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Cours - Le Sujet (TS)

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Par   •  2 Février 2017  •  Cours  •  11 977 Mots (48 Pages)  •  801 Vues

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12.09

LE SUJET

Introduction.

        Pour définir ce qu’est un sujet, il faut commencer par admettre qu’il n’y a de sujet que de sujet humain, comme la démontrer Blaise Pascal (Fr. 1623-1662). La définition de l’Homme suppose de dégager des qualités qui sont propres à l’Homme au sens où elles nous distinguent des animaux. Exemples, le langage, la morale, la conscience de soi, la pensée, la religion ou l’art sont des qualités propres à l’espèce humaine. Ces critères nous permettent d’approcher ce que pourrait être impropre de l’Homme. Mais d’un autre côté, ils ont aussi quelque chose de négatif à cause de leur pluralité. Nous pouvons, par conséquent, légitimement nous demander s’il n’y aurait pas un critère premier et déterminant qui permettrait de définir l’Homme dans son essence.

        La piste du Mythe (Par Platon dans le dialogue appelé Protagoras). Commençons d’abord par présenter le contenu de ce mythe. Les Dieux ont crée le monde et les êtres vivants mais ils s’aperçoivent que ce monde est imparfait, dans le sens où, les êtres vivants sont trop faibles pour survivre. Les Dieux font donc appel à Epiméthée qui va rétablir l’équilibre en donnant à chacune des espèces des qualités qui vont leur permettre d’affronter les forces de la Nature (fourrure, griffes, sabots, crocs…). Arrivé à l’Homme, Epiméthée (= L’Imprévoyant) ne possède plus aucune qualité pour lui. C’est pourquoi il demande de l’aide à Prométhée (= Le Prévoyant) qui va voler pour l’Homme le feu des forges d’Héphaïstos (dieu du feu, de la forge, de la métallurgie et des volcans).

        Nous pouvons ; grâce au contenu, nous pencher sur l’interprétation de ce mythe. Il montre que dès se création, l’Homme est un être à part qui n’est pas au monde de la même manière que les autres êtres vivants. En effet, la possession du feu repose sur une transgression puisqu’il a été volé. Cela montre que dès son origine, l’Homme se définit comme un être de révolte, comme celui qui défie l’ordre de la Nature et l’autorité divine. Cette manière d’être à part vient aussi des qualités (qui qualifient quelqu’un ou quelque chose) paradoxales de la symbolique du feu comme puissance de création et de destruction.    

        La piste de la Paléontologie. L’Homme est apparu il y a plusieurs millions d’années dans la corne de l’Afrique (Ethiopie). La paléontologie explique l’apparition de l’Homme par une grande période de sécheresse qui aurait obligé les premiers « Hommes » à se dresser pour chercher de la nourriture en hauteur. La première figure de l’Homme, avant d’être Sapiens, est Erectus (= qui se dresse). C’est pourquoi, André Leroi-Gourhan (Fr. 1911-1986) dans son livre Le geste et la parole, écrit : « L’Humanité a commencé par les pieds ». Le passage de la quadrupédie à la bipédie a eu trois grandes conséquences morphologiques qui définissent un propre de l’Homme :

                - la libération de la main qui est utilisé comme premier outils permet la naissance de la technique. L’Homme devient Homo Habilis.

                - le renforcement de la colonne vertébrale a pour première conséquence le développement de la boîte crânienne et permet l’apparition de l’intelligence. L’Homme devient Homo Sapiens (= doué de savoir).

                - la modification de la face permet de transformer la gueule en bouche et le cri en langage.

I- La conscience.

        1) La conscience comme propre de l’Homme.

Texte : Préface pour le Traité du vide, Blaise Pascal, 1647. (Cf. doc. 1)

Pascal, 1647

        N’est-ce pas traiter indignement la raison de l’homme1, et la mettre en parallèle avec l’instinct des animaux, puisqu’on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse, au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal ? Les ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu’aujourd’hui, et chacune d’elles forme cet hexagone aussi exactement la première fois que la dernière. Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte2. La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver3 ; et toutes les fois qu’elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque, la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement4, et ne permet pas qu’ils y ajoutent, de peur qu’ils ne passent des limites qu’elle leur a prescrites. Il n’en est pas de même de l’homme, qui n’est produit que pour l’infinité5. Il est dans l’ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s’instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu’il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu’il s’est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu’ils en ont laissés. Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement ; de sorte que les hommes sont aujourd’hui en quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes, s’ils pouvaient avoir vieilli jusqu’à présent, en ajoutant aux connaissances qu’ils avaient celles que leurs études auraient pu leur acquérir à la faveur de tant de siècles. De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun des hommes s’avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l’univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d’une particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement6.

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