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Le désir

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Par   •  1 Mai 2018  •  Cours  •  1 830 Mots (8 Pages)  •  600 Vues

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LE DESIR

Introduction

Le désir se manifeste comme une résistance au jugement. Il est irrationnel et exige sa satisfaction. En effet, il tend au plaisir comme à la fin qu’il accompli. Il est l’expérience du manque et du manquement à soi : le sujet perd le contrôle de lui-même. Dans ce face à face avec lui-même, l’homme se révèle dans sa faiblesse car le désir porte atteinte à son sentiment de liberté. Le désir prend et submerge, il envahit. La raison est détrônée par le désir.

Cependant, réduire le désir au rôle de fossoyeur de la raison, c’est méconnaître qu’il y a dans la satisfaction du désir naturel un modèle de raison :

  • Le désir de la chaire est condition de la vie heureuse
  • Dans l’excès ce n’est pas le corps mais la raison qui déraisonne

Les désirs du corps seraient susceptibles de conduire à l’APONIE et à l’ATARAXIE. Le désir, c’est ce qui ramène l’esprit à la raison, par conséquent il s’agit d’établir ce que l’on doit faire de ses désirs.

Le désir est-il dominant ou libérateur ? Il faut savoir si l’humanité de l’homme s’accomplie dans les désirs ou dans leur maîtrise.

Dépression : absence de désirs

Aponie : absence totale de troubles du corps. Elle est associée à l'ataraxie chez le sujet qui atteint l'état de bonheur.

Ataraxie : absence de trouble dans l'âme, quiétude, tranquillité de l'esprit. C'est le but de la sagesse, afin de n'être pas affecté par les aléas du destin.

  1. Nature du désir

Le désir est d’abord pensé sous forme péjorative. Il a la capacité d’ouvrir à la fois les portes du paradis et de l’enfer, d’où la tentation de brider le désir afin de l’assigner à résidence dans le besoin.

  1. Irréductibilité du désir au besoin

Dans sa forme extrême, le désir est passion. Le passionné pâtit de ses émotions. La passion c’est MOI, et c’est plus fort que MOI. La tentation est grande à vouloir contrôler l’élan passionnel : d’où ce rapprochement entre désir et besoin. Le besoin est sobre et mesuré tandis que le désir est démesuré.

Par ailleurs, réduire le désir au besoin, c’est ignorer qu’il manifeste également notre finitude : il témoigne de nos manques : on désir ce que nous n’avons pas.

Le besoin n’a pas de réponse économique qui serait inscrite dans la nature. En revanche, le désir, car il excède toute donnée biologique, interroge la légitimité de ses buts. La frontière entre désir et besoin reste difficile à tracer.

Conséquemment, la distinction entre les désirs naturels et les désirs vains ne saurait tracer une dichotomie claire entre le besoin et la recherche du luxe, car si les désirs nécessaires peuvent s’apparenter au besoin, les désirs liés à la réalisation de notre être tels que la sagesse ou l’amitié, ne sont pas des exigences biologiques. Autrement dit, le vital et le biologique ne se recouvrent pas.

La définition d’une norme naturelle apparaît comme problématique, et finalement, réduire le désir au besoin consisterait à supprimer l’humanité en l’Homme, à promouvoir ses fonctions animales et biologiques. D’ailleurs, si l’instinct animal induit un comportement spécifique, le besoin humain peut être remodelé par l’histoire. Finalement, le besoin ne peut pas constituer un référentiel stable et par ailleurs nous devons remarquer que le désir se déploie d’abord comme un refus du besoin : sous l’influence de l’imagination et de la raison l’homme est cet animal qui ne répond pas nécessairement à l’appel de la nature. En niant l’instinct, il le transforme en désir.

KANT, dans Conjectures sur le début de l’Histoire, analyse le passage de l’instinct sexuel au désir amoureux car il établit que l’homme a pu remarquer que l’excitation sexuelle était capable pour lui de s’accroître et de se prolonger sous l’effet de l’imagination.

Autrement dit, l’homme peut différer sa jouissance et se représenter l’objet amoureux en son absence. Contrairement aux animaux, il évite la satiété liée à une pulsion passagère et par là il connaît des inclinations plus fortes et plus durables ; c’est pourquoi : « Le refus fut l’habile artifice qui conduisit l’homme des excitations purement sensuelles vers des excitations idéales et peu à peu du désir purement animal à l’amour.». L’amour est la ruse de la raison qui dit non.

Comme le désir s’accroit d’autant plus que l’objet est soustrait au sens, il est aisé de comprendre pourquoi la parure fut la première forme de parade amoureuse. L’homme se dérobe à l’instinct et s’éveil au désir que la raison attise par ses refus. L’homme s’affranchit du réflexe par la réflexion.

  1. L’origine du désir

Le désir n’est donc pas lié à l’absence mais à la présence de la raison en nous. On ne désire pas parce que nous sommes vivants mais parce que nous sommes pensants : il n’y a donc pas lieu d’opposer désir et raison puisqu’ils sont issus du même lit. Il s’agit de savoir si le désir est le propre de tout être raisonnable.

Non, un Dieu ne désire rien puisqu’il a et il est tout, sa perfection n’est entravée par aucun manque. Le désir est le privilège d’un être en proie au manque et à l’imperfection. Le désir témoigne d’un défaut d’être.

ARISTOPHANE rapporte sous la forme d’un mythe que la nature de l’Amour témoigne de l’impossibilité de tout discours rationnel.

Nous avons une unique moitié, le fait d’aimer de nouveau balaie les amours du passé, cela apparaît comme une évidence. Le passé ne compte plus, il est effacé. Le manque naît de quelque chose qui nous a été retiré. L’amour recompose l’antique nature, c’est-à-dire que le désire s’achève dans une reconstitution qui doit permettre aux individus de se réaliser pleinement. Si les hommes ont connaissance du désir, c’est qu’ils éprouvent un manque qui souligne que préexiste à ce manque l’objet susceptible de le combler.

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