Qu'est-ce que le moi ? Blaise Pascal, Les pensées

"Qu’est-ce que le moi ?

Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non car il ne pense pas à moi en particulier mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus.

Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées."

Blaise pascal, Les Pensées.

1. Rédigez l’introduction de l’explication de texte. (thème, problème, reformulation de la thèse, et détail des étapes de l’argumentation) 20 à trente lignes.
2. Expliquez en vous appuyant sur les arguments du texte et votre réflexion, la formule suivante : « On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.»

NB : la notion de qualité est simplement ici à comprendre comme ce qui sert à « qualifier » quelqu’un (professeur, brun, homme, …). Des choses qui pourraient se transformer sans que je cesse pour autant d’être moi.

1.         Dans l’œuvre de Blaise Pascal les Pensées, Pascal  se questionne sur la définition du moi. Instinctivement, le moi semble être l’union de l’âme et du corps, ce qui constitue un individu, qui le différencie des autres. Cependant, Pascal soutient dans ce texte un autre point de vue, il montre que le « moi » est difficilement identifiable car selon sa thèse, le moi est ce qui demeure permanent dans un être changeant. Pour démontrer cela il prend appui sur plusieurs exemples autour de l’amour qu’il analyse.

Les questions qui ont poussé Pascal à avoir ce résonnement sont qu’est-ce que le moi, où se trouve-t-il , est-il un seulement des qualités ?

L’argumentation de Pascal est en 4 parties, Une première où il montre l’exemple d’un  passant, Une seconde où il s’interroge sur la définition du moi physique, une troisième où  il d’interroge sur la définition du moi intellectuelle et une dernière où il s’intéresse au moi des rôles sociaux que l’on joue.

1. « On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. »

Selon Pascal, le moi, est ce qu’il reste à l’être lorsque l’on soustrait à celui-ci ses qualités physiques, intellectuelles et ses rôles sociaux. Le moi est donc sans qualité. Cependant, cette définition pose problème pour ce qui est de l’amour, car ce qu’il reste à un être sans qualité est particulièrement  abstrait, grâce à ce flou, Pascal explique que cette « substance » spirituelle est trop insaisissable pour être digne d’amour. Par exemple si l’on prend cette « substance » entre 2 personnes différentes dont on a extrait toutes qualités, qu’est ce qui rend la première personne plus attirante que la seconde ou inversement ? De ce résonnement, Pascal montre que ce qui rend attirant et qui déclenche l’amour ce sont les qualités physiques, intellectuelles ou sociales.

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