L'objection kantienne
Cours : L'objection kantienne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nova King • 9 Février 2017 • Cours • 533 Mots (3 Pages) • 690 Vues
B) L'objection kantienne : le vivant, qui est autonome, diffère essentiellement de la machine, qui est hétéronome.
(Lecture en classe d'un extrait de la Critique de la faculté de juger.)
Déjà chez Aristote, avant Kant, apparaît l'idée que la notion de matière ne peut se comprendre que conjointement à la notion de forme : toute matière se présente sous une certaine forme, de même que toute forme, pour avoir une existence tangible, doit s'imprimer dans une matière. Or, de ce point de vue, la différence fondamentale entre un corps matériel quelconque et un corps vivant et que, là où une pierre par exemple reçoit sa forme de l'extérieur (par les chocs successifs qu'elle subit, le passage d'un cours d'eau, le maillet d'un sculpteur, etc.), le corps vivant, lui, présente la spécificité de contenir en lui-même sa cause formelle : que ce soit un organisme unicellulaire, un végétal ou un animal, le vivant possède en lui le principe de sa croissance, de son métabolisme ou de sa reproduction. C'est en ce sens qu'on peut dire que le corps matériel quelconque est hétéronome (la cause de sa forme est située à l'extérieur de lui, dans un autre que lui - "hetero-nomos" = qui est régi / qui fonctionne par autre chose que soi) là où le corps vivant est autonome (la cause de sa forme est située en lui - "auto-nomos" = qui est régi / qui fonctionne par soi-même).
C'est précisément ce que pointe le texte de Kant, point par point, pour désavouer le parallèle dressé par Descartes entre l'arbre et la montre :
- "dans une montre, un rouage n'en produit pas un autre..." -> le corps vivant contient en lui le principe de sa croissance ;
- "... et encore moins une montre d'autres montres..." -> le corps vivant contient en lui le principe de sa reproduction ;
- "... en organisant pour cela une autre matière..." -> le corps vivant contient en lui le principe de sa métabolisation ;
- "... elle ne se corrige pas, ne se répare pas." -> le corps vivant contient en lui le principe de sa guérison.
Ces mouvements, le vivant les exécute par lui-même et non sous la pression d'un mouvement donné de l'extérieur.
À quoi l'on serait tenté de répondre que, précisément, l'automate, une fois mis en route, est autonome dans son mouvement et ne nécessite plus d'intervention extérieure, et qu'il ne serait pas même a priori inenvisageable de concevoir des automates capables de se réparer eux-mêmes ou de fabriquer d'autres automates. MAIS, nous dit Kant, l'autonomie d'un tel automate n'est qu'une autonomie en trompe l'oeil, car il resterait cette différence fondamentale avec le vivant que l'automate doit son fonctionnement et sa forme à l'intelligence de l'artisan qui l'a conçu - c'est-à-dire à une intervention extérieure - là où le corps vivant n'a été pensé et conçu par personne. En ceci,
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