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La liberté est-elle une illusion ?

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Par   •  5 Décembre 2022  •  Dissertation  •  2 711 Mots (11 Pages)  •  352 Vues

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        Nous pourrions définir spontanément la liberté comme l’état de celui (ou de ce) qui n'est pas soumis une ou des contraintes. D’après cette définition, il ne nous semble pas d’emblée que la liberté soi tune illusion, c’est-à-dire une perception, croyance ou conception erronée, qui ne correspond pas la réalité. En effet, il semble que nous soyons réellement libres de faire ou ne pas faire telle ou telle chose ; nous pouvons par exemple nous saisir d’un objet ou nous déplacer d’un endroit à un autre parce que nous l’avons décidé.

        Toutefois, nous pourrions aussi penser que nous croyons être libres alors qu’en réalité nous contre-sommets sans le savoir, programmés à agir comme ceci ou à penser comme cela. C’est ce que peuvent nous suggérer certaines histoires de sciences fictions, telles que Matrix. Cependant, une histoire fictive ne prouve rien. Soit nous disons que la liberté n’est pas une illusion parce que nous avons l’impression de pouvoir agir et penser de notre propre chef, mais alors qu’est-ce qui pourrait nous empêcher de penser que nous serions peut-être contraints à agir et à penser de telle ou telle façon sans le savoir ? Soit nous disons que la liberté est une illusion parce que nous serions contraints,programmés à agir ou penser de telles ou telles façons, mais alors qu’est ce qui pourrait prouver unetelle thèse ?

        Nous reviendrons dans un premier temps sur les arguments qui peuvent nous conduire à penser que la croyance dans le fait que nous sommes libres n’est pas illusoire. Nous montrerons dans un second temps les limites d’une telle thèse pour souligner que nos actes et nos pensées sont aussi le résultat d’influences extérieures. Dans un troisième temps nous nous efforcerons de dépasser la contradiction apparente entre liberté et déterminisme pour penser une liberté qui ne soit pas illusoire.

        Premièrement, nous pouvons penser que la liberté ne semble pas être une illusion.         Et en premier lieu, l’être humain est libre parce qu’il est doué de raison. Pour expliciter cela, nous pouvons nous pencher sur le texte de Thomas d’Aquin, extrait de Somme théologique. Celui-ci affirme que l’homme possède le libre arbitre et alors, grâce à celui-ci, peut porter un jugement rationnel et donc libre. Pour lui, sans liberté, l’homme n’a pas le libre arbitre. Thomas d’Aquin compare alors l’exemple de la brebis qui fuit le loup, par instinct de survie, instinct animal, tandis que l’homme agit d’après un jugement. Ce jugement libre, d’examiner la situation, lui permet alors de prendre la décision la plus rationnelle vis à vis de la situation. Alors, si l’homme n’était pas libre, il n’aurait donc pas ce libre arbitre de se décider par exemple face au loup, ne peut pas prendre la fuite si il estime que le danger est moindre.
        Par la suite, l’être humain est libre parce qu’il a même la possibilité d’aller contre ce que la raison lui indique. Descartes définit le libre arbitre comme « la puissance positive que nous avons de suivre le pire tout en voyant le meilleur ». On serait libre car on a la conscience de faire le contraire de ce que l’on pense. On a le choix, même de céder à nos émotions et nous sommes libres par nature. Un fumeur est un très bon exemple. Le fumeur sait pertinemment que le tabac nuit à sa santé, grâce à des études scientifiques faites depuis des années, seulement, il va continuer à fumer. Il a le choix de céder aux tentations du tabac, à sa frustration, donc à ses émotions. Par conséquent, le fumeur va à l’encontre de sa raison, et est donc libre de le faire.

        Nous pouvons dire que l’être humain est libre, non seulement parce qu’il est doué de raison, mais aussi parce qu’il peut aller contre ce que la raison lui indique comme ce qu’il doit faire. Ainsi l’être humain semble disposer d’un libre-arbitre, c’est-à-dire d’un pouvoir de choisir ou de ne pas choisir un acte, de choisir entre le bien et le mal, sans ressentir de contrainte.
        
Tous ces arguments renvoient à l’idée que nous avons l’impression ou le sentiment d’être libres, de disposer d’un libre arbitre, parce que nous utilisons notre raison et parce que nous pouvons faire le contraire de ce que notre raison nous indique de faire. Mais cette impression d’être libre, ce sentiment du libre arbitre, suffisent-ils à prouver que nous sommes réellement libres ?

        Toutefois, nous pouvons émettre des réserves sur la pertinence de la thèse que nous venons d’aborder. Alors, le sentiment que nous avons d’être libres peut être illusoire : nous pourrions considérer que l’homme est déterminé à agir et à penser de tells ou telles façons.
        Premièrement, les hommes croient au libre arbitre parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent. Spinoza écrit dans la
Lettre 58 à Schuller que la conscience qu’on a d’être libre, ne suffit pas à prouver que l’on est libre. Rentre alors l’idée de déterminisme, l’idée selon laquelle il n’y a pas d’effet sans cause, que tout ce qui arrive dans l’univers a une cause, et qui est explicable. Tout n’arrive pas par hasard. Tout objet singulier, selon Spinoza, est nécessairement déterminé par une cause extérieure, et agit selon une loi précise et déterminée. Pour résumer, l’homme n’est seulement qu’une pierre avec la conscience qu’il est une pierre. L’homme a la connaissance, la perception des phénomènes extérieurs et intérieurs. Il a conscience, qu’il a conscience. Pourtant, ce n’est pas pour autant qu’il est autant libre seulement car il le désire. Il est contraint d’être libre, car il croit l’être.
        Ensuite, nous pourrions considérer que les pensées et les actes des hommes sont soumis à un déterminisme physique. « L’homme n’est pas un empire dans un empire. » selon Spinoza, dans
Ethique, III, Préface. Pour Spinoza, tout le monde est soumis aux même lois, premièrement par les lois de la nature. Étant là en premier, elle reprend toujours ses droits. Les hommes sont soumis à la faim, au sommeil tous comme les animaux. Si on décide de nos choix, on sous entendu que l’homme est un empire dans un empire, or, il est soumis aux lois de la nature et par conséquent, à un déterminisme physique.

        Également, nous pourrions ensuite considérer que les pensées et les actes des hommes sont soumis à un déterminisme social et économique. Karl Marx a écrit : « Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » dans Contribution à la critique de l’économie politique, « Avant propos ». Pour Marx, la conscience de l’homme est déterminée par sa place dans le rapport de production et dans la société. C’est à dire, qu’en fonction de sa classe sociale, pour Marx la classe ouvrière et la bourgeoisie, l’homme n’aura pas la même façon de penser. Le rapport à l’argent, la misère, ne sera donc pas la même entre un individu au SMIC qui fera attention à ses dépenses, tandis qu’un individu plus aisé qui n’aura  pas cette façon de s’organiser, de penser, vis à vis de l’argent. Alors, la façon de penser des hommes est déterminée par le milieu dans lequel il est né et il évolue. Par exemple, selon l’INSEE, 10 ans après leur entrée en sixième en 2007, 35% des enfants d’ouvriers non qualifiés sont titulaires d’un baccalauréat général ou technologique contre 85 % de titulaires pour des enfants de cadres. Alors, ces statistiques peuvent nous faire déduire aisément qu’en fonction de notre milieu social, nous n’avons pas les même chances de réussites en résultat par les valeurs instruites qui sont différentes. Un enfant de cadre aura été instruit de façon à travailler, à être ambitieux, tandis qu’un enfant d’ouvrier n’aura pas cette ambition venant de ses parents. Donc, les pensées et actes des hommes sont bels et biens soumis à un déterminisme social et économique.

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