Pourquoi obéit-on ?
Dissertation : Pourquoi obéit-on ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar leabqt16 • 29 Janvier 2018 • Dissertation • 345 Mots (2 Pages) • 679 Vues
Les êtres qui se présentent l’un à l’autre, se subordonnent l’un à l’autre ». Cette sentence, formulée par Emmanuel Levinas (1994) dans un texte écrit en 1953, entraîne immédiatement une multitude de questions. Qu’y a-t-il en jeu dans les processus de subordination ? Que se passe-t-il lorsqu’une personne suggère, ordonne, décide ou, à l’inverse, ne décide pas face à d’autres personnes ? Quels facteurs culturels, sociaux ou idéologiques lui dictent sa conduite, ses manières, ses paroles, et que ressentent ceux qui obéissent ou qui refusent d’obéir ? Ces questions, posées dans le cadre de l’armée française au cours de la Première Guerre mondiale appartiennent à leur époque, ô combien. La Grande Guerre compte parmi les sujets d’histoire qui, ces dernières années, concentrent en effet le plus grand nombre de publications liées à l’exercice de l’autorité et aux visages de l’obéissance. Une sorte de bipolarisation des espaces de diffusion historiographique sur la Première Guerre mondiale en a encore augmenté le volume. Dans ce contexte et sur ce sujet est-il possible d’apporter des éléments nouveaux ? Nous le pensons, surtout si on tente d’éclairer ce qui reste trop souvent dans l’ombre : l’étude du lien hiérarchique. Pour cette raison, je placerai la relation d’autorité « de contact » en temps de guerre au centre de mon questionnement. Dans les lignes qui suivent, je m’intéresserai à l’autorité de l’officier subalterne et à celle du sous-officier, chef de contact, c’est-à-dire en lien direct, physique, avec leurs soldats. Je laisserai dans l’ombre la question de l’autorité des officiers supérieurs dont l’autorité demeure à distance des hommes. La polysémie du mot « lien » est fort utile : elle annonce d’emblée une ambivalence, le lien étant d’une part ce qui relie, ce qui rassemble et, d’autre part, ce qui attache, ce qui retient. La relation hiérarchique doit donc être pensée comme un lien chargé d’affects et de signes qui réunissent des hommes de différents grades. Dans le même temps, le lien peut être pensé aussi comme une relation qui enserre, qui maintient, bref, qui contraint ceux qui lui sont subordonnés
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