Les mots et les choses
Cours : Les mots et les choses. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hollygolightly6 • 21 Mars 2021 • Cours • 2 728 Mots (11 Pages) • 668 Vues
Les mots et les choses
Rappel :
Problème du chapitre : la relation entre les mots et les choses qu’ils désignent. Quelle est la nature de cette relation, de cet ordre de dépendance ? Quelle est l’origine d’un mot, d’où provient-il ? Les choses du réel, à l’instar des idées et des sentiments, immatériels, apparaissent-elles en toute clarté car on a le mot pour les désigner ? Les choses dépendent-elles des mots, ou les mots des choses ?
La première réponse (I) : parce que le langage peut avoir différents usages, différentes fonctions, il faut déjà remarquer que les mots ne se contentent pas de décrire, de correspondre à des choses / des objets réels. Le lien entre langage et réalité ne se réduit pas à la description de ce que l’on voit ou sent.
- Le langage peut avoir une fonction esthétique, auquel cas, puisque le langage est la faculté par laquelle on exprime des pensées, on communique des besoins, celui qui fait un usage esthétique des mots se situe « hors du langage » (Sartre) : pour lui les mots SONT des choses, à manier, à travailler, tandis que pour « l’homme du commun », les mots sont domestiqués, utilitaires, dans le mot, on voit déjà la chose (à comparer à Leibniz)
- Le langage peut avoir une fonction de domination : s’il sert à exprimer des pensées, à donner son suffrage, son assentiment (cf : usage du langage dans une démocratie) il sert également à transmettre des ordres, donner des sanctions (cf : usage du langage dans les sociétés primitives que décrit Pierre Clastres). Celui qui manie les mots avec brio, l’expert du langage (le rhéteur, le sophiste) le spécialiste de l’art oratoire, « l’éloquent » pour sa part sait manipuler (lire extrait de Gorgias, Platon)
- Le langage peut avoir une fonction performative : certaines phrases, formules, sont des « événements » : c’est par la parole qu’un événement se donne, aussi parler, ce n’est pas seulement dire le vrai ou le faux, c’est aussi agir (Austin)
[Transition vers le II] Toutefois si le langage exerce sur les choses qu’il entoure un pouvoir sous l’angle de l’évocation, de la domination ou de l’action, il a également, sans doute de façon première, pour fonction de décrire les choses en question : une fonction référentielle ou dénotative. Le langage s’applique aux choses du monde, et c’est pour mieux les manier, les manipuler, agir sur elles que les premiers hommes se sont mis à parler. Dans la constitution d’un lexique (on peut dire aussi d’une « nomenclature »), il semble que les choses priment et nous avons besoin de mots pour décrire les objets qui font le monde.
II – Les choses viennent avant les mots
- La langue est un outil permettant la coopération et le travail
Le langage humain est apparu au cours de l’évolution de notre espèce, sans doute en relation avec l’affirmation et la complexification de nos capacités techniques (c’est-à-dire la multiplication des savoir faire : découper, chasser, cueillir, bâtir) comme l’affirme Leroi-Gourhan dans Le geste et la parole. Parce qu’il en avait les capacités physiques (un larynx), l’homme a pu émettre des sons de plus en plus articulés, et plus il parla, plus il parvint à étendre son emprise sur le monde, en le nommant et en le désignant. Parler correspond, avant toute chose, à transmettre, à dire quelque chose, à quelqu’un, à propos de quelque chose. La première fonction du langage est donc de communiquer, d’accroître le pouvoir de l’homme sur la matière et dans les échanges. La division du travail et des tâches n’a été rendue possible que parce que les hommes se parlaient, étaient à même de décrire leur environnement, d’en séparer les composants sous l’effet généralisant du langage. Il a fallu nommer pour départager. Aussi Bergson dans La Pensée et Le Mouvant fait-il de la communication la « fonction primitive du langage » (dans le texte B souligne que le langage a une fonction sociale, industrielle). Le linguiste Benvéniste résume ainsi toute la nécessité du langage pour les êtres humains : « La société n’est possible que par la langue ». Or il est difficilement imaginable d’imaginer l’humanité survivre si elle n’avait su coopérer, s’organiser en tribu puis société. Par la langue on partage : un espace (peuplé de choses) puis une culture commune.
Quelle est toutefois la nature du lien entre les mots et les choses qu’il nomme ? Chacun n’est pas maître d’appeler toute chose du nom qu’il lui plaît (sans quoi on ne se comprendrait pas) : lorsque nous naissons, les choses sont déjà, dans leur immense majorité, nommées pour nous, originellement le choix des noms des choses ne s’est pas effectué selon un accord essentiel et naturel, mais contingent et arbitraire.
- Le caractère conventionnel du langage
Il n’y a pas pour chaque chose un nom qui lui serait naturellement approprié. La justesse d’un nom résulte d’une convention, d’un accord. Les noms ainsi ne révèlent pas l’essence de la chose ils sont l’oeuvre de l’usage et de la coutume. Le nom est produit par habitude. Les mots sont ainsi également relatifs, ils dépendent, de ceux qui les emploient, ils n’ont aucun caractère d’absolu, et ne s’enracinent pas dans un ordre immuable. Ils peuvent d’ailleurs évoluer. Certains mots perdent leur sens, sont remplacés (ainsi si l’on chauffe toujours les maisons et les logis, on n’appelle plus « calorifère » comme au XIXème siècle mais « radiateur » l’ustensile qui nous permet de le faire).
Pour Cratyle, personnage qui apparaît dans le dialogue éponyme de Platon, il existerait une conformité entre les mots et les choses : le mot, le nom correspond adéquatement à les choses, les mots viendraient imiter, reproduire, mimétisent la chose qu’ils désignent. Effectivement, dans le mot « miaulement », on retrouve le bruit qu’émet le chat, dans « hululer », le son de la chouette… Mais tous les mots ne sont pas, ni des onomatopées, ni formées comme des allitérations. Ainsi faut-il croire avec Hermogène, son adversaire, que la correspondance entre les mots et les choses n’est pas naturelle mais purement conventionnelle : les mots correspondent aux choses, mais sans que les mots ressemblent aux choses qu’ils servent à désigner. Ce sont les hommes qui décident d’associer tel mot avec telle chose et qui aurait établir une association différente. (bien lire le texte) Et comme l’on peut rebaptiser, par commodité, un serviteur, on peut rebaptiser une chose d’un autre mot.
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