L 'Etat
Commentaire de texte : L 'Etat. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar e.gaidet3 • 27 Décembre 2021 • Commentaire de texte • 2 370 Mots (10 Pages) • 421 Vues
On associe souvent la notion de l’État à l’idée de contrainte, parce que l’État gouverne au moyen de lois qui semble priver l’homme de sa liberté. Pour autant, on est d’accord pour admettre que sans État, les hommes n’arriveraient pas à s’entendre et ne seraient pas libres non plus. Il s’agit ici d’une généalogie, d’une démarche qui consiste à remonter dans les faits à un ensemble de causes, amenant Marx à prendre comme objet la philosophie allemande de son temps et essayer de voir le rapport avec ce qu’il appelle la « réalité allemande ». Dans cet extrait de L’idéologie allemande (1845-46) notre auteur aborde le thème de la division du travail, de l’organisme social des rapports d’exploitation et de la domination qui structure son époque. Comment alors comprendre, le fait que c’est la classe dominante qui parvient à imposer ses idées grâce à ses moyens de production ? Ici Marx montre que ceux qui possèdent les facultés de production dominent la société, et avec ces mêmes facultés matériels va la capacité de dominer intellectuellement la société. Les idées suprémacistes d’une époque sont l’expression de la suprématie matérielles d’une classe sociale. Cependant, si les hommes font leur histoire sur la base de conditions économiques qu’ils n’ont pas choisies, et dont ils ne peuvent en aucun cas faire abstraction, ne sont-ils pas alors dépossédés de leur liberté et condamnés fatalement à subir l’histoire ? Prenons l’exemple des hommes en général qui ne font certes pas l’histoire n’importe comment puisque la contradiction entre les rapports de production et les forces productives permet de comprendre le devenir des sociétés humaines. Mais, l’homme, être social, s’enracine dans la production matérielle des choses, serait-il donc abstrait ? La dénonciation d’une philosophie qui se préoccupe d’abord des idées comme illusions et d’une lutte très traditionnelle contre les opinions fausses que les hommes se font d’eux mêmes ressortiront clairement anéanti par l’argumentation de l’auteur. Commençant tout d’abord par exposer la création matérialiste de l’histoire (ligne 1 à 15), il analyse par la suite le matérialisme et la lutte des classes (ligne 16 à 33). Enfin, Marx explique en quoi la production sociale de la conscience met en avant le rôle de l’idéologie justifiant l’ordre social (ligne 34 à 43).
Marx nous explique en quoi des individus déterminés qui ont une activité productive selon un mode déterminé entrent dans des rapports sociaux et politiques déterminés. Les « individus déterminés » sont décrit ici au sens conditionnés dont l’existence résulte d’un déterminisme économique et sociale, c’est à dire que les principes qui consistent à poser qu’il existe entre les événements une relation causale nécessaire. Ce sont des principes au fondement des sciences de la nature ce qui fait qu’en l’appliquant à un être humain, cela revient à une négation du libre arbitre. Le matérialisme déployé dans cette extrait est basé sur le concept de « processus vital » ou tout simplement de « travail ». Il a ainsi plusieurs restrictions que l’on voit avec les nombreuses répétitions de « tel qu’ils...tel qu’ils...tel qu’ils.. ». Cela nous montre qu’en fin de compte l’activité productive définit l’humain qui se doit d’agir « sur des bases et dans des conditions et entre des limites matérielles déterminées, indépendantes de leur volonté ». En effet, prenons l’exemple d’un architecte, concevoir des plans demande un investissement de temps et d’énergie, et nécessite l’apprentissage d’un savoir-faire et l’acquisition de compétences manuelles. Si le but de cette activité est de subvenir à nos besoins, elle nous réalise aussi entre autres en tant qu’humain, c’est-à-dire en tant qu’être capable de produire par lui-même ses propres moyens d’existence nécessaire à sa survie. Par le biais de son activité, l’humain peut s’affranchir de sa condition et se développer en soumettant la nature pour subvenir à ses besoins mais aussi grâce à ces déterminations dans le cadre d’une pensée libre. Ceci, dit cette activité entraîne d’autres besoins qui doivent eux aussi être comblés. Par exemple, si nous reprenons le métier d’architecte, celui-ci décide maintenant de construire ce qu’il a fait sur plan, il lui faut donc de nombreuses mains-d’œuvres afin que ce futur immeuble, maison, etc..ne s’écroule pas : des électriciens, des charpentiers, des menuisiers etc. Ces conditions ne lui sont elles-mêmes accessibles que grâce au travail effectué par d’autres personnes. C’est ce que qualifie Marx dans son texte d’« expression consciente ». Cependant la conscience qui est une faculté de perception réel permettant de s’en forger un représentation, n’est-elle pas cause et produit de l’idéologie ? Chez l’auteur l’idéologie est perçu comme un discours mensongé qui vise à tromper l’homme sur sa vie sociale, notamment dans sa dimension réel, concrète.Sa conception matérialiste de l’histoire dont les deux versants principaux sont d’une part une étude expérimental des déterminants économiques de l’histoire et d’autre part une critique de l’idéologie, montre bien que le mot « indépendant » n’est pas entièrement vrai si « l’expression consciente des rapports réels de ces individus est illusoire ». Mais la conscience est en quelque sorte subjective, voir influencé, c’est une philosophie en soit conditionnée par des choses qu’on ne choisit pas. Ainsi, en revenant à notre exemple, nous voyons que l’activité productive consiste en fait une activité sociale où nous sommes amenés à nous organiser en société, (« organisation sociale »), à vivre en relation avec les autres de telle sorte que l’accumulation de chaque activité productive puisse subvenir aux besoins de tous. La nature sociale du travail implique une organisation de toute cette production, ou, en d’autres mots, le fait que les individus soit interdépendants pour subvenir à leurs besoins implique qu’il faille structurer la société de telle sorte que les besoins de tous puissent être satisfaits. D’où le reproche fait par Marx quand il dit « mode borné d’activité matérielle et de leurs relations sociales limitées qui en découlent » car il veut que chaque individu puisse évolué ensemble. Mais c’est sans compté sur l’histoire et ces changements qui font que les sociétés évoluent et se réorganisent en fonction des demandes et des besoins toujours changeant de la société qui vont révéler la domination de groupes sociaux ou classes sociales sur d’autres.
Marx interroge ensuite le fait que la somme de l’accumulation de l’activité productive de la société serait organisée en fonction des intérêts d’une classe sociale dominante qui aurait le pouvoir de s’accorder la production des autres à son compte, comme nous le décrit Simone Weil dans Expérience de la vie d’usine. Cette capacité d’imposer sa pensée de la part d’une classe sociale provient de la maîtrise des appareils de production. Les classes dominantes possèdent ces moyens de production tandis que les travailleurs sont privés de cette propriété. Ces moyens de production ne sont pas seulement matériels, ils sont aussi idéologiques et intellectuels. Ainsi, l’histoire de la pensée revient à observer la pensée dominante, qui n’est elle même que l’expression de la domination matérielle d’une classe sur une autre. D’où le fait que l’idéologie allemande est simulacre, puisqu’en dépit de toutes les avancées contemporaines sur la puissance du symbolique ou sur le dynamisme de l’imaginaire comme mode spécifique, on semble vouloir rester dans la traditions marxiste, à ne pas sortir de la caverne dans laquelle on se croit libre alors que tous les individus appartiennent à une classe sociale. En d’autres mots, la division du travail suppose la propriété. C’est ce que Marx nomme le « commerce matériel » et la « production intellectuelle ». Au sein d’une société régulée par la division du travail, les deux sont en oppositions si ce n’est ceux qui appartiennent à une classe dites « bourgeoise » puisque dans un autre contexte l’un servira plutôt l’intérêt individuel et l’autre l’intérêt collectif. Il faut d’ailleurs garder à l’esprit que la division du travail représente l’état d’interdépendance des hommes et femmes qui les amène à s’organiser en eux. En effet, dès lors pour survivre, ceux-ci doivent travailler en fonction des besoins exprimés par l’intérêt collectif. Par exemple, être infirmier dans un hôpital revient à faire des sacrifices sur des jours auxquels on avaient envies, pas envies de travailler dans l’intérêt des autres infirmiers. La production amène la structure sociale à organiser les individus de sorte que l’intérêt collectif soit bien servi afin que la classe sociale dominante puisse s’approprier les résultat de l’activité productive des autres individus. Si l’activité productive est ce qui permet aux humains de se libérer des contraintes puisqu’ils sont « conditionnés par le mode de production de leur vie matérielle, par leur commerce matériel » et bien le fait de l’appropriation de leurs travail, empêche précisément cette satisfaction de « liberté », et ceux-ci restent dépendants des structures sociales pour survivre. Ainsi, le travail industriel, les échanges économiques, les théories économiques, les valeurs morales, la création d’œuvres d’arts sont des productions matérielles. Cette partie de l’explication visant les hommes, ne saurait se situer dans la réalité subjective de sa conscience et de ses diverses manifestations par lesquelles il appréhende le monde avec les discours, l’imagination et la représentation. Selon Marx, l’homme est un produit que la nature matérielle. « Par conséquent, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, ne conservent plus leur apparence d'autonomie ». D’où une autre idée importante, qui est que les idées que l’on croit pouvoir rapporter à une conscience supposée libre, sont étroitement la conséquence du « processus vital » et elles n’ont aucune autonomie. La morale, la religion et la métaphysique sont expressément englobées sous une catégorie plus large qu’est l’idéologie. Ainsi l’homme est un être actif qui fait que la « vie » ne serait pas une réalité biologique ? Dans son extrait, il s’agit d’un processus matériel mais historique qui fait que ce n’est pas le corps, mais l’activité sociale qui est en cause. La référence « Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, c'est la vie qui détermine la conscience » nous dit bien ici que le cerveau humain (conscience) ne désigne qu’une condition de possibilité de la pensée et de son activité, celui-ci n’est pas la cause autonome de leur contenu. C’est ainsi que sur la base de la division sociale du travail se crée un antagonisme entre bourgeois et travailleurs où la question de comment un tel système peut-il être toléré ? Va faire rapidement surface.
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