LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La liberté, est-ce l’absence de toute contrainte ?

Cours : La liberté, est-ce l’absence de toute contrainte ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2020  •  Cours  •  2 960 Mots (12 Pages)  •  1 680 Vues

Page 1 sur 12

Chapitre 3 : LIBERTÉ et DEVOIR

Question du cours : La liberté, est-ce l’absence de toute contrainte ?

Introduction

L'homme qu’on appelle « libre » ne semble soumis à aucun pouvoir politique, social ou religieux, et agit sans la contrainte de règles qui le limitent. On peut alors dire que l'homme libre fait "ce qu'il veut", c'est-à-dire qu'il n'est soumis à aucune autre volonté que la sienne. Mais l'absence de soumission à une volonté extérieure n'implique pas pour autant qu’on sache ce qu’on veut faire. Il se pourrait très bien que la liberté soit inutile sans certains principes à suivre dans la vie, pour organiser son action. La volonté est la faculté qu'a l'homme à se déterminer à effectuer une action. Dire que je fais ce que je veux, ce n'est pas suffisant : je peux vouloir des choses pour de mauvaises raisons, ou sans raison. Je peux même soumettre ma volonté à autre chose que ma raison : mes émotions, mon caractère. Je ferai donc "ce que je veux", en étant esclave de quelque chose qui en moi me détermine, et qui n'est pas forcément rationnel. Dois-je laisser ma volonté sans règle pour être libre, ou bien peut-il y avoir des contraintes acceptées volontairement ?

I. Être libre, c'est faire ce que l'on veut

I.1. Rien n’empêche mon mouvement

Nous concevons spontanément la liberté comme la capacité de faire ce qu’on veut, comme le fait de ne pas être empêché d’agir. Je n'ai aucune contrainte qui empêche mon mouvement ; on parle alors de définition négative de la liberté, autrement dit une définition qui explique la liberté par l’absence de son contraire, la contrainte. Ce sens, le plus simple et le plus naturel, est celui que retient le philosophe anglais Thomas Hobbes (dans son ouvrage le Léviathan, au XVIIe siècle). La première forme de toute liberté est pour lui la liberté de mouvement : mon corps n'est pas arrêté par un obstacle, il ne rencontre aucune opposition. Hobbes va même jusqu’à dire que le mot « liberté » peut s’appliquer à toute chose naturellement en mouvement qui ne rencontre aucune opposition : ainsi, un animal qui n’est retenu par aucune chaîne est « libre », une rivière qui sort de son lit est « libre » parce qu’elle n’est pas contenue par les rives. Ainsi, dans la conception matérialiste (qui réduit tout à de la matière) de Hobbes, il n’y a pas de différence fondamentale entre la liberté humaine et celle des autres choses. La seule différence relative est que l’homme a des capacités qui lui sont propres : la force et l’intelligence ; ainsi, il est libre quand rien ne vient entraver l’usage de sa force et de son intelligence.

I.2. Les libertés fondamentales

Le problème de la thèse matérialiste de Hobbes, c’est qu’elle ne prend pas assez en compte les spécificités de la liberté humaine. Il semble difficile en effet de considérer que la liberté d’un homme est de même nature que la liberté d’un fleuve sauvage par exemple. C’est que l’homme possède une conscience, et que cette conscience, cette capacité à réfléchir sur ce qu’il fait, rend possible des actions motivées par des choix. Le choix est la capacité à se décider pour une alternative quand plusieurs alternatives sont possibles.

La liberté proprement humaine, si on la définit toujours négativement (c’est-à-dire par son contraire), devient la capacité à ne pas être empêché de faire un choix. C’est cette définition qui va être au fondement du courant de penséee qu’on nomme le libéralisme politique. Le libéralisme politique défend l’idée que le premier rôle d’un pouvoir politique est la protection des libertés individuelles, autrement dit de la capacité de l’individu à choisir ce qu’il veut sans en être empêché. Benjamin Constant, philosophe libéral français du XIXe siècle, dit dans son texte intitulé De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, que les sociétés modernes définissent un certain nombre de libertés fondamentales que l’on doit accorder au citoyen et sur lesquelles l’Etat ne peut pas revenir : la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté de culte, la propriété privée ou même la liberté de s’associer avec d’autres personnes. Pour les Anciens (autrement dit les sociétés de l’Antiquité), l’homme était libre quand il faisait son devoir pour son pays, la liberté était associée à l’honneur ; pour les Modernes, l’individu n’est plus soumis au groupe et sa liberté est conçue de manière individualiste.

I.3. Ne pas nuire à autrui, une première limite à ma liberté ?

Constant n’est pourtant pas naïf : il sait que la liberté de l’individu n’est pas sans limite. Un homme qui ferait n’importe quoi, qui nuirait à la société par son comportement, pourrait être emprisonné par exemple : or l’emprisonnement est une limitation de la liberté de circulation. Le libéralisme ne pose qu’une règle qui limite vraiment la liberté individuelle : c’est le respect de la liberté des autres individus. Si je ne suis pas le seul être humain sur Terre, alors il faut que ma liberté et celle des autres puissent coexister. C’est dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, texte d’inspiration libérale, que l’on trouve cette idée d’une limite de la liberté individuelle :

Article 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Le problème, c’est que rien ne vient prouver pour l’instant que cette obligation de respecter les autres est absolue. Le libéralisme pose le respect de la liberté d’autrui comme principe, mais sans forcément le justifier : si nous avions les moyens de ne pas être punis en nuisant à autrui, qui nous dit que nous le ferions (c’est l’idée du mythe de l’anneau de Gygès) ? Ici, c’est plutôt un principe utile et pas forcément un principe moral : respecter la liberté d’autrui est dans mon intérêt.

Transition : La liberté est conçue comme la capacité de faire un choix délibéré sans être contraint. Mais être libre ne suffit pas forcément : encore faut-il savoir quoi faire de sa liberté. Un homme sans contrainte mais qui ne sait pas ce qu’il veut possède une liberté inutile et capricieuse. Il faudrait savoir s’il est possible de trouver des règles pour maîtriser cette liberté, sans pour autant que ces règles me soient imposées de l’extérieur.

II. L’idée du devoir : les règles de la liberté

II. 1. Qu’est-ce qu’un devoir ?

...

Télécharger au format  txt (18.1 Kb)   pdf (60 Kb)   docx (15.2 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com