« La récolte de la Manne », Nicolas Poussin
Cours : « La récolte de la Manne », Nicolas Poussin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lvhourge • 31 Mars 2022 • Cours • 9 501 Mots (39 Pages) • 448 Vues
L’Art
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« La récolte de la Manne », (150cm/200m), Nicolas Poussin
Contexte :
Ce tableau traite du récit biblique de la chute de la manne : les hébreux quittent l’Égypte ou ils étaient persécutés. Ils se trouvent alors dans le désert, affamé. Dieu décide alors de faire tomber de la manne du ciel pour les nourrir.
Place divine dans le tableau :
Ici l’action de Dieu est à peine montrée, la présence grise dans le ciel montre la présence de la manne dans le ciel, offerte par Dieu lorsque le peuple hébreu quitte l’Égypte, car ils étaient persécutés. Ils sont ainsi dans le désert, affamé. Dieu fait ainsi tomber de la manne du ciel pour les nourrir. En effet, Poussin s’intéresse davantage aux attitudes des personnages, en situation de pénurie.
Contrairement à Poussin, Guido Reni a peint la chute de la Manne où il a choisi d’accorder une grande importance à la présence divine.
Attitudes des personnages :
Poussin a donc choisi de minorer la présence divine afin de privilégier la diversité des réactions humaines face au don de Dieu. Poussin renouvelle ainsi le traitement pictural du thème car il renouvelle un récit historique (ce tableau relève de la peinture d’histoire car à l’époque la bible est un livre historique) sans peindre le même moment que les autres peintres (certaines peignent la chute de la manne et d’autres la récolte…). Ce choix s’explique par le fait que Poussin n’est pas pieux (relation avec Dieu un peu lointaine). En revanche, il est très attentif à la question du choix, la question morale. C’est pour cela qu’il nous représente ici la diversité des comportements humain (dans l’action il y a le choix et la passion) en favorisant la passion humaine. Par ex, la femme en bleu incarne une forme de générosité, de piété. L’homme pieux est un passionné (il est comme ça naturellement) ou un vertueux (par l’attitude des beaux gestes, il en est venu à bien agir) ? L’homme en vert qui aide un vieillard incarne l’espérance, l’entraide (au lieu de manger la manne, il pense à l’autre avant lui) ? Quant à celui qui se jette sur la manne incarne l’égoïsme, la cupidité, l’avarice.
🡪 On a bien différentes passions humaines représentées. L’humanité est racontée sous ses qualités et ses faiblesses
Les hommes prêts de Moise pensent que c’est grâce à Moise que la manne tombe, mais Moise montre le ciel (Dieu) pour leur signaler que c’est grâce à Dieu qu’elle tombe.
- Une contemplation libre mais ordonnée ?
La Liberté était un thème de préoccupation à l’époque car on sentait le besoin de réagir face au déterminisme (pas la vérité ultime de toute chose, il y avait une liberté). Poussin, qui faisait partie de certains cercles ou l’on parlait d’Aristote à Rome. Son œuvre relève ainsi consciemment le défi posé au peintre par la poétique d’Aristote. Elle est une façon pour poussin de montrer qu’il est bien un artiste et non un artisan (à l’époque pas vraiment de différence entre artisan et artiste🡪 écrivain = artiste mais peintre est comme un tailleur de pierre). La Poétique d’Aristote montre que le plaisir du spectateur de théâtre consiste à assister à la représentation des passions sans les éprouver lui-même. On voit bien que le spectacle tragique met en jeu les passions des personnages et que le plaisir du spectateur est de les voir (ces passions) mais souhaite-t-il les éprouver ? Ou son plaisir est-il seulement de les voir représenter : On ne sait pas vraiment. Mais Poussin, s’il veut être un artiste, doit mettre en jeu les passions, tel que l’a dit Aristote. Mais pour cela, il faut réaliser une histoire et Poussin a réussi, en donnant un sens pour admirer son œuvre (de gauche à droite puis on remonte etc…). Tout le vocabulaire employé est aristotélicien : la catharsis (purgation de nos passions).
Notion de délectation (plaisir) recherchée chez le spectateur. Quel est le plaisir esthétique quand on regarde un tableau de Poussin ?
Le mot « classique » a été consacré par Stendhal pour définir l’art du 17ème siècle pour désigner l’art qu’il est normal de faire. Cet adjectif vient du mot latin « classis » qui renvoie à la place des citoyens les plus riches. Il y a également l’idée d’une supériorité comme si l’art classique était le meilleur. L’art classique est résumé à travers 4 notions : harmonie, respect des proportions, l’eurythmie (harmonie en mouvement) et la grâce (forme propre de beauté, beauté qui nait de la légèreté, qui nait d’une plénitude de vie, c’est le rayonnement de la vie dans la matière accompagnée d’un sentiment de légèreté).
Problème du classique :
- Imitation de la nature (cad le paysage ou la nature humaine//Molière qui imite la nature humaine qd il représente un personnage avare). Les classiques veulent représenter la « belle nature » cad une nature idéalisée, lui enlever tout ce qu’elle a d’accidentel.
Donc classicisme : doctrine de la nature idéale qui enseigne des personnages idéalisés
2 courants :
- Ceux qui disent qu’il faut prendre les plus belles parties du corps humains pour représenter ou les plus belles rivières et les plus beaux arbres pour représenter des paysages, et on rassemble les éléments pour faire le modèle idéal.
- Ceux qui affirment qu’il faut choisir le modèle le plus parfait en s’inspirant de l’art grecque, imiter l’Antique. Il y a alors le risque que cela tombe dans « l’étouffant » qui empêche les artistes d’innover à force d’imiter. Dans L’Œuvre de Zola, le maître corrige le dessin d’un élève en disant que son perso est représenté avec des jambes disharmonieuses mais l’élève ne voit pas le problème 🡪 or il ne fallait pas de défaut : emblématique du divorce entre ceux qui veulent une nature idéale et ceux qui veulent peindre la réalité telle qu’elle est. Imiter ce n’est pas copier, c’est faire à l’identique alors que l’artiste classique ne copie pas la nature.
On dit que les tableaux de Poussin ou de Claude Gellée dit « Le Lorrain », Paysage Pastoral
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🡪 Paysage réconfortant, les 2 personnages appartiennent à la noblesse (on le voit à leurs vêtements) et l’homme séduit la femme avec sa flute.
🡪 Couleurs chaudes réconfortantes et paysage détaillé avec de nombreuses formes arrondies rappelant la douceur.
🡪 Ce paysage suggère un infini qui semble s’échapper au temps, le temps n’est plus une notion réalité, 3 états en même temps : le lever du soleil (matinée), l’après-midi et la fin d’après-midi avec le début du coucher du soleil
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