase consiste à dire l'exact contraire de notre réelle pensée. L'exemple le plus flagrant et celui de Montesquieu dans son texte « de l'esclavage des nègres » où celui-ci utilise un argumentaire rempli d'hyperboles et d'exagérations pour encourager l'esclavage. L'autre exemple est bien évidemment celui de Voltaire dans « Candide » qui utilise l'ironie dans un roman « fantastique » lui permettant de critiquer la société au XVIIIe siècle sans craindre quelconques poursuites. Ex ; « appartement d'une extrême fraîcheur » pour désigner la prison.
L'ironie, pour être efficace, utilise généralement l'humour afin de réduire la distance entre l'auteur et le lecteur. Ainsi, l'ironie fait rire ou sourire et cela est une très bonne chose dans l'argumentation, les philosophes de lumières comprendront qu'avoir les rieurs de leur côté est une force. Nous pouvons prendre une nouvelle fois l'exemple de « Candide » quand Voltaire, par l’intermédiaire de son personnage, nous décrit un esclave nègre « n'ayant plus que la moitié de son habit, il lui manquait la jambe gauche et la main droite ». Cet extrait est teinté d'humour, noir certes mais d'humour quand même. En effet quel intérêt d'avoir un vêtement entier lorsque l'on est mutilé de la sorte ? Enfin nous pouvons signaler qu'il est préférable de se montrer ironique, plutôt que d'attaquer ses ennemis de front. Véritablement nous pouvons affirmer que l'ironie et l'humour renforcent la violence de l'attaque.
Enfin, l'ironie touche à l'intelligence du lecteur. Elle est l'arme utilisant la raison, le bon sens, la logique. D'une certaine manière, l'ironie réduit la distance entre l'Ethos et le Pathos car elle valorise le lecteur. En effet, celui-ci peut se sentir flatté car l'auteur le suppose suffisamment subtil pour comprendre le sens caché du texte. L'autre point essentiel est l'objectif de l'auteur, effectivement celui-ci cherche à faire réagir son public. Or nous pouvons constater d'une manière générale qu'il est plus évident de se révolter lorsque nous ne sommes pas submerger par nos émotions. L'un des exemples les plus démonstratifs est sans aucun doute le texte de Jonathan Swift « humble proposition » qui derrière le ton léger et l'extrême sérieux d’idées plus qu'aberrantes, cette proposition regorge de virulentes dénonciations. En effet, derrière ce texte teinté d'ironie, Jonathan Swift dénonce tour à tour la pauvreté, la domination anglaise politique, économique et militaire sur l'Irlande. Ainsi, cet auteur dublinois du XVIIIe siècle décide de s'attaquer à ces injustices sans crier son horreur, sans tenter de faire larmoyer son public. Il y eut scandale bien évidemment mais l'utilisation de l'ironie fut mille fois plus efficace pour inciter l'Irlande à se réveiller qu'une lettre ouverte ordinaire.
Ainsi l'ironie apparaît comme une arme redoutable dans l'argumentation, en effet elle protège celui qui l'emploie et rend intelligent celui qui la comprend en le faisant rire. Toutefois, l'ironie peut se retrouver être à double tranchant et elle n'est pas sans danger.
Comme nous le disions précédemment, l'emploi de l'ironie n'est pas sans risque, il convient d'être prudent lorsque nous la manipulons car elle peut tout à fait se retourner contre l'ironiste. Le principal risque lorsque l'on emploi l'ironie est tout simplement que celle-ci ne soit pas comprise. En effet il est tout à fait possible que le lecteur ne perçoive pas l'ironie et qu'il interprète l'intégralité du texte au premier degré. De ce fait il peut y avoir une grande incompréhension entre l'Ethos et le Pathos et finalement, au lieu de réduire la distance, une ironie mal perçue peut au contraire l'agrandir. C'est exactement ce qu'il s'est passé il y a une dizaine d'années lorsque François Régis Hutin, pourtant président du directoire du grand quotidien régional Ouest-France, réalise un éditorial erroné sur le texte «de l'esprit des lois » de Montesquieu. Vraisemblablement, ce grand journaliste français s'est fait piéger et certains de ses collaborateurs lui ont caché l'existence de la phrase introduisant ce texte « si j'avais à soutenir le droit que nous avons de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais ». Nous assistons ainsi à un parfait exemple d'incompréhension du texte et nous pouvons donc constater qu'une ironie mal comprise peut finalement perdre toute son efficacité.
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