Du rien peut-il advenir du nouveau?
Dissertation : Du rien peut-il advenir du nouveau?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jasmine Santalucia • 29 Avril 2021 • Dissertation • 3 650 Mots (15 Pages) • 1 860 Vues
V13 PY5/9 : ART, CULTURE ET PSYCHANALYSE
Enseignante : Mme Anne Bourgain
Département de Psychanalyse, UFR 1
MASTER 1, Mention Psychanalyse
1ère session
EAD 2020-2021
SUJET :
DU RIEN PEUT-IL VENIR DU NOUVEAU ?
Devoir présenté par Jasmine Santalucia, numéro étudiant 22013630
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« Comme Lacan l’avait isolé, le désir est foncièrement dans sa phase le plus profonde désir de rien […]. Le désir ne se conclut jamais que sur rien. Le rien est, si l’on veut sa vérité. »[1]
Introduction
Cette citation d’ouverture met en avant le concept du rien. Selon Lacan, et ses prédécesseurs dont Jacques – Alain Miller, le rien serait à considérer comme un manque, une absence de l’objet dont l’on pourrait se satisfaire. Cependant, quand on parle de manque, il serait indispensable d’en spécifier le manque de l'objet a, l'objet constituant le désir et tenant à distance le sujet de sa jouissance. Ainsi l’homme serait – t-il, en constante recherche, de son objet a ? Une recherche inconsciente de combler le Réel ? Cette mise à distance est produite par le sujet de façon inconsciente.
Le terme « venir » est une mise en évidence de ce « va et vient » inconscient du sujet. Selon Lacan, l’inconscient est structuré comme un langage. Pour autant, le sujet ne se mettrait – t-il pas en acte, lors d’une création littéraire par exemple, pour tenter de retrouver ce qui a été refoulé, le langage originaire ?
Toutefois, en quoi cette recherche du rien, amènerait – il a du nouveau ? Nous pouvons émettre l’idée que le rien serait promoteur d’une expérience créative chez l’Homme. Ce serait donc en expérimentant dans le rien que le sujet ressortirait novateur, en proie à la création.
Afin d’expliciter au mieux cette citation, je mettrai en évidence les concepts énoncées ci – dessus.
- L’être humain en quête du Réel
- Le Réel représenté par un trou
Si on considère « le rien » comme un manque, alors l’Homme, en ce qui concerne la théorie freudienne, serait dans une tendance à rechercher l’objet manquant. Lorsque l’on parle d’une tendance, nous pouvons suggérer le processus incoercible de la répétition. La répétition est un processus inconscient par lequel le sujet se placerait, lui – même, dans des situations pénibles afin de reproduire une série d’expériences infantiles sans se rappeler cette origine.
En reprenant le concept de la répétition, Lacan, l’a resitué dans ce qu’il nommerait l’automaton et la tuchê. Il a considéré, dans Le Moi dans la théorie de Freud, que la répétition serait au-delà du principe de plaisir, par conséquent, la répétition n'est pas simplement une conséquence du désir de reproduire ou de retrouver un plaisir perdu. Lacan a repris les termes freudiens en nous disant que la répétition serait à concevoir « dans un processus circulaire de l'échange de la parole, à un circuit symbolique extérieur au sujet, qu'il faut littéralement penser être lié à un certain groupe de support humain » (Lacan, Séminaire sur la "Lettre volée", 1955). Dans cet échange symbolique de paroles, « quelque chose échappe au sujet et continue, revient et trouve son chemin pour revenir » (Lacan, Séminaire sur la "Lettre volée", 1955).
C'est en reprenant les concepts d'Aristote, d'automaton, et de tuchê que Lacan les a insérés dans un paradigme psychanalytique en 1964. Selon l'auteur, l’automaton serait proche de l’arbitraire, Willkür, tandis que la tuchê serait proche du hasard, Zufall (Lacan, Séminaire XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse., 1964). L'automaton appartiendrait au réseau des signifiants, il serait donc un support de la parole et du discours. Le discours aurait une tendance à la répétition sans but. Quant à la tuchê, elle serait la rencontre avec le réel, Lacan nous énonce la tuchê comme « la rencontre en tant qu'elle est manquée, qu'essentiellement elle est la rencontre manquée. » (Lacan, Séminaire sur la "Lettre volée", 1955). Nous voyons donc que le manque serait perçu comme un trou dans le Réel en tant qu’une rencontre manquée. Cette rencontre avec le manque serait marquée par l’accession ou non au désir de l’objet.
- Le manque en tant que désir
Ainsi, le manque serait la condition primaire pour avoir accès au désir. En effet, en prenant le terme étymologique du désir, « desiderare », il signifierait « la constatation de l’absence de ». L’article, Désir et création, de Marion Peruchon et Isabelle Orgiazzi Billon – Galland, nous met en exergue une définition freudienne du désir : « Le désir [partiraient] des besoins ou des pulsions – consiste en un réinvestissement de l’image mnésique ou du souvenir de la perception de l’objet originellement satisfaisant ; ceci en l’absence de l’objet. » (nommée par S. Freud, 1900). Le sujet chercherait à réinvestir l’objet originelle, qui serait appelé par Lacan, l’objet a. Cet objet a est représentée par Lacan comme « objet du désir et objet cause du désir tout à la fois, objet perdu » (et cité par Dor Joël, en 2002). Mais qu’est ce que l’objet originel que tout sujet (incluant les artistes) essaie de retrouver ? Il faudrait d'abord définir l'expérience originaire permettant la satisfaction chez le nourrisson.
Lors de cette première expérience, la satisfaction des besoins ne serait adressée à personne, ce qui irait de soi car l'enfant ne serait pas encore différencié de l'Autre. Avec ceci, et en reprenant les dires de Lacan, dans le Séminaire IV : La relation d'objet :
« Si la demande est induite par le besoin, le désir ne s'installe qu'à partir du moment où la demande s'inscrit elle-même en tant que recherche de la satisfaction première : le désir s'installant entre le besoin et la demande. » (Viens, 2012).
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