Faut-il douter de tout ?

En fait, il n’est pas assuré que la vérité puisse s’appuyer sur quelque chose de ferme et échapper au doute. En effet, la vérité peut être trompeuse et nous pouvons accepter des faits qui se révéleront faux. Notre savoir peut être ainsi l’objet d’illusions. Ce que nous savons n’est peut être pas conforme à la vraie connaissance et c’est pour cela que Descartes emploie le doute hyperbolique cartésien dans les Méditations Métaphysiques. Cette méthode vise à abandonner toutes les croyances qu’il a eues jusqu’alors afin “d’établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences”. Pourtant, en usant du doute hyperbolique, il en vient à créer un Malin Génie qui le pousse à douter constamment de tout. En conséquence, le philosophe découvre qu’en doutant il pense, et que s’il pense, il existe et prend conscience de lui, de sa pensée et de son essence. C’est là la première vérité indubitable qui s’appelle le “cogito”. Cette certitude prouve que le doute s’arrête bien quelque part.

De même, Descartes nous conseille dans le Discours de la méthode de ne pas adopter la pratique du doute dans la vie quotidienne. En effet, le doute est un obstacle à la précipitation mais en pratique, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de vivre, il ne faut pas douter. En sommes, dans l’action, il faut se décider et ne pas demeurer dans l’hésitation car nous n’avons pas le temps ; la vie est urgente. Par exemple, si j’ai faim, je ne dois pas douter et remettre mon action à demain. Par conséquent, Descartes affirme que dans le domaine pratique et théorique nous pouvons douter de tout mais le doute permanent est impossible dans l’action. Le doute radical nous ferait basculer dans la folie. Et, même si tous nos fondements sont incertains, il serait impossible de faire comme si tout était faux car sinon, la vie deviendrait elle-même impossible.

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