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L'anarchisme

Résumé : L'anarchisme. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Octobre 2022  •  Résumé  •  2 198 Mots (9 Pages)  •  394 Vues

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Complément de cours : l’anarchisme

I Origine et principes généraux

Le terme est essentiellement équivoque, eu égard à son étymologie (an : sans, archè : principe). D’un côté, il semble désigner le chaos ou le désordre, et d’un autre, ses partisans peuvent réclamer une société organisée suivant des principes bien définis (d’entraide, de coopération, etc.). Quelques grands noms s’imposent : Max Stirner (1806-1856), Joseph Proudhon (1809-1865), ou Mikhaïl Bakounine (1814-1876). La période historique pendant laquelle ce courant se développe est relative à l’émergence de la figure de l’Etat moderne, qui instaure le triomphe de l’intérêt général sur les intérêts individuels. Il se donne comme garant de l’universalité, en faisant de l’intérêt général le but de toute vie en société (par exemple avec l’instauration des droits de l’homme en France, contre une société de classes qui maintient les privilèges[1]). En quoi cette apparente libération reconduit-elle la servitude de tous ? Pour quelles raisons critiquer le rôle que l’Etat, qui semblait pourtant promettre liberté et justice pour tous ?

Il s’agit pour les anarchistes, d’une part, de dénoncer l’Etat comme représentant les intérêts économiques d’une classe de la société (régime ploutocratique). En effet, l’universalité promise n’a fait que déguiser la poursuite d’une oppression. D’autre part, il s’agit de réhabiliter la liberté de l’individu, soumis au pouvoir de l’Etat, que celui-ci soit une monarchie ou une démocratie. Stirner écrit ainsi, dans L’unique et sa propriété : « L’Etat n’a toujours qu’un seul but, borner, lier, subordonner l’individu, l’assujettir à la chose générale » (p. 241). Que fait l’Etat ? Il dépossède l’individu de son énergie individuelle, l’oblige à participer à une œuvre qui n’est pas la sienne. En ce sens, si je suis absolument libre, je n’ai de devoirs envers autrui ou la société que dans la mesure où j’ai décidé que j’en avais. La morale, la religion, la famille, l’éducation, sont des institutions mises en place pour brider ma volonté et m’en déposséder. En ce sens, les anarchistes critiquent le socialisme et le communisme, qui en réalité opèrent la même aliénation que l’Etat moderne : ils subordonnent l’individu à la communauté (voir le texte de L’idéologie allemande : Marx dit bien que dans le communisme, c’est la société qui règle la production). Bakounine voit ainsi chez Marx (et l’histoire lui donnera en partie raison avec le stalinisme) un nouvel autoritarisme au sein duquel certains individus décideront pour les autres de ce que sera leur bonheur ou leur liberté.

L’anarchisme, dans son versant le plus individualiste, pose toutefois plusieurs problèmes théoriques et pratiques. D’une part, comment concilier l’individualisme radical avec la vie en société ? N’est-on pas voué à sombrer dans le chaos, si je suis aussi libre d’obéir que de ne pas obéir à la société ? D’autre part, quelle forme peut prendre la vie au sein d’une organisation anarchiste, si celle-ci peut concilier individualité et généralité ? Et comment vivre ensemble, s’il l’ « Humanité » n’existe pas, mais qu’il n’y a que des hommes ? Proudhon réfléchit par exemple à certaines formes d’associations ouvrières, qui se fonderont sur une forme d’autogestion, sans que les bénéfices du travail reviennent à des propriétaires bourgeois, comme cela se fait à l’époque[2]. Mais il rencontre plusieurs problèmes liés à la répartition des fruits du travail collectif : comment garantir une égalité de traitement salarial, puisque les travaux effectués ne sont pas tous de la même nature ? D’autre part, dans le cadre d’une économie libéralisée, faut-il indexer les prix des marchandises produites sur ceux de la concurrence ? Soutenant cette dernière solution, il sera critiqué pour cette raison même : cela revient à faire le jeu de l’économie capitaliste.

Si Stirner refuse la  société sous la forme de l’Etat, il reconnaît néanmoins que les individus peuvent se regrouper sous la forme d’ « associations ». Mais le principe de ces associations reste l’individu lui-même : « je préfère avoir à compter avec l’égoïsme des hommes plutôt que sur leur pitié, sur leur compassion, etc. L’égoïste exige la réciprocité (comme tu es pour moi, je dois être pour toi), ne fait rien « gratis » et se laisse gagner et acheter. » (p. 331). Pour garantir la justice des rapports sociaux, il faut donc s’adresser à l’égoïsme des hommes, puisque chacun cherche à être gagnant dans les relations qu’il entretient avec les autres. Les relations sont donc subordonnées à l’utilité, et, en dernière instance, à la liberté individuelle : l’association ne dure qu’autant que j’en ai besoin, elle ne peut devenir une prison à laquelle je dois obéir. L’amour, la charité, la pitié, ne sont que des modes erronés de rapports aux autres, lesquels sont gouvernés par leur intérêt propre : nul n’est capable d’une action désintéressée. On trouve ici en germe l’idée que les relations humaines sont gouvernées par une multiplicité de « contrats » temporaires, dont la seule règle est l’utilité que j’en tire.

II Applications politiques

Ce point restera volontairement court, pour ne pas alourdir la fiche et faire un cours d’histoire. Le livre de Daniel Guéri, L’anarchisme, Folio, 1981, peut être lu pour compléter cette approche.

L’anarchisme, cherchant un débouché politique à ses ambitions, s’est néanmoins affaibli à partir de 1880, au moment de la Première Internationale. D’une part, la rupture avec les communistes, et, d’autre part, l’échec d’une implantation durable dans le mouvement ouvrir les conduisirent à se replier en un mouvement quasi-sectaire[3]. L’anarchisme a pris par la suite diverses formes, dont il serait trop long de donner le détail ici. On peut noter cependant quelques courants principaux : d’abord, l’anarchisme socialiste, qui insiste sur la mise en place de modes de coopération égalitaire, sans passer par l’Etat ou par le capitalisme. Ensuite, l’anarchisme individualiste, plutôt dans la lignée de Stirner, qui met en avant la liberté de choix de l’individu (et qui peut aussi se décliner sous une forme chrétienne : c’est le cas de l’écrivain Léon Tolstoï). Enfin l’anarchisme syndicaliste, qui met au cœur de l’organisation le syndicat, et prône la grève ou le sabotage comme moyens de se réapproprier les outils de production possédés par la bourgeoisie.

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