Peut-on tout tolérer?
Dissertation : Peut-on tout tolérer?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nina Blancfuney • 16 Décembre 2018 • Dissertation • 2 710 Mots (11 Pages) • 1 542 Vues
La tolérance est le respect de la liberté d’autrui, de ses manières de penser, d’agir, de ses opinions politiques et religieuses. Ainsi, la tolérance est dans un certain sens, l’acceptation de la différence. La tolérance est née au XVIIème siècle et consistait en un idéal humaniste. Le catholicisme est alors obligé de cohabiter avec le protestantisme. Si au tout début l’idéal de la tolérance résidait donc dans la coexistence pacifique de deux religions, aujourd’hui, la tolérance a quitté la sphère religieuse. Sa définition est désormais assez floue et la notion même de tolérance a perdu de sa cohérence. Aujourd’hui, on parle de tolérance pour les choses les moins importantes – on tolère une couleur de cheveux, un style vestimentaire- de même que pour les domaines plus délicats où le débat reste tendu comme tolérer les migrants ou le racisme.
Il est alors juste de se demander : « peut-on tout tolérer ? ». Ici, « pouvoir » fait appel tant à une obligation –nous devons, il s’agit d’un devoir- qu’à une capacité : sommes nous capable de le tolérer ?
Ainsi, nous pouvons déjà voir que nous avons une obligation de tout tolérer mais aussi une capacité à tout tolérer qui va faire appel à notre morale. On peut alors se questionner : existe-t-il des limites à notre tolérance ? Peut-on tolérer l’intolérable ? Quelle différence y-a-t’il entre intolérable et intolérance ? Mais, nous verrons également que la tolérance est un principe ambigu et paradoxal où le serpent se mord bien souvent la queue.
La tolérance est un droit, un devoir et un principe. Par devoir nous tolérons tout dans notre société. La tolérance est également un droit dont nous bénéficions et que nous faisons valoir. Mais il s’agit aussi d’un principe. Nous tolérons tout parce que nous en avons l’obligation mais la tolérance ne consiste pas juste en un ordre que nous devons respecter : la tolérance part aussi d’un élan personnel et individuel pour en apprendre toujours plus, qui reflète parfaitement la diversité culturelle et religieuse présente dans notre société.
La tolérance est un droit, inscrit dès 1789 dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Mais si la tolérance consiste à accepter chez autrui une manière différente de penser ou d’agir, tolérer ne signifie pas forcément adhérer à des idéaux qui ne sont pas les nôtres et dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas. Les partis politiques sont un exemple très pertinent de cette diversité d’opinion. Tous les individus n’ont pas le même avis sur un même sujet, politique ou non puisque nous avons tous nos propres convictions : certains peuvent se reconnaître dans un parti politique parce qu’ils y retrouvent leurs idées et convictions, sans forcément être d’accord avec toutes les actions ou manière de penser qui cohabitent à l’intérieur de ce même parti. D’un point de vue un peu moins général, on pourrait citer la montée du FN. Quand quelqu’un choisit d’adhérer à ce parti, d’autres peuvent être totalement contre ce dernier qu’ils considèrent comme étant raciste ou intolérant à l’égard de certains groupes religieux. Pour autant, ils tolèrent ce mouvement qu’ils n’approuvent guère. C’est la tolérance qui nous pousse à accepter une telle divergence d’opinion. De plus, il convient de se rappeler que toutes les opinions se valent et ont le droit conséquent d’exister. Pour Paul Ricœur, la tolérance demande de nombreux sacrifices : certes nous sommes libres d’avoir nos propres convictions mais nous nous heurtons constamment à l’envie profonde que nous avons de les imposer afin que tous les individus nous entourant adhèrent à nos opinions. On éprouve alors très vite une certaine intolérance face aux pensées d’autrui. Toute la nuance réside ici. De la même manière, Bernard Williams soutient la thèse de monsieur Ricœur. Nous nous devons par exemple d’éprouver de la tolérance envers une autre communauté que la notre, ayant donc des croyances que nous ne reconnaissons pas. La tolérance consiste à abandonner son envie de détruire les opinions adverses tout en restant attaché aux siennes. Or ce sont nos croyances qui nous poussent à vouloir imposer nos convictions et supprimer la différence. La tolérance réside donc dans l’acceptation de valeurs que nous considérons plus ou moins comme incommodantes ; il s’agit également de supporter ou de ne pas interdire ce qu’on désapprouve, sous peine de forcer autrui à admettre quelque chose qu’il réprouve.
Pour Voltaire, comme pour d’autres philosophes, il est capital d’accepter et de tolérer toutes les convictions qu’elles soient religieuses ou athées. En effet, personne ne détient la vérité qui est le but même de la philosophie. Si personne ne la détient pour le moment, on peut assumer qu’elle n’existe pas encore. Or si elle est inexistante, aucune opinion n’est vraie, dans le sens où personne ne peut prendre ses valeurs pour l’unique vérité. Toutes les opinions sont donc fausses et par conséquent se valent toutes et sont bonnes à prendre. Nous avons donc comme devoir de toutes les tolérer afin de se rapprocher le plus possible de la vérité. Celui qui cherche sans arrêt n’a d’autres choix que d’accepter les autres opinions puisqu’il est obligé de penser pour accéder à la vérité. La tolérance se présente alors comme une évidence pour le philosophe. De plus, Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique décrit les Hommes comme « faibles, inconséquents, sujets à la mutabilité et à l’erreur ». Voltaire entend par là que les Hommes peuvent se tromper dans leurs convictions. Toute la tolérance réside alors pour nous à accepter et respecter leurs convictions erronées même si nous ne sommes pas d’accord. Si tous les Hommes ont le même droit à l’erreur, alors il convient d’accorder ce droit à autrui et par conséquent, de tolérer toutes les opinions, mêmes fausses. Nous devons donc ne pas nous comporter en fanatiques et accepter la diversité des opinions afin de mériter à notre tour la tolérance. Si nous n’autorisons pas les opinions d’autrui à être exprimées, nous devenons intolérants et ne possédons plus qu’une seule et unique vision. Cette intolérance va entraîner la naissance de la bêtise, ainsi qu’un enfermement d’esprit qu’éprouvent les régimes totalitaires qui considèrent que les seules valeurs qu’ils proposent sont vraies, mais aussi des conflits puisque c’est dans la nature humaine de réclamer son droit de croyance et d’expression. La tolérance est
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