Spinoza et les finalités de l'Etat
Cours : Spinoza et les finalités de l'Etat. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Twelve • 25 Janvier 2018 • Cours • 777 Mots (4 Pages) • 652 Vues
A une époque politiquement mouvementée entre une monarchie absolue et l’apparition d’une monarchie parlementaire, une interrogation naît sur comment mettre en adéquation les libertés individuelles des citoyens et les objectifs de l’Etat de garantir l’ordre et la paix sociale. Spinoza, philosophe rationaliste Néerlandais du XVIIème siècle, présente ainsi dans son Traité théologico-politique livre 20 les finalités de l’Etat comme une liberté synonyme d’autonomie. Nous allons voir dans un premier temps ses objectifs assignés à l’Etat, ensuite le droit d’agir, que le citoyen doit accepter de perdre et enfin les droits fondamentaux de raisonner et de juger qu’il doit garder et cultiver pour que l’état puisse fonctionner et garantir la paix.
Spinoza nous présente donc les finalités de l’Etat, tout d’abord, en s’opposant et en dressant une liste de ce qu’elles ne sont pas « n’est pas » (ligne 2). Elles ne relèvent en aucun cas d’instaurer un sentiment de « crainte » (ligne 4), de « domination » (ligne 2), de « soumission » (ligne 3), de « transformation des hommes » (ligne 6) comme on pourrait le rencontrer dans un système autoritaire ou disciplinaire comme Machiavel avait pu le présenter. En revanche, selon lui, « la fin de l’Etat est donc en réalité la liberté » (ligne 10) vue comme autonomie rendue possible par une vie en sécurité dans laquelle la « Raison est libre » (ligne 8). Il refuse donc la théorie de la liberté naturelle et des personnes laissées livrées à elles-mêmes, celle du maintien exhaustif de l’ordre social qui engendrerait inévitablement la contrainte ou la soumission totale à la souveraineté ou à un droit divin.
Ainsi, Spinoza démontre ensuite que toutes les formes de constitution de l’Etat : démocratie, aristocratie, monarchie, despotisme, conduisent aux finalités présentées. Tel est le cas à condition que seul l’Etat ait le pouvoir de décision, qu’il garantisse sans équivoque les choix et représente la voie suprême. Il est impensable, en effet de permettre à chaque personne de décider, « d’agir » (ligne 16) avec son droit naturel, selon son bon vouloir car tenant compte des différences de chacun, des envies et des histoires singulières, il serait impossible d’atteindre un consensus et ceci conduirait inévitablement à la violence, la « haine » (ligne 21), l’anarchie. La sécurité serait fragilisée et donc, l’auteur conscient de l’importance de la paix préconise un pouvoir fort et respecté ne laissant aucune place aux dangers menaçants le « pouvoir souverain » (ligne 24). Par conséquent, le vivre ensemble nécessite le « renoncement au droit d’agir selon le seul décret de sa pensée » (ligne 16), à une partie de sa liberté naturelle.
Mais seulement « le droit d’agir selon son propre décret de sa pensée » (ligne 16) est concerné. Tout un chacun doit conserver et utiliser ses libertés fondamentales de « raisonner » (ligne 17) et de « juger » (ligne 17) et plus largement celle de penser qui caractérise le propre de l’Homme. Cette liberté inaliénable sera d’ailleurs reprise dans la « Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ». Un homme qui obéirait sans utiliser sa raison retournerait au stade animal, s’il obéissait à une raison qui n’est pas la sienne, il deviendrait une machine. Ainsi ces deux facultés permettent à l’homme d’exister en tant qu’individu singulier. C’est pour cela que l’Etat ne peut quand même pas accepter que le citoyen aille à l’encontre de ses décrets ni lui imposer une privation de son droit de penser, de raisonner, « de parler, de juger, d’enseigner » (lignes 19-20). Cette liberté de pensée rencontre tout de même des limites ; même si elle peut tendre à débattre, à convaincre, à argumenter parfois avec véhémence, elle doit respecter les décrets, les règles pour « la paix de l’Etat » (ligne 31) et « la justice et les valeurs sacrées » (ligne 34).
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