La culture
Cours : La culture. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Neska • 22 Janvier 2017 • Cours • 4 301 Mots (18 Pages) • 920 Vues
LA CULTURE
- L’opposition Nature/Culture.
- Le critère de la transmission : hérédité biologique vs héritage d’une tradition
« La Nature, c’est tout ce qui est en nous par hérédité biologique ; la Culture, c’est au contraire tout ce que nous tenons de la tradition externe. La Culture ou la civilisation, c’est l’ensemble des coutumes, des croyances, des institutions telles que l’art, le droit, la religion, les techniques, en un mot toutes les habitudes et aptitudes apprises par l’homme en tant que membre d’une société. Il y a donc là, chez l’homme, deux grands ordres de fait. L’un est celui par lequel nous tenons à l’animalité du fait même de notre naissance et des caractéristiques biologiques léguées par nos parents et nos ancêtres. L’autre ordre de faits concerne tout cet univers artificiel qui est celui dans lequel nous vivons en tant que membres d’une société ».
Claude Lévi-Strauss, Entretiens avec Georges Charbonnier, 1959.
Remarques : -Il n’y a pas d’hérédité des caractères acquis : rien de ce que l’homme apprend ne se dépose dans son organisme. (D’un point de vue biologique nous sommes semblables aux hommes de l’antiquité, nous avons la même nature. Il existe certes une évolution des espèces, et donc de l’espèce humaine, mais cette évolution s’inscrit dans une durée beaucoup plus longue que celle de l’histoire des civilisations et des cultures).
-LS expose une thèse sur l’humanité de l’homme. La part héréditaire, biologique, de l’homme ne caractérise pas son humanité mais son animalité : l’homme est d’un point de vue biologique une espèce animale parmi d’autres. C’est donc dans la constitution de cultures que l’homme conquiert son humanité, sa différence spécifique par rapports aux espèces animales. C’est pourquoi le terme de « nature humaine » possède deux sens bien distincts : d’un côté, c’est la nature biologique (l’homme est une espèce animale parmi d’autres– critère de l’interfécondité) ; d’un autre côté, la nature humaine désigne ce qui constitue l’humanité de l’homme, ce qui distingue l’homme des autres espèces – or, il n’y a pas de nature humaine, en ce sens, en dehors de la culture : l’homme ne devient homme que par un processus d’acculturation, que par son intégration à une culture donnée. C’est pourquoi LS est avec Franz Boas, le fondateur de ce que l’on nomme « l’anthropologie culturelle » : tandis que l’anthropologie physique étudie l’homme comme espèce biologique, l’anthropologie culturelle est l’étude de l’humain à travers les différents aspects de la culture (art, technique, religion, droit) et à travers la diversité des cultures elles-mêmes.
- Le critère de l’universel vs la norme.
« Tout ce qui est universel, chez l’homme, relève de l’ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité ; tout ce qui, en revanche, est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier ».
Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, 1947.
Remarques : 1° la nature est chez l’homme ce qui se retrouve identiquement en tous les individus de l’espèce humaine, ce qui est invariable dans le temps et l’espace. La culture est ce qui différencie les hommes les uns des autres. Les cultures sont des systèmes particuliers de « normes », de règles qui s’imposent à nous et que nous intégrons dans notre comportement comme dans notre manière de pensée, du simple fait que nous vivons dans une société donnée – ces règles structurantes sont, selon LS, essentiellement variables.
(Cette thèse est celle du relativisme culturel et soulève le problème de l’existence de valeurs et de normes universelles.)
2° La notion de race.
Pour LS, il y a d’un côté ce qui, en l’homme, relève du biologique et qui est invariable et commun à tous ; et il y a de l’autre côté ce qui est variable et particulier et qui définit la sphère du culturel. Cependant, de nombreux anthropologues avant LS ont tenu à souligner que les hommes se différencient aussi biologiquement parce qu’ils appartiennent à des races distinctes. Et ils ont surtout tenu à expliquer les différences culturelles par ces différences raciales.
Dans Race et histoire (1952), LS a mis les choses au point : « Le péché originel de l’anthropologie consiste dans la confusion entre la notion purement biologique de race et les productions sociologiques et psychologiques des cultures humaines ».
Cette confusion a un effet désastreux : les idéologies racistes et la légitimation par ces idéologies de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. En effet, le racisme est une doctrine qui soutient l’inégalité des races humaines. Ce que l’on sait moins, c’est que Gobineau, le père des théories racistes, ne soutenait pas que les races étaient inégales en valeur absolue, mais simplement diverses dans leurs aptitudes particulières. Le racisme commence non pas quand on établit une hiérarchie entre les races (c’est une conséquence) mais quand on postule que les différences raciales sont les causes des différentes cultures humaines.
Ce postulat est faux :
- la notion biologique de race « est contestée par la génétique moderne » (LS)
- « il y a beaucoup plus de cultures humaines que de races humaines, puisque les unes se comptent par milliers et les autres par unités ; deux cultures élaborées par des hommes appartenant à la même race peuvent différer autant et parfois plus que deux cultures relevant de groupes racialement éloignés » (LS)
- La culture et les cultures
- « La » culture, au singulier, est le processus par lequel l’être humain, tout comme il met en valeur la nature en cultivant la terre pour en récolter les produits, met en valeur ses propres facultés linguistiques, intellectuelles, morales, artistiques. En les développant, en les « cultivant », il fait surgir des langages, des savoirs (techniques, scientifiques, religieux) ou encore des œuvres d’art et il considère ces produits comme la marque même de son humanité.
(NB : Culture vient du latin « colere » qui signifie cultiver et qui désigne d’abord le travail des champs. C’est secondairement qu’il désigne de développement des facultés humaines grâce à des exercices appropriés. En allemand, ce développement est nommé Bildung, littéralement : la formation (individuelle et collective) de l’être humain).
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