Peut-on désirer l'impossible ?

Chloé Albrecht T.L                                                                                                  Pour le 05/02/2018

Philosophie

Peut-on désirer l'impossible ?

        Tout d'abord, qu'est ce que le désir ? Le désir est un propre de l'Homme, il est naturel et est la manifestation psychologique et spontanée d'un besoin intense, vital pour nous. L'impossible, lui est par définition quelque chose d'inaccessible, qui ne peut être réalisé ou alors de manière très difficile et pénible. Des désirs qui semblaient à première vue irréalistes, impossibles, n'ont cependant pas étés irréalisables. L'homme a depuis toujours eu le désir de l'impossible : si Christophe Colomb et son équipage  n'avaient pas rêvés de découvrir le monde à leurs risques et périls, ils n'auraient pas découverts l'Amérique. De même pour Armstrong  qui à posé son le premier pas humain sur la lune. Mais cela n'est peut-être pas reproductible pour tous, suivant nos rêves, nos objectifs. Le problème qui se pause est de savoir dans quelle mesure l'on peut désirer l'impossible, et donc si ce désir peut-il être possible, réalisable.

        Peut-on désirer l'impossible ?

        D'abord, désirer l'impossible est absurde puisque le but du désir est d'obtenir une satisfaction. Ensuite, il serait dommage pour l'Homme de s'en tenir au possible. Et enfin, ce qui est serait impossible, ce serait de renoncer au désir.

        Désirer l'impossible est absurde puisque le but du désir est d'obtenir une satisfaction.

         L'impossible est par définition non accessible, désirer l'impossible serait donc une souffrance illimité que l'on s'affligerait.

        En se donnant des désirs impossibles, l'Homme et certain de ne jamais être satisfait puisqu’un désir impossible est par définition un désir qui ne pourra en aucun cas se réaliser. De plus, si ses désirs ne sont jamais satisfaits, il vivra constamment dans la souffrance et dans la frustration : ce qui le rendra aigrit, voir méchant. Il ne connaîtra en l’occurrence jamais le plaisir. Dans ce cas, le désir de l’impossible peut avoir pour fin de nous protéger de la déception en nous évitant de nous confronter à la réalité, donc au pire. Si l'Homme se forçait à désirer l'impossible, il subirait une souffrance sans limite dans laquelle il serait frustré de ne pas parvenir à ses fins : il en deviendrait donc terriblement malheureux. Pour les Stoïciens, il faudrait accepter les choses telles qu'elle sont, car c'est ce qu'elles doivent être.  Pour eux, l'essentiel de leur morale  consisterait à « vivre selon la nature » en se soumettant à l'ordre rationnel du monde, et donc, en quelque sorte, à être un être passif dans le monde dans lequel nous vivons.  

        On ne peut pas désirer l'impossible si l'on sait qu'il est impossible.

        A quoi servirait de désirer l'impossible si l'on sait pertinemment que l'on y parviendra pas ? Cet acharnement serait une perte d'énergie physique et mentale que l'on s'affligerait et dont le résultat en serait une souffrance sans limite. L'impossible est, comme sa définition l'indique, une action non-possible, irréalisable, inaccessible. Il serait donc ridicule de s'acharner, de s'obstiner à atteindre un but que nous ne pouvons atteindre, soit parce qu'il est trop prétentieux, dur à atteindre, ou encore irrationnel. Si l'on sait que nos désirs sont des rêves qui ne pourront jamais être réalité, ceux-ci s'effacent de notre mémoire, en y laissant plus ou moins de remords derrières eux. Comme nous l'approuve Aristote dans l’éthique pour Nicomaque, « tous les hommes tendent naturellement vers le bonheur », il pourrait donc sembler absurde de désirer l'impossible pour sa part.  Tandis que pour les stoïciens, le désir est une maladie de l'âme qu'il faudrait guérir dans la mesure où il nous porte sans cesse à ne pas nous satisfaire de ce qui est.  

        C'est un comportement irrationnel de désirer l'impossible, car l'Homme est un être de désir mais surtout un être de raison.  

        La raison est l'essence de l'Homme : c'est ce qui le distingue des animaux ; c'est pourquoi Aristote dit que l'Homme est un « animal rationel ». Contrairement aux animaux, il a des limites, une raison et donc une morale. Descartes voit l'Homme de cette manière:pour lui, il est gourverné par la raison et est donc maître de lui-même. L'homme est donc un être de désir mais un être de raison avant tout. La puissance humaine a des limites et l'Homme ne peut pas tout accomplir. Désirer l'impossible signifierait vouloir des choses ou des états situés au-delà de nos limites. Elles peuvent être de nature physique : par exemple, les lois de la nature nous empêchent d'espérer survivre à certaines épreuves car la nature aura éternellement le dessus sous nous et sur les actions de l'Homme. Elles peuvent être morales : la moralité nous interdit certains désirs, en particuliers sexuels, certains désirs peuvent être mail-saints, et donc mal vus par la société, voir tabous.  Elles peuvent également être légales : le droit et la loi sanctionnent certains comportements qui pourraient être nuisibles collectivement, « mauvais » pour le groupe. Le droit chercher à nous réprimer, à nous tenir en laisse, pour le bien commun. Elles peuvent être également totalement logiques : certaines choses sont juste irréalisables, comme le désir d'un voyage dans le temps par exemple, ou rêver de l'immortalité... Si l'Homme n'est pas un être de désir mais de raison, c'est bien car il s'est soumis à la raison et à la morale. C'est d'ailleurs ce qu'enseignent de nombreuses religions ou philosophies comme le stoïcisme, le bouddhisme ou la morale chrétienne. Il faudrait donc sélectionner nos désirs comme nous préconise la morale épicurienne. La raison l'emporte donc sur nos désir d’impossible la plupart du temps.

...