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La raison et le réel

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Par   •  9 Octobre 2021  •  Cours  •  3 307 Mots (14 Pages)  •  331 Vues

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Séquence 3 – Chapitre 1 : La raison et le réel

La raison permet-elle de connaître le réel ?

Lorsqu’on dit à quelqu’un « sois raisonnable ! », par exemple si cette personne veut manger une plaquette entière de chocolat, on entend par là que cette personne est capable de faire usage de sa raison, de ne pas avoir une conduite irréfléchie. Cela voudrait dire que l’homme est un être disposant d’une raison, capable d’obéir à autre chose que ses sentiments (ici, ses désirs) ou aux influences extérieures. L’homme est rationnel, cela signifie qu’il dispose d’une raison et donc de réflexion logique pour comprendre le monde, et il est également un être raisonnable, car il peut réfléchir pour adopter une attitude jugée convenable.

Au contraire des animaux, l’homme est capable d’utiliser son intelligence pour comprendre le monde. La raison vient du grec logos, qui signifie pensée et parole : parce que nous parlons, nous sommes des êtres pensants et réfléchis. Il semblerait au premier abord que cette raison nous permette de penser le réel. En effet, lorsque quelqu’un « perd la raison », c’est parce qu’il ne comprend plus correctement le réel. La raison semble donc dépendre du réel. Le réel est ce qui est extérieur à nous et s’oppose à la pure pensée. La réalité existe et peut être constatée avec nos cinq sens, en touchant ou regardant les objets. Pour connaître ce réel, l’homme doit l’observer et ensuite le penser, pour en tirer des connaissances. Par exemple, un enfant observe une fleur, puis une deuxième, il réfléchit et en tire l’idée – on appelle cela un concept – de fleur. Connaître signifie créer en soi une idée en adéquation (qui correspond) avec le réel. La question qui se pose est de savoir si nos idées peuvent réellement correspondre au réel.

En effet, l’être humain passe son temps à interpréter – chercher à donner du sens – aux phénomènes qu’il voit. Mais toutes les idées qu’il crée dans son esprit ne correspondent pas forcément à la réalité : par exemple, on peut penser qu’un ami ne nous apprécie plus parce qu’il ne nous adresse pas la parole, alors qu’en réalité il a des problèmes personnels qui le rendent distant. L’homme parfois se trompe dans sa compréhension du réel. Le sujet semble présupposer que notre compréhension du monde ne va pas de soi. Y’a-t-il des situations où l’homme ne se trompe pas ? Comment en être certain ?

On peut définir la raison comme faculté humaine de penser et comprendre le réel, pour distinguer le vrai et le faux, et le bien et le mal. Mais elle a une autre étymologie, en latin raison vient de « ratio », qui signifie calcul. Cela voudrait dire que la raison est un moyen de mesure, un instrument qui attribue des valeurs aux choses. Si on pense que la raison permet effectivement de comprendre le réel, on réduit le réel à ce que peut en dire la logique et la pensée objective (impartiale et distante du sujet et de ses sentiments). Par exemple, notre raison nous permet de savoir si Pierre est plus grand que Paul. Mais peut-on définir Pierre simplement parce qu’il est plus grand ? Cela dit-il quelque chose sur son identité profonde ? De la même manière, est-ce que définir l’amour scientifiquement comme l’action de phéromones (des molécules chimiques) nous explique ce qu’est véritablement l’amour ? Il semblerait que la raison serve à évaluer le réel, à lui donner plus ou moins d’importance, et non pas à le comprendre en profondeur. Nous remettrons en question le présupposé du sujet, en estimant qu’il existe d’autres manières de connaître que la logique pure. Il s’agira donc de comprendre que la raison nous permet de sortir de nos préjugés, mais qu’elle n’est peut-être pas la seule manière de comprendre le réel, et qu’il serait naïf de croire qu’elle est la seule, car le réel ne se réduit pas à la logique.

Nous nous demanderons si la faculté humaine de penser suffit à comprendre le monde, ou si le fait de réduire la connaissance à la logique nous fait manquer une dimension essentielle du réel.

Nous considèrerons tout d’abord le fait que la raison nous permet de sortir de nos illusions, pour nous demander si la raison ne laisse pas de côté une grande partie du réel, afin de comprendre que la raison n’est qu’une manière parmi d’autres de comprendre le monde.

(I – La raison nous permet de sortir de nos illusions)

Nous considèrerons tout d’abord l’idée que la raison nous permet de sortir de nos illusions. Selon le sens commun, le monde est exactement celui qu’il paraît être, il nous est familier et évident à connaître. Lorsqu’on voit un chien, on sait qu’il s’agit d’un chien, notre pensée reflète parfaitement ce que l’on voit. On imagine que « même chose sont le penser et l’être », comme l’exprime le philosophe Parménide dans son poème De la Nature. On a tendance à penser que le réel correspond exactement à ce que nous avons dans l’esprit car nous faisons confiance à nos sens et à ce qu’ils nous renvoient. Pourtant, il arrive parfois que nous nous fassions des idées sur certains objets qui se révèlent inexactes. Nous pouvons penser qu’une personne est sympathique et nous apprécie, alors qu’elle se révèle finalement un jour être une hypocrite. Il semble donc que la présence en nous d’idées n’est pas la garantie que nous percevons correctement le réel. Cela semble signifier que l’homme est parfois en présence d’idées illusoires, qui lui viennent de son imagination (par exemple, le fait de croire qu’une personne a une certaine personnalité en fonction de son apparence) et qui ne correspondent pas au réel.

L’homme a tendance à croire que ce qu’il pense spontanément, ou ce qu’il perçoit par les cinq sens, correspond à la réalité. Pourtant, il ne faut pas confondre les apparences (la surface des choses) avec la réalité (la profondeur des choses). Une personne peut sembler nous mépriser en apparence, parce que secrètement elle nous envie. Ce que les hommes appellent la réalité correspond finalement à l’apparence. Selon Platon, dans l’ « Allégorie de la caverne », les hommes vivent constamment dans l’apparence, ils sont prisonniers du monde sensible (des cinq sens). Le seul moyen de se libérer des illusions de l’apparence consiste à se mettre à utiliser sa raison. Il faut se mettre à penser, remettre en question les apparences pour les dépasser et atteindre les idées véritables. Il appelle « monde des idées » la réalité profonde du réel, les idées intellectuelles et éternelles (l’idée du bien par exemple) qui ne peuvent être comprises

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