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La culture dénature-elle l'homme ?

Dissertation : La culture dénature-elle l'homme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 652 Mots (11 Pages)  •  2 658 Vues

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                Dissertation de philosophie

Sujet : La culture dénature-t-elle l’homme ?

   L’homme pourrait vivre naturellement sans une société qui l’entoure. Mais cela impliquerait qu’il ne vivrait pas bien mais ferait tout pour survivre comme le cas des enfants sauvages qui meurent malgré tout assez jeunes. Ces enfants sont dénués de toute culture. Ils ne semblent pas s’être humanisés, comme s’il n’y avait pas de nature humaine sans culture. Donc vivre à l’état sauvage pourrait nous dénaturer car on manquerait de la présence de la société et donc de la culture. C’est pourquoi nous allons nous demander au contraire si la culture dénature l’homme.

   La culture est l’ensemble de tout ce qui n’est pas naturel ou inné, c’est la négation de la nature. Donc on peut dire que c’est tout ce qui est acquis ou appris au cours du temps. Mais la culture au sens sociologique est également le propre d’une société donnée. Et pour finir la culture est aussi le savoir et l’éducation, c’est-à-dire que l’homme est cultivé. On peut considérer l’homme au sens de l’individu ou au sens de l’espèce toute entière. Enfin le terme dénaturer peut supposer le fait d’enlever, de changer la nature de l’homme dans le sens littéral du terme ou également dans le sens péjoratif c’est à dire que l’homme peut être déshumanisé, animalisé ou même perverti. Ce sujet présuppose que l’homme possède une nature puisqu’on nous demande si l’homme est dénaturé par la culture. Donc on pourrait penser que l’homme ne possède pas de nature. Si au terme de notre réflexion, nous devons conclure que l’éducation est mauvaise pour l’homme et que la société le pervertit alors nous devrons arrêter l’école et sortir de cette société qui peut nous transformer.  

   Nous tenterons, tout d’abord, de démontrer que la société pervertit les hommes qui la compose. Puis dans un second temps, nous verrons que grâce à la civilisation, l’homme a pu sortir du règne naturel que lui confère la nature elle-même. Et enfin, nous analyserons le fait que l’homme n’a pas de nature propre et qu’il se construit à travers la culture.

 

   L’homme se modifie considérablement au cours de son existence et cela est dû en partie à cause de la société qui l’entoure. Nous allons voir deux grandes notions, utilisées par des philosophes, pour montrer que la perversion de l’homme est dûe à la société. On peut notamment parler de la perfectibilité des hommes en tant qu’individu mais aussi en temps qu’espèce. Nous allons aussi voir l’ethnocentrisme qui a été créé suite à l’apparition de plusieurs cultures différentes.

   La notion de perversion est connotée de façon négative. Si la société pervertit vraiment les êtres humains cela voudrait dire qu’elle les modifie de façon assez péjorative. Or on peut démontrer cela avec la notion de perfectibilité analysée par Rousseau, philosophe et humaniste français. La perfectibilité est la capacité que possède l’homme d’acquérir au cours de son existence, individuelle ou collective, des caractéristiques nouvelles. Il acquiert de nouvelles propriétés, facultés. Il n’a pas une nature fixée à l’origine pour toujours.  Rousseau défend la thèse suivante : l’homme n’est pas méchant naturellement mais à cause du contact avec autrui dû à la société inégalitaire et injuste, il le devient. Pour Rousseau l'homme n'est ni bon ni mauvais par nature, il est perfectible. Dans son texte, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau pense que la société nous incite à oublier un des deux sentiments naturels qui est la pitié car dans le meilleur des cas nous oublions les autres individus mais dans le pire on s’en sert pour parvenir à nos fins. La pitié est la répugnance, le dégout vis-à-vis de la souffrance des autres êtres vivants, sans elle on peut tout à fait ignorer les individus qui nous entourent. On peut notamment prendre l’exemple de d’un enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, qui a été animalisé. Les enfants sauvages sont des enfants qui ont été abandonnés très jeunes et qui n’ont jamais eu aucun contact avec un être humain jusqu’à leur découverte. Victor a créé le débat entre deux professeurs : Itard pensait que la solitude de l’enfant a provoqué son idiotie alors que Pinel pensait que Victor était un idiot congénital. Cet enfant a vécu presque toute sa vie à l’état sauvage mais n’est pourtant pas agressif ou méchant. Même si ce n’est pas le cas de tous les enfants sauvages on peut quand même en déduire que la perfectibilité apparait chez l’homme cultivé et peut être néfaste pour celui-ci.

   Pour appuyer la thèse de la perversion de l’homme par la culture nous pouvons analyser la notion d’ethnocentrisme. Ce terme désigne le fait de penser que la société dans laquelle nous vivons est la meilleure, et que toutes les autres cultures devraient vivre comme nous. On sait que l’homme dépend considérablement de la culture or il existe plusieurs cultures humaines, une diversité culturelle, lorsque l’on envisage la culture comme le propre d’une société donnée. Claude Levi-Strauss est le fondateur de l’ethnologie, l’étude des sociétés dites « primitives ». Dans son texte, Race et Histoire, Levi-Strauss pense que l’ethnocentrisme est quelque chose de spontanée. L’homme rejette ce qu’il ne connait pas, ce qui lui est étranger. La première réaction de l’homme face à des coutumes étrangères est soit la moquerie soit la peur, on ressent une menace. L’ethnocentrisme est l’attitude première de tous les hommes, elle est universelle. Par exemple les Grecs de l’Antiquité utilisaient le terme de « barbares » pour désigner tous ceux qui ne parlaient pas le grec, c’était donc une moquerie envers les autres peuples. La barbarie possède trois sens différents, elle peut signifier être proche de la nature ou bien elle représente le rejet des autres ou encore c’est une forme de violence, cruauté indigne de l’humanité. C’est donc dans le deuxième sens que des hommes peuvent l’utiliser ici. Les Européens aussi traitaient les Amérindiens de « sauvages » car ils vivaient dans la forêt. Pour les Européens et les Grecs, ce sont eux les plus cultivés, c’est donc une manière de refuser la diversité culturelle.

   Nous avons vu dans ce premier temps que la société peut pervertir les humains grâce aux notions de perfectibilité et de l’ethnocentrisme. En tout cas c’est ce que pensaient de grands philosophes comme Rousseau et Levi-Strauss. Cependant comme le pense Levi-Strauss, il faut dépasser l’ethnocentrisme, accepter la diversité culturelle et donc accepter l’humanité de l’autre.  Pour contredire cette thèse on pourrait parler d’un fait culturel courant dans le monde entier : il faut manger pour vivre. Mais ce que l’on mange, la façon dont on le mange, l’horaire des repas dépendent pour l’essentiel des habitudes et des traditions de la société à laquelle l’individu appartient. Or pour autant cela ne nuit pas aux êtres humains c’est au contraire une façon de se réunir, d’échanger, de discuter. Donc la culture ne pervertit pas forcement l’homme. Mais nous ne sommes pas devenus cultivés du jour au lendemain, nous étions une espèce animale au début de l’humanité, c’est pourquoi nous allons essayer de démontrer que c’est grâce à la civilisation donc la société que l’homme a pu sortir du règne animal.

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