Peut-on regretter de dire la vérité ?

Peut-on regretter de dire la vérité?

Dans Les fausses Confidences de Marivaux, Dorante, un bourgeois ruiné, décide de révéler la vérité sur les stratagèmes qu’il a utilisés pour séduire Araminte. Il fait cela en connaissance de cause puisque si Aramine décidait de ne pas le pardonner, il se retrouverait seul, rempli de tristesse et de chagrin. Dorante a donc décidé de dire la vérité pour se sentir moralement juste en sachant que cela pourrait lui causer du malheur et donc de regretter potentiellement son choix.

La vérité repose sur la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle elle réfère. C’est un principe objectif qui est donc en adéquation avec la réalité. Elle peut être alors de fait; il y a dès lors une adéquation entre ce qui est et ce qui est dit, ou formelle, elle obéit alors à un raisonnement conforme aux règles de la logique. Il faut aussi distinguer les vérités ou intuitives, qui sont de l’ordre de l’opinion et de la croyance, des vérités objectives, qui s’appuient sur des preuves ou des démonstrations.

Cela nous amène donc à nous poser la question: Peut-on regretter de dire la vérité?

Dans un premier sens, le verbe transitif direct “regretter” présuppose qu’un choix (ou une action) a auparavant été fait et que celui-ci a été le mauvais ou juste mais que cela nous a rempli d’une tristesse due au désir d’une joie passée.

Dans un deuxième sens, regretter de dire la vérité présuppose que l’on exprime du regret à propos du fait que l’on a dit la vérité. Or dire la vérité présuppose que l’on connaît la vérité. Le déterminant démonstratif “la” démontre qu’il existe une seule vérité et qu’elle est absolue. Elle est donc trop vaste pour être connue dans son entièreté.

Dès lors il y a un problème car comment peut-on dire à la fois que l’on peut regretter de dire la vérité et en même temps dire que la vérité est impossible à savoir et donc à être dite.

Pour répondre à ce problème nous verrons que dans un premier temps nous pouvons regretter de dire la vérité. Mais dans un second temps nous verrons qu’il est impossible de dire la vérité.

Dans l'expression “Peut-on regretter de dire la vérité”, le verbe “regretter” est pensable comme médiat .On entend par médiat ce qui est relatif, le sentiment du regret nous vient par l’intermédiaire du fait de dire la vérité. En effet, lorsque l’on s’impose de dire la vérité, on prend un risque. C'est-à-dire le risque que l’autre nous rejette, le risque de se retrouver seul et abandonné. En ce sens, regretter de dire la vérité est l’aboutissement d’un raisonnement qui nous a fait dire la vérité. Le sujet signifie donc que le sujet est l’aboutissement d’une réflexion. Le regret est donc médiat et c’est ce que dit le personnage de Yoda dans l’opus de films intitulés Star Wars lorsqu'il dit “Fais le ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai”. Ici, il présuppose que le choix est médiat puisqu’il laisse à raisonner, le choix est donc aussi l’aboutissement d’une logique, le risque ici est de faire le mauvais choix.

Dans l'expression “Peut-on regretter de dire la vérité”, “dire la vérité” amène à réfléchir au fait de ne pas la dire. D’ailleurs, ne pas dire la vérité amène au mensonge puisque ne pas dire la vérité, c’est la cacher, et la cacher, c’est mentir. Donc mentir est pensable comme cause. On entend par cause ce qui est à la base du raisonnement et ce qui va amener celui-ci. Si notre but est de cacher la vérité, on sait que l’on va utiliser le mensonge. Le plus souvent, le mensonge a pour but de ne pas blesser l’autre, mais en réalité c’est une “fausse bienveillance” puisque la vraie peur vient de nous-même car on ne parvient pas à dire la vérité. En ce sens, ne pas dire la vérité amène au mensonge et celui-ci va permettre d'éviter le face à face avec la vérité (ou le conflit) de façon temporaire. De cette façon, le sujet signifie donc que pour regretter, il faut cacher au moins une partie de la vérité, ce qui nous amène donc à mentir. Il est donc impératif de dire la vérité sinon nous sommes obliger de regretter de dire la vérité.

Dans l’expression “Peut-on regretter de dire la vérité”, “Peut-on” présuppose un choix personnel puisque dans sa définition, “peut-on” équivaut à demander si “on a la possibilité de” ou “a-t-on la capacité réelle

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