Sartre
Commentaire de texte : Sartre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar OriVik • 27 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 2 545 Mots (11 Pages) • 520 Vues
Qui n’a jamais fait l'expérience de “chercher ses mots” lors d’une discussion? Qui ne s’est jamais retrouvé pantois en tentant de décrire un sentiment qu’il décrirait “d’indicible” ? Qui ne s’est jamais dit que le langage était en inadéquation avec le concept désigné ?
Sartre, dans cet extrait de a pour objet les rapports des mots à la réalité du concept qu’ils décrivent, s'interroge justement sur la nomination. Il se pose des questions sur la fiabilité du langage et la précision des mots, pour autant, il semble ne pas oublier que ces derniers ne sont que les inventions des hommes, et que par conséquents, les carences qu’ils contiennent sont conséquences de notre manque de capacités à nommer les choses. Ainsi, un problème se pose: Le langage est-il destiné à estomper le sens et la complexité de nos sentiments, ou bien est ce que les mots ne seraient pas plus complexes que ça, offrant la possibilité d’un développement de leur capacités ?
Sartre introduira dans un premier temps sa réflexion, expliquant que les mots ne rendent pas compte de la force des sentiments qu’ils décrivent, puis dans un second temps il développera sa thèse en nous montrant que malgré tout, les mots et les sentiments sont plus complexes que ce qu’ils laissent paraître. Enfin, il conclura sur sa réflexion en ouvrant la discussion sur la conception du langage lui même comme sentiment.
Sartre commence sa thèse en disant « Il se peut que je m’agace aujourd’hui”, phrase d’entrée qui soulève d’emblée l’avis de l’auteur sur l’insuffisance des mots. En tant qu’homme de lettres et notamment poète, la signification des mots revêt une importance toute particulière pour lui.
Il continue en disant “Parce que le mot “amour; ou tel autre ne rend
pas compte de tel sentiment.” La dessus, il appuie sur l’idée qu’un mot n’est pas suffisant à décrire l’intensité et la profondeur des sentiments. Il prend l’exemple de l’amour qui est une expérience émotive que la majorité des gens connaissent ou connaîtront un jour. Ainsi, il introduit sa thèse, expliquant que l’utilisation de ce mot, de ce signe; est approximatif et n’est pas à la hauteur du sentiment qu’il désigne réellement. La base de sa réflexion s’appuie sur l’idée que le langage fait perdre la force et la grandeur aux sentiments, selon une philosophie du surréalisme. De son point de vue, le langage appauvrie le sentiment, il lui fait perdre son vrai sens. Il se questionne ensuite: “Mais qu’est-ce que cela signifie ?”. Ici, il nous indique qu’il va procéder à l’explication de sa thèse.
Il finit d’exposer la base de sa philosophie en complétant son introduction par cette affirmation: “A la fois que rien n’existe qui n’exige un nom, ne puisse en recevoir un et ne soit, même, négativement nommé par la carence du langage.”. Il expose l’idée que toute chose a besoin pour exister d'être nommée: sans nom, sans moyen de désigner un concept ou une idée, il est impossible d’exprimer cette idée, même si elle est imprécise. Pour qu’il y ait dialogue sur quelque chose, il faut avoir quelque chose à désigner. Ne pas nommer les choses les condamnent à tomber dans l’oubli, a ne pas pouvoir être partagées et discutées. La pensée a besoin du langage pour avoir une consistance, et en conséquent pour s’articuler. Donc, tout à besoin d’être nommé, et surtout, toute chose peut être nommée. Il n’y a de chose qui ne puisse se voir accorder une nomination. Même si cette nomination est mauvaise ou pauvre. Car selon Sartre, le langage est plein de carences, souvent il n’arrive pas à englober la totalité des choses qu’il implique, il ne désigne que le concept qu’il représente. Ou bien ce qu’un sentiment représente pour l’un, ne représente pas la même chose pour l’autre, pour autant ces deux ressentis vont porter le même nom, ce qui est incorrect mais qui à l’avantage de permettre une discussion sur ce sentiment. Par exemple si quelqu’un parle d’un objet blanc, il aura peut être en tête une nuance bien précise que son interlocuteur ne saurait visualiser, ou qu’il imaginerait différente. Pourtant, si il y a une divergence dans l’interprétation de ce mot, ils sont en accord sur le thème général et peuvent parler de cet objet. Dans la seconde partie de son développement, il expliquera que les mots et les sentiments sont en réalité plus complexes que ce qu’ils laissent paraître
Pourtant, il est possible d’être en désaccord sur cette vision du langage que nous propose Sartre. Selon lui tout pourrait être dit. Tout pourrait être nommé. Pourtant, même en cherchant profondément en nous, certaines impressions sont impossibles à expliquer. C’est le cas des rêves, par exemple. Ils nous plongent souvent dans des mondes, dans des atmosphères qui seraient impossibles à décrire, qui ne font sens que dans le rêve lui même, tant et si bien que même pour nous, au réveil, il n’est pas aisé de se définir à soi même le rêve dont nous venons de faire l'expérience. Alors le décrire à quelqu’un d’exterieur semble impossible. C’est aussi le cas de certains sentiments, pour mettre des mots dessus, encore faudrait-il être capable de les comprendre soi même. Il arrive de ressentir des émotions, un genre de tristesse ou nostalgie qui n’en sont pas vraiment par exemple. Une impression à l’intérieur de soi même indescriptible dans son propre esprit, et donc parfaitement indicible. En cela, si Sartre à raison en disant que les mots ne rendent pas forcément compte des sentiments, dire que tout peut être nommé et peut être radical, sachant que certaines choses sont indéfinissable à l'intérieur même de sa pensée. Bergson fait parti de ces philosophes qui croient en l’ineffable: pour lui l’humain est essentiellement indicible. Il constate qu’il y a un fossé entre ce que nous percevons, nos expériences émotives voir sensorielles, et notre capacité à les exterioriser par le langage. Nous nommons les choses en utilisant des étiquettes, qui les définissent dans leur généralité sans prendre en compte l’ensemble de leurs caractéristiques.
Dans un deuxième temps, pour expliquer que les mots sont complexes, Sartre continue en soulignant le fait ”Et, à la fois, que la nomination dans son principe est un art : rien n’est donné sinon cette exigence”. Maîtriser le langage est une science qui n’est pas donnée à tout le monde. Utiliser les mots tels qu’ils devraient être utilisés est un art technique. La nomination est complexe et requiert une connaissance des mots développée, il faut être artiste pour maîtriser ce sujet, car de fait, rien d’autre que l'habileté de la
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