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Prétendre distinguer l’homme de l’animal, est-ce légitime ?

Dissertation : Prétendre distinguer l’homme de l’animal, est-ce légitime ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Avril 2018  •  Dissertation  •  1 852 Mots (8 Pages)  •  3 411 Vues

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Dissertation de philosophie

Marie Pamboutzoglou.

Sujet : Prétendre distinguer l’homme de l’animal, est-ce légitime ?

L’homme partage avec les autres animaux de nombreuses caractéristiques. Pourtant, depuis la nuit des temps, de nombreux philosophes s’interrogent sur la distinction des deux êtres. La distinction de deux choses est le fait de déterminer ce qui les rend différent. La plus importante différence est la dotation des deux êtres à leur naissance. L’homme est doté de raison tandis que l’animal est doué d’instinct. La détermination instinctuelle fait de l’animal un être dans laquelle la nature met à disposition tout ce dont il a besoin pour survivre dans son environnement, sans qu’une activité consciente soit nécessaire. Inversement, la raison donnée à l’homme lui offre la possibilité de la transmission des savoirs de génération en génération, ce qui ouvre pour lui l’horizon d’un progrès indéfini.

En revanche, la légitimité de la distinction est remise en cause. La légitimité s’oppose à la légalité, elle est conforme au droit positif ou ce qui est fondé sur la morale. Elle est donc indissociable d’une justification, et donc de la notion de justice, qui se situe au delà de la simple conformité. Nous allons donc nous demander dans quelle mesure peut-on opposer l’homme et l’animal.

La différence entre l’homme et l’animal s’articule autours de la présence de l’instinct chez l’animal et de la raison et la conscience en l’homme. La raison est une faculté dont la nature est évolutive et donc les effets sont exponentiels dans le temps au contraire de l’instinct qui varie peu a mesure du temps.

Parce qu’il est conscient et conscient de lui même, l’homme est un être extraordinaire, il n’est pas assimilable aux simples choses, et probablement pas non plus à la plupart ou même à la totalité des animaux. En effet, la conscience, première certitude indubitable donc chacun peut faire l’expérience se présente comme l’essentiel de ce que je suis, tandis que les attributs changeant de mon corps restent accidentels. Par la conscience, l’homme se représente le monde, c’est-à-dire qu’en pensant, il le met à distance de lui-même. Autrement dit, être conscient permet de ne pas être simplement dans le monde comme une chose parmi les choses, mais de se constituer soi-même comme devant le monde, extérieur et indépendant de lui. Etre conscient, c’est se poser comme un « je » en face du monde. Dès lors, on voit que la conscience fait de l’homme un véritable sujet, c’est-à-dire un être à qui l’on peut attribuer des actions et des pensées propres. Le sujet conscient est donc libre et responsable. En effet, non seulement la conscience se présente comme la condition de possibilité de l’acte libre, opposable en ceci à l’acte instinctif de l’animal, mais on peut même la considérer comme synonyme de choix, selon Bergson, puisqu’elle se manifeste précisément quand l’action automatique n’est pas possible et que la libre décision doit précéder l’acte. La conscience est insaisissable, être conscient c’est être diffèrent d’une chose. La conscience est ailleurs, Rimbaud dira « Je est une autre ». On voit que sur l’être conscient, on ne peut jamais mettre la main. Si l’être conscient n’est ni saisissable ni appréhendable comme le sont les choses simples, dont les animaux, alors il n’y a pas de prix mais une dignité. Cette distinction vient de Kant. La valeur d’une personne n’est pas un prix relatif au prix d’autre chose, mais une dignité toujours absolue car comparable.

L’homme est un agent libre, à l’inverse de la nature. Il produit ses propres déterminations, il est la source de ses actions. D’après Rousseau, si l’animal meurt, c’est parce que la règle est trop rigide et trop contrariante. A l’inverse, si l’homme court à sa perte, c’est parce qu’il s’écarte trop souvent à la règle de la nature. Chez l’animal, la limite est trop présente, tandis que chez l’homme, il n’y en a pas assez. L’homme, libre, est indéterminé, c’est un animal dénaturé. Il a en lui un déficit d’instinct, sa nature primitive n’est pas assez définie par l’instinct et il a des comportements contre nature.

L’instinct opère en l’animal par un mouvement occulte selon Pascal. C’est mécaniquement, donc sans conscience, que l’animal se souscrit à la règle de la nature. Ce n’est donc pas un acte, mais un mouvement, c’est-à-dire un réflexe, une réponse naturellement adaptée au besoin. Cette réponse est immédiate, la nécessité pour répondre aux urgences liées à la conservation de la vie est supérieure à tout le reste pour l’animal, elle ne tolère donc aucun délai sous risque de mettre en danger l’animal lui-même. C’est pourquoi il n’y a chez l’animal ni apprentissage ni transmission des connaissances qui définissent ce que l’on peut appeler l’éducation que reçoit en revanche l’homme tout au long de sa vie. L’animal sait immédiatement ce qu’il doit faire en cas de danger. Le savoir ne se transmet pas, c’est pourquoi le perfectionnement de l’animal n’est pas utile. Il n’a pas besoin de temps de maturation pour l’éducation à l’inverse de l’homme.  L’animal ne peut être autre qu’il est d’emblée tout ce qu’il doit être. L’homme, quant à lui, est faiblement déterminé par la nature. Ses comportements et ses modes de vie, il les doit essentiellement à sa dimension culturelle. A l’échelle anthropologique, la culture est un trait spécifique de l’espèce humaine. Sa particularité est d’être privé de détermination que la nature semble accorder aux animaux. L’homme peut donc choisir son mode de vie, avec son intelligence et non son instinct. Pour Rousseau, l’homme est perfectible.

Il y a une exception très simple dans le règne naturel, c’est l’homme. Elle tient à la présence en lui de la raison. Il est donc indigne d’oser comparer l’homme de l’animal, car ça revient à les mesurer l’un à l’autre et ne les distinguer que selon le degré sur une même échelle. La différence entre eux serait une différence de nature et c’est la raison qui donne à l’homme sa spécificité et le distingue radicalement de l’animal. La raison est une faculté qui ouvre à l’homme des perspectives infinies et démesurées, elle lui donne la possibilité de prendre conscience qu’il y a quelque chose à connaître, de faire de chaque chose un objet de savoir et de le transmettre à ses prochains.

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