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Les humanes

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Par   •  7 Mars 2018  •  Guide pratique  •  2 480 Mots (10 Pages)  •  673 Vues

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HUMANES

Caractère utilisé : l'Adobe Jenson dessiné par Robert Slimbach en 1995.

Les Humanes du xve si鐵le n'existaient qu'en

romain de la graisse normale.

L'italique est apparu au tout d饕ut du xvie si鐵le.

Vers 1469 Les humanes sont les caractères qui procèdent des types, dits «vénitiens », inaugurés à la fin du xve siècle par Nicolas Jenson et son école: qui, renonçant à l'imitation des manuscrits d'écriture «populaire », ou gothique, s'inspirèrent de l'écriture  « humanistique» des érudits qui avaient remis en honneur la caroline du temps de Charlemagne, ancêtre de nos actuels bas de casse [nos minuscules]. Les humanes ont un trait ferme et une allure artisanale où se retrouve le calame du scribe: elles sont solidement campées sur leurs empattements épais. La barre oblique de l'e minuscule est caractéristique, mais ce dernier détail n'est cependant pas suffisant pour inclure parmi les humanes une garalde authentique comme le Bembo [voir le groupe II, ci-contre]. Par contre, elles sont le prototype des demi-gras, et les versions engraissées des autres séries traditionnelles sont à indexer avec « tendance humane ».

[René Ponot] Les empattements des humanes sont courts et épais. Les contrastes entre pleins et déliés sont peu marqués. Leurs capitales sont à la dimension des lettres « longues du haut1». Leurs graisses sont distribuées par rapport à un axe incliné.

Groupe II

GARALDES

Ce nom composé est un hommage aux maîtres de la Renaissance typographique italo-française. Sont classés sous le titre de garaldes les romains qui furent d'un usage exclusif durant l'âge d'or de la typographie classique, depuis Geofroy Tory, puis Garamont et Plantin, jusqu'à William Caslon et aux Elzevier — famille de libraires-imprimeurs [hollandais] du )(vile siècle dont on s'est servi à tort pour baptiser rétrospectivement [dans la seconde partie du xixe siècle] les chefs-d'oeuvre de l'esprit Renaissance. Les garaldes sont l'interprétation royale, humaniste et galante de la graphie latine transposée de la pierre sur le papier. La noblesse des proportions, le galbe des courbes, la gaieté des jambages, la délicatesse incisée de l'empattement en font le chef-d'oeuvre du dessin. Issue, par une autre filiation, de l'élégante cursive de chancellerie, l'italique qui l'accompagne ajoute une note aimable de féminité. Les « grecs » dénotent, avec l'hellénisme, une savante familiarité. [René Ponot] Le nom marie ceux de Claude Garamont et d'Aide Manuce, créateurs des prototypes. Les contrastes entre pleins et déliés des garaldes sont un peu plus marqués que ceux des Humanes, plus élégants. Leurs capitales sont généralement plus courtes que les longues du haut et leurs graisses sont distribuées par rapport à un axe incliné.

Cet Adobe Garamond' est intéressant dans ce sens qu'il a été dessiné à partir de vrais caractères de Claude Garamont', qui ont été fondus exprès sur des matrices d'origine, toujours détenues par le musée Plantin-Moretus, à Anvers. Guillaume Le Bé (1525-1598) — qui fut l'un des élèves de Garamont, son gendre et enfin son héritier — créa la première fonderie de caractères d'imprimerie (1548) et eut, entre autres clients, l'imprimerie de Christophe Plantin, à Anvers. À la mort de Garamont, en 1561, Guillaume Le Bé devint acquéreur des poinçons et de «presque toute» sa fonderie. C'est son fils, Guillaume II Le Bé, qui vendit des matrices (et non plus des caractères finis) du garamond à l'imprimerie Plantin, à partir de 1599.

1. Le patronyme de Claude Garamont, qui est bien français, se termine par un t (comme Dumont, Chaumont, etc.), mais à la Renaissance, la mode étant de latiniser son nom, il se fit appeler Garamondus. Aujourd'hui, ma profession écrit le nom du personnage avec un t (ce qui est normal) et celui du caractère avec un d.

Caractère utilisé : l'Adobe Garamond dessiné par Robert Slimbach en 1989.

Groupe III  

RÉALES

Caractère utilisé:  le Grandjean

qu'on appelle «Romain du Roi».  [Exclusivité de l'Imprimerie nationale.]

 

Ce caractère historique, dont l'Imprimerie nationale possède les poinçons, a été redessiné par Franck Jalleau (voir pages 296 à 299). C'est sa numérisation qui est utilisée ici. (Voir pages 296 à 299.)

 

Le petit ergot horizontal venant à gauche du I [1 minuscule] est une particularité de ce caractère. La raison est pra-tique: il s'agissait d'éviter au typo-graphe, qui distribuait les caractères dans la casse, de confondre ce I minuscule avec le I [i capitale].

 

Le mérite principal de la classification nouvelle est de permettre de donner la place qu'elle mérite à l'une des principales familles typographiques, dont l'importance n'avait jamais été suffisamment reconnue. Elle est la plus féconde, la plus répandue, la plus vivante; la plupart des « labeurs » procèdent d'elle ou s'y apparentent. Néanmoins, faute de pouvoir nommer le groupe des réales, la typographie ne savait au juste où classer des caractères de la valeur du baskerville, des fourniers, des cochins. En France, le système de Thibaudeau, n'ayant rien prévu pour eux, les passait sous silence ; en anglais, des mots vagues tels que «transition, modem », reléguaient dans un no type' s land l'oeuvre majeure du xviiie siècle. La réale incarne l'esprit à la fois rationaliste et réaliste de l'époque encyclopédique. Elle remet au point les caractères existants pour leur donner plus de lisibilité et plus de solidité. En accentuant les gras et les maigres, en calculant les proportions, en remettant à la gravure industrielle ce qui était dévolu à l'artisanat, la réale inaugure la fonderie moderne.

[René Ponot] Les réales, ou caractères des monarchies de droit divin, font la transition entre les garaldes et les didones qui vont suivre. Leurs dessins ne suivent plus le «geste de la main», mais sont réalisés géométriquement. Leur oeil est phis étroit que celui des garaldes. Le contraste pleins /déliés est encore plus marqué. Les empattements sont horizontaux. Les graisses sont distribuées par rapport à un axe généralement quasi vertical.

Groupe IV

DIDONES

Le plus incontestable des styles, le plus personnel, le plus facile à reconnaître. Le vocable qui les définit est un salut à deux œuvres, deux doctrines qui s'interpénètrent trop exactement dans le temps et dans le spirituel pour qu'il soit possible de les envisager séparément. Didot + Bodoni = didones.

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