Peut on ne pas penser par soi même ?

Dissertation: Peut-on ne pas penser par soi-même ?

Peut-on ne pas penser par soi-même? Penser c’est exercer son entendement et sa raison pour comprendre ce qui constitue la connaissance. C’est réaliser une synthèse plus élevée que la perception, la mémoire ou l’imagination. Penser par soi même se rapproche de la notion de liberté de penser. Une personne qui pense par elle même est capable de décider de ses opinions ainsi que de ses actes. Par définition, ses actes ne sont guidés par nulle autre personne qu’elle même. Penser par soi même est ce qui nous sert à nous démarquer des autres, à se créer une personnalité propre. Cette notion est indispensable pour se définir en tant que personne. Cependant il n’est pas évident de savoir à quel moment telle personne a pensé par elle-même quand on sait que l’on vit dans une société remplie d’influences. Si une personne ne pense pas par elle même il est difficile de la définir comme un sujet pensant. La définition même de sujet pensant est remise en cause, car étant défini par sa conscience et reconnu comme auteur de ses pensées. Une personne ne pensant pas par soi même serait donc plus une chose pensante qu’un sujet pensant. Quel sens devons nous donner à la notion de penser par soi même, notion fondamentale pour définir ce qu’est un sujet pensant et donc qui ramène à la valeur de personne comme irréductible à une chose, dès lorsque cette notion semble impossible à saisir du fait de l’existence de nombreuses influences dans l’environnement du sujet? Nous allons voir premièrement que le sujet peut détenir une conscience immédiate , il n’est alors pas autre chose qu’une suite de pensées. Nous verrons ensuite que le sujet qui est un être conscient de soi détient une pensée réflexive.

Une personne dans sa vie et dans son milieu est soumise à toute sorte d’influences. La société peut parfois lui empêcher de penser par elle-même. Le sujet est défini par son milieu et donc aussi par son environnement. Deux personnes provenant du même endroit sont plus aptes à développer les même pensées. Leurs pensées se trouvent alors définies par leur milieu. Les pensées des personnes habitant la même ville et provenant d’un même milieu social correspondent plus à une opinion commune qu’à une opinion personnelle. Le sujet ne pense donc pas par lui même mais écoute les pensées et les opinions communes qui se développent autour de lui. Le gouvernement peut aussi empêcher au peuple de penser par lui même. Dans les régimes totalitaires le peuple est embrigadé et est obligé d’adhérer à la pensée commune, aux règles soumises par le parti et ne peut pas penser. Dans ces cas, les sujets sont réduits à des choses pensantes plus qu’à des sujets pensants car ils ne sont plus les auteurs de leurs propres pensées, et donc plus capables d’initiatives. Le sujet se défini par une conscience immédiate qui est formé par un flot de pensées immédiates, sans aucune réflexion sur elles.

La thèse du déterminisme appuie ce propos. En effet le déterminisme est une doctrine selon laquelle tout a une cause et dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce qui revient à dire que certaines conditions étant données et connues, les faits qui s’en suivront sont prévisibles avec précision. La nécessité règnerait alors dans l’univers. Le sujet ne peut donc pas penser par lui même si tout est prévu par avance. Cela rejoint le fait que le sujet est déterminé par son milieu, si parce qu’il vient de tel milieu (ce qui correspondrait aux causes) alors il développe telles idées ou opinions que toutes les personnes provenant de ce milieu vont aussi développer (correspondant aux conséquences), alors il ne pense pas par lui même, ces pensées sont prédéterminées.

Penser par soi même est indéniablement lié à ce qu’on appelle le « moi » , mais existe-il vraiment un moi intérieur? une personne qui pense peut elle trouver ce moi intérieur ? Quand une personne pense et réfléchi elle se réfère à des perceptions qu’elle a de ses pensées. Le fait par exemple de penser à des notions comme simplement le chaud ou le froid ou à des sentiments comme l’amour, la haine, nous ramène obligatoirement à des perceptions ou à des sensations. Nos pensées sont

alors des perceptions. Si le sujet ne perçoit plus ou ne sent plus, par exemple lorsqu’il dort, on ne peut plus dire qu’il détient un moi. C’est ce que développe Hume dans son traité de la nature humaine. Si on ne peut plus retrouver ce moi, le sujet perd sa conscience de soi il ne pense donc plus. Cela prouverait alors que le moi (ou la conscience de soi) n’est pas ce qui définit la

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