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Matérialisme

Fiche : Matérialisme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2020  •  Fiche  •  868 Mots (4 Pages)  •  415 Vues

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Le matérialisme  :

Le matérialisme contrairement à ce que l’on pourrait penser n’est pas une reconnaissance ou une simple glorification des choses encore moins du monde matériel. Le matérialisme tout comme l’idéalisme ( l’idée que le monde n’existe qu’à travers les esprits) est le produit d’une construction, d’une méditation sur le monde. Le matérialisme part du présupposé que tout vient de l’expérience, de ce qui apparaît aux sens et à l’inscription physique du corps dans le monde.

La pensée diderotienne, qui est éminemment scientifique ( une sorte de poésie de la raison), sans y être pour autant inféodée, développe une lecture très originale du monde sensible. En général le monde sensible, qui renvoie à la sensation, à l’expérience, au corporel, se présente comme chaotique et désordonné. C’est l’imagination et la raison qui structurent le monde, donc les puissances de l’esprit. Il s’agit de partir de l’expérience et du flux des impressions pour parvenir à une pensée logique et ordonnée. Or chez Diderot, le sensible se constitue lui-même en lieu de savoir et de certitude. Il y a donc une sorte d’adaptabilité des sens et de l’imagination qui se développent à partir de l’expérience du monde. A l’exemple de l’aveugle ( Lettre sur les aveugles) qui comble sa déficience en développant de grandes capacités d’abstraction. Pour Diderot -et c’est en ce sens qu’il est matérialiste- il y a un savoir pratique, à même les sens qui s’unifient autour de la connaissance des objets et du monde. Un schématisme de l’imagination corporelle, et non de l’imagination pure ( pour reprendre le schématisme kantien, le creuset des concepts).

Ces remarques permettent de mieux rendre compte de la singularité de la pensée de Diderot et du matérialisme développée, un matérialisme qui a pour conséquence de remettre en cause l’idée de dieu, fondement et langage de tous les esprits. La vision de l’aveugle serait donc l’équivalent littéraire d’une expérience de pensée qui aurait d’abord pour objet l’élargissement de la sensibilité et de l’imagination. Par là ce n’est pas seulement la perception des choses qui s’en trouve modifiée mais la pensée tout entière. En effet, l’idée d’ordre admirable cesse d’apparaître comme un a priori ou un préjugé philosophique admissible, ou plutôt elle se révèle être ce qu’elle est, la transposition en langage savant d’une opinion vulgaire, à partir du moment où l’esprit est disposé à penser sur la base de cet énoncé : il n’y a de possibles qu’en réalité et non relativement à nos pouvoirs conceptuels ou selon l’entendement de Dieu. En conséquence, c’est à nous de modifier nos facultés pour imaginer les possibles et les recueillir quand ils se réalisent effectivement.

Dans le Rêve de D’Alembert, Diderot indique très précisément les conditions de cette expérimentation. Elles portent sur le corps et sur les concepts et images :

- les conditions corporelles : autrement dit l’action des affects sur la pensée, le fait que la pensée pense à partir d’affects, s’accompagne d’affects, produit des affects et pense certains affects. Ce que Diderot veut montrer, c’est que la pensée varie en intensité, en acuité, qu’elle s’ouvre plus ou moins, qu’elle voit

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