Pourquoi désirer l'impossible ?

POURQUOI DESIRER L’IMPOSSIBLE ?

Le désir est l’ « essence même de l’homme » selon la plupart des philosophes. D’ailleurs le langage courant ne différencie pas le besoin et le désire. Le besoin lui est réel et relève de notre nature, on doit remplir nos besoins pour vivre, contrairement au désire qui se déploie dans l’imaginaire, et tient un aspect qui peut être fâcheux pourtant, il est la source de la prospérité de l’Homme. On peut facilement le montrer avec l’exemple de la nourriture. Je m’explique, manger lorsqu’on a faim relève de la satisfaction d’un besoin alors que manger par désir relève de la gourmandise. Le besoin disparait, mais le désir persiste. « Nous ne désirons aucune chose  parce que nous la trouvons bonne, mais au contraire, nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous la désirons. » disait Spinoza,  certainement que lui aussi avait des désirs comme tous les humains, mais désirait il l’impossible ? Désirait-il une chose qui, même s’il vivait une éternité, il ne pourrait l’atteindre ? Cela est bien la description de l’impossible, quelque chose d’inatteignable. Mais dans ce cas pourquoi vouloir  atteindre l’inatteignable ? Pourquoi faire des sacrifices pour au final peut-être ne jamais réussir à posséder ce que l’on désire au plus, car il est inaccessible? N’est-ce pas prendre le risque de ne jamais être satisfait et ne vaut-il pas mieux, dans ce cas, désirer seulement ce qui est possible ?

Le désir est-il illimité ? Arrive-t-il à nous rendre heureux ?

Pour répondre à ces interrogations, nous nous demanderons pour quelles raisons le désire de l’impossible est la nature même du désir, puis nous étudierons en quoi la quête de l’impossible est un frein au bonheur, et enfin nous verrons que le désire de l’impossible est la force des Hommes.

I-DESIRER L’IMPOSSIBLE CAR C’EST LA NATURE DU DESIR

Le désir est illimité on ne peut pas le combler.

On peut s’interroger sur la finalité du désir, et sur l’enchaînement infini des désirs. Est-il réellement possible de combler ce manque qui peut sembler infini ?

Si le désir se perpétue indéfiniment, c'est que la satisfaction du désir ne semble pouvoir montrer que le désir provoque du plaisir, et qu’au final ce tourbillon ne nous amène à rien et l’on s’y perd. Sur le caractère insatiable du désir, la personnalité de Don Juan témoigne du fait que la satisfaction d’un désir ne donne qu’un plaisir éphémère, et qu’aussitôt d’autres désirs naissent pour remplacer le précédent. Dès que Don Juan dès qu’il a réussi à la séduire, au lieu d’en éprouver une véritable joie, il se met immédiatement à en désirer une autre. Epictète parle du désire plus directement : « Qui peut vaincre une tendance, sinon une autre tendance ? Qui peut vaincre un désir ou une aversion sinon un autre désir ou une autre aversion ? Si l’on me menace de mort, dis-tu, on me contraint ? Ce n’est pas cette menace qui te contraint d’agir, c'est l’opinion que tel ou tel acte est préférable à la mort ; c'est donc bien encore ton jugement qui t’y oblige ; c'est la volonté qui oblige la volonté. »

Plus on a plus on en veut, c’est-à-dire que dès l’obtention d’un désir, on veut posséder quelque chose d’autre et ainsi de suite. Par exemple après avoir réussi à détenir le brevet on désire le bac. Le désir est, en ce sens, proprement humain. Les animaux n’éprouvent que des besoins, alors que l’homme est de manière essentielle un être de désir. Ce cercle sans fin peut être métaphorisé avec le mythe des Danaïdes, qui sont trois femmes en enfer devant remplir un récipient troué.

On désire ce que l’on ne possède pas on désire alors l’impossible.

Par définition, on ne désire que ce que l’on n’a pas puisque le désir naît du manque. Or, l’impossible, c’est aussi ce que l’on n’a pas. Par conséquent, c’est dans la nature même du désir, que de désirer ce qui nous manque, de désirer l’impossible comme ce qui manque toujours. Par exemple, le désir de se téléporter, d’être immortel.

II-LA QUETE DE L’IMPOSSIBLE UN OBSTACLE AU BOHNEUR

La recherche de l’impossible ne provoque que malheur et désillusion.

Si, comme le suggère Aristote dans l’Ethique, « tous les hommes tendent naturellement vers le bonheur », il pourrait alors sembler absurde de désirer l’impossible. En effet, un tel désir nous condamnerait à l’insatisfaction permanente. Si l’on considère que le bonheur réside dans la tranquillité et la plénitude qui résulte de la satisfaction de tous nos désirs, alors désirer l’impossible nous couperait définitivement du bonheur.

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