Quels sont les reproches qui peuvent être adressés à l’utilitarisme et de quelle théorie économique témoigne-t-il ?
Dissertation : Quels sont les reproches qui peuvent être adressés à l’utilitarisme et de quelle théorie économique témoigne-t-il ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rose Tsoungui • 17 Mai 2021 • Dissertation • 1 296 Mots (6 Pages) • 596 Vues
Sujet 1 (Partie 1, cours de Claire Pignol) :
Il a été reproché à l'utilitarisme d'être un outil d'oppression d'une minorité par la majorité. Ce reproche peut-il être adressé à l'économie du bien-être (première et nouvelle) et aux théories économiques de la justice ?
Vous mobiliserez avec la plus grande précision les éléments du cours, définirez ce que peut être l'oppression du point de vue de ces théories économiques, et traiterez la question en distinguant clairement les différentes théories étudiées. Vous pourrez, éventuellement, dans une dernière partie séparée des paragraphes précédents, mobiliser vos connaissances pour les appliquer à des enjeux économiques et politiques actuels.
« Le bonheur le plus grand pour le plus grand nombre doit fonder les mœurs et les lois »[1] ; ainsi est fondé le raisonnement utilitariste. L’utilitarisme est une doctrine en philosophie éthique et sociale ayant pour but de répondre à la question : « Qu’est ce qui est bon pour la société ? ». L’utilitarisme est une doctrine ayant été développés par les philosophes Bentham et Mill (philosophes du 19e siècle). La réponse de l’utilitarisme à la question du bon pour la société est que le plus grand bonheur est le total des plaisirs additionnés de chaque individu. L’utilité est ainsi le seul critère de moralité dans la société utilitariste.
Quels sont les reproches qui peuvent être adressés à l’utilitarisme et de quelle théorie économique témoigne-t-il ?
En premier lieu sera étudiée la première théorie du bien être et la critique de cette dernière en parallèle du critère utilitariste. En second lieu, nous verrons que l’utilitarisme ne relève d’aucune théorie économique postérieure (étudiée) à la première théorie du bien-être.
La première économie du bien-être a été développée au début des années 1920 par l’école marginaliste anglaise (comprenant des auteurs comme Pigou, Marshall, Jevons ou encore Edgeworth). Le marginalisme repose sur l’idée que la valeur économique résulte de l’utilité marginale (l’utilité marginale représente l'utilité qu'un agent économique tire de la consommation d'une quantité supplémentaire d'un bien). Dans le contexte de la première économie du bien-être, l’utilité marginale est en réalité égalitariste puisque le but est le bien être du plus grand nombre : l’égalité se déduit de la maximisation de l’utilité totale. La première économie du bien-être repose sur le critère utilitariste. Afin d’allouer et de maximiser le bonheur du plus grand nombre, l’utilité est ici une notion cardinale et les comparaisons sont interpersonnelles. Cela signifie qu’il existe dans le critère utilitariste (et de ce fait dans la première économie du bien-être), une comparaison quantitative des utilités de deux agents différents. C’est sur ce point que porte la critique de Robins et c’est ainsi que peut être reproché à l’utilitarisme d’être un outil d’oppression d’une minorité par la majorité.
Le raisonnement utilitariste suppose que les utilités de chaque individu sont mesurables ; qu’elles peuvent être comparées grâce à une unité de mesure commune. Le raisonnement utilitariste suppose de même que l’utilité du revenu/ consommation est constante et que chaque agent tire la même satisfaction d’une unité de revenu supplémentaire or ce n’est pas le cas : la théorie utilitariste repose sur des fondements non scientifiques. On ne peut observer les satisfactions de chacun, puisque ce sont des expériences psychiques ; chacun peut les éprouver dans son for intérieur et les connaître par introspection (et encore ce n’est pas chose facile pour tout individu puisque « l’esprit humain est comme une carte sur laquelle quelques régions seulement sont éclairés »[2]). Ainsi, personne ne peut se mettre à la place d’autrui et se permettre de comparer les satisfactions.
L’utilitarisme peut être jugé un outil d’oppression. De fait, prenons un exemple économique qu’est celui de l’impôt progressif qui agit comme instrument de redistribution des revenus. Avec l’impôt progressif, le taux de prélèvement augmente avec la valeur du revenu taxé (il n’est ainsi pas proportionnel au revenu). Ce système est un système qui profite au plus grand nombre puisque le gain d’utilité (permis grâce à la redistribution des revenus) des ménages les moins aisés est supérieur à la perte des ménages le plus aisés. Prenons un autre exemple, celui d’un meurtrier et de ses proches. Selon le critère utilitariste, le meilleur choix serait d’exécuter ce meurtrier plutôt que de le laisser en vie pour le bien être du plus grand monde. Si cette solution parait s’avérer la plus juste, il faut aussi penser aux proches du meurtriers (qui eux sont innocents) et à la peine qu’ils pourraient éprouver en à la suite de l’exécution du meurtrier. Le critère utilitariste s’adonne ainsi à des dilemmes moraux et à certaines contradictions.
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