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Entrée à l'âge adulte

Dissertation : Entrée à l'âge adulte. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2016  •  Dissertation  •  2 065 Mots (9 Pages)  •  808 Vues

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Peut-on se connaître soi-même ?

A l'aube de la majorité, la remise en question est pour l'individu nécessaire à son entrée dans la vie d'adulte. C'est par une meilleure connaissance de lui-même qu'il peut orienter sa vie future. Cette étape essentielle marquant la fin de l'adolescence pose la question : Peut-on se connaître soi-même ? La recherche d'une connaissance de soi passe par l'acquisition d'un savoir sur les différentes dimensions faisant partie intégrante de l'individu. Ostad Elahi définit la connaissance de soi ainsi : "Lorsque l’homme réfléchit à son origine, à sa destination et aux raisons pour lesquelles il se trouve dans ce monde, il est à l’étape de la connaissance de soi". Dès la philosophie antique, la recherche du moi est au centre de l'accès à la sagesse : à la fois admise comme possible mais aussi nécessaire. Cette idée tend à évoluer dans une remise en question des moyens de la connaissance : le "je" serait-il le mieux placer pour se connaître. Enfin, il faut étudier les fondements même de cette connaissance de soi : sur quoi pourrait-elle bien être fondée ?

Sur le fronton du temple de Delphes, dans la Grèce Antique, trônait la célèbre formule : « connais-toi toi-même ». Cette invitation à la connaissance de soi, qui n’est autre qu’un regard rétrospectif de la conscience appliqué à l’homme en tant que sujet, avait toutefois pour but la connaissance du divin. En effet, cette formule était suivie par « et tu connaîtras les dieux ». C’est d’ailleurs une dimension que reprend Spinoza dans Éthique : « Qui se connaît lui-même, et connaît ses affections clairement et distinctement, aime Dieu ». Aussi la connaissance de soi est-elle ouvertement affirmée comme possible dans une recherche de l’accès au divin. En effet, Spinoza affirme dans Œuvres III, Éthique, 5ème partie : De la puissance de l’entendement ou de la liberté de l’homme avance que « puisqu’il n’y a rien d’où ne suive quelque effet et que nous connaissons clairement et distinctement tout ce qui suit d’une idée qui est adéquate en nous, il suit de là que chacun a le pouvoir de se connaître lui-même et de connaître ses affections, sinon absolument, du moins en partie ». C’est cette vision qui est défendue chez les philosophes antiques. La connaissance de soi est une nécessité à la vie bonne, à la vie meilleure et à l’accès au divin. C’est par la connaissance de soi que l’homme se libère : elle est source de liberté. C’est la vision que défend Épicure dans une dimension hédoniste d’association du plaisir au bonheur : l’homme doit retrouver en lui cette sensation originelle qu’est le plaisir. La connaissance de ses désirs donc en quelque sorte ce qui fait « soi » est au centre de la démarche épicurienne afin de mieux les accepter : je ne suis libre que parce que je consens pleinement à tout ce qui m’arrive et c’est la condition au bonheur. Mais là n’est pas la question. Chez les Grecs notamment, la connaissance de soi est essentielle afin d’accéder à la vertu et à la sagesse. Cette vision est reprise au dialogue XII de Charmide de Platon. C’est d’ailleurs ainsi que les Grecs justifient les esclaves : l’homme vertueux doit jouir des plaisirs de la vie et apprendre à se connaître et il a pour cela besoin de temps libre. Toutefois, la formule présentée en introduction met bien en avant que cette connaissance n’est ni innée, ni acquise et qu’il faut sans cesse y travailler. Ce n’est pas une vue immédiate de la conscience que la connaissance de soi mais bien une recherche à entreprendre en vue de mieux se connaître. Il s’agirait donc d’une analyse du moi par le moi. Et c’est là toute la démarche cartésienne. Dans son Discours sur la méthode, il pose comme premier principe l’existence du « je » : « Je pense, donc je suis ». C’est le cogito cartésien qui met en évidence qu’alors même que je peux contester l’existence de toute chose, que ce soit l’existence du monde ou même de mon corps et de moi-même, je ne peux en aucun cas nier l’existence de ma pensée. C’est le point de départ de Descartes. Mais alors que je ne peux nier l’évidence du « je », somme toute générique, il me faut entreprendre la recherche du « moi », qui constitue mon identité propre. Pour Hume d’ailleurs, nous avons à tout moment « la conscience intime de notre moi », sans pour autant le connaître même s’il est rare de remettre en cause sa connaissance de soi-même. Étant moi, je ne peux que me connaître étant donné que je suis moi ! Cette recherche inlassable du moi, car ce moi est changeant, ma connaissance ne peut être que fugace, à un temps donné et arrêté de ma vie, et cette recherche demande donc un travail d’introspection mais aussi d’abstraction, notamment de mon amour-propre, de ma subjectivité, de mes déterminations culturels, sociologiques… Le paradoxe est donc là : alors même que je cherche à me connaître, je crée en réalité cette connaissance pour qu’elle me soit donnée comme telle. Et cette connaissance ne serait alors qu’illusoire. Je ne sais sur moi que ce que je veux bien savoir et que ce qu’il m’est donné à savoir : toute introspection est limitée par l’introspection elle-même. D’ailleurs, comment même accéder à une connaissance de soi alors qu’elle échappe à toute caractérisation et que mes moyens de penser sont limités par l’étroitesse même du langage. Cela rejoint la perspective de l’indicible dont le « moi » ferait peut-être partie… L’introspection est en effet impossible dans toute sa profondeur comme l’a mis en évidence Freud dans sa structure de la conscience et de l’inconscience : le Gardien m’empêche toujours d’accéder à mon inconscient sauf par le rêve. La psychanalyse pourrait donc me permettre d’accéder à une forme de connaissance de moi et notamment des motifs qui déterminent mon être. Néanmoins, si l’on suit les critiques adressées à Freud, ce serait alors réduire mon « moi » à la simple expression de ma libido… Déjà Jung le refusait et plaçait la libido comme expression psychique. De toute façon, la psychanalyse suppose déjà une connaissance de soi par l’autre, quand bien même le psychanalyste cherche à s’effacer au maximum.

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